Musique

On n’arrête pas la musique !

Le Festival de Saint-Denis a dû annuler son rendez-vous annuel, mais pas question de laisser un virus nous priver de musique ! Durant tout le mois de juillet, il a organisé des concerts dans les parcs départementaux, puis proposé de les écouter en ligne, avant trois concerts exceptionnels à la basilique en septembre.

Ils se promènent tous les quatre en famille, une sortie ensoleillée d’un dimanche de juillet au parc départemental de l’Île-Saint-Denis. Lui dirige la poussette où la petite dernière joue avec son joli ballon attaché à son poignet. À côté, elle ne quitte pas du regard son grand aventurier de six ans, aux prises avec un équipage de pirates imaginaires. Tout est tranquille, mais, cette musique ? Ils la connaissent voyons, c’est…Titanic ! Mais pas joué comme d’habitude, avec air de fanfare non ? Sans plus attendre, notre quatuor d’auditeurs s’approche du kiosque, s’installe dans l’herbe à l’ombre d’un arbre et écoute le Quintet Magnifica jouer un florilège de musiques de films…
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Une heure et demie durant, les musiciens enchaînent les standards du septième art : Il était une fois dans l’Ouest d’Ennio Morricone, La Strada et le Parrain de Nino Rotta, L’Arnaque de Scott Joplin… « C’est un programme que nous aimons jouer pour le grand public, explique Pascal Gonzales, trombone. Pour les passants, les promeneurs dont certains n’étaient pas au courant qu’un concert allait se tenir ici, ce sont des musiques qui tirent l’oreille. Elles parlent à tout le monde !
  Mais cela ne veut pas dire qu’elles soient simples à jouer !
précise Benoît Fourreau, tuba. Elles ne sont pas prévues pour un ensemble de cuivres, il nous a fallu écrire les adaptations pour notre quintet (tuba, cor d’harmonie, trombone à coulisse, trompettes ndlr.). Mais nous nous connaissons bien. Lorsque nous écrivons les adaptations, nous pouvons déjà presque entendre comment chacun de nous va la jouer… »
Le Quintet Magnifica est en effet depuis trente ans une référence parmi les ensembles de cuivres. Chacun de ses membres est habitué aux grands orchestres symphoniques, aux grands chefs… Et cela s’entend. Sous le kiosque, alentours, l’ambiance est détendue, mais le jeu est précis, à la fois net et délicat et la sonorité chaude et claire des cuivres souligne encore les reliefs des airs pourtant si connus.

« C’était très agréable ! s’exclame Marine assise dans l’herbe, en rangeant les biscuits du goûter. On s’attendait à certaines musiques, on en a découvert d’autres…
  En fait
reprend son compagnon Arnaud, il y a certaines musiques qu’on connait, alors qu’on ne connait pas les films, comme celle de l’Italien… Nino Rota !
  Les enfants ont particulièrement apprécié qu’ils présentent leurs instruments précise Marine. Quant à moi j’ai vraiment aimé le clin d’œil à Kurt Weill… Il faudrait d’autres concerts comme cela plus souvent ! »

Nathalie Rappaport, directrice du Festival de Saint-Denis

JPEG - 79.4 kioQuelles ont été les conséquences du confinement pour le Festival de Saint-Denis ?
  Longtemps nous avons cru pouvoir le maintenir. Avec un report tout d’abord en juillet, en jonglant avec les dates, les disponibilités des orchestres, des musiciens, le fait qu’ils soient ou non confinés dans tel ou tel pays… Nous nous sommes aperçus que ce n’était pas possible, alors nous avons envisagé des dates en septembre. Mais là encore, ce n’était malheureusement pas possible. Le Festival dépend de financements publics et aussi privés, nous ne sommes parvenus à réunir que 75% du budget et nous ne pouvions compenser par la billetterie puisque les règles de distanciation sociale nous imposent de réduire le nombre de spectateurs. Et en plus, il n’était pas possible d’organiser nos habituels récitals dans la Maison de la Légion d’honneur, un des éléments essentiels de notre programmation. Donc, il a fallu annuler… Toutes les personnes ayant acheté des billets pour l’édition 2020 pourront faire le choix entre un remboursement, un avoir ou un don.

C’est pour cette raison que vous avez monté ces concerts gratuits durant l’été ?
  Oui, du 21 juin au 19 juillet, nous avons proposé des concerts de proximité » dans les parcs départementaux Georges-Valbon, de l’Île-Saint-Denis et dans trois résidences de Plaine commune (Saint-Denis, Villetaneuse et Pierrefitte-sur-Seine).

Il est également possible d’écouter des concerts en ligne…
  Oui, nous avons capté une des œuvres emblématiques du Festival, Le Chant de la Terre de Mahler, le compositeur le plus régulièrement joué dans la basilique, sa musique convenant si bien à l’acoustique de la grande nef gothique. Pour une fois nous avons eu accès au haut-chœur de la basilique, un lieu très rarement accessible. C’est Maxime Pascal qui dirigeait l’ensemble Le Balcon, avec le ténor Kévin Amiel (nommé dans la catégorie révélation aux Victoires de la musique ndlr.) et le baryton Stéphane Degout qu’on ne présente plus. Le concert du Chant de la Terre est disponible dès maintenant et pour un an sur Culture box et à partir du 15 août sur Mezzo. Et sur notre site il est possible d’écouter des concerts de précédentes éditions, les concerts dans les quartiers, les concerts des orchestres Démos…

Vous avez tout même programmé trois concerts en septembre dans la basilique…
  Oui, nous tenions à remercier ainsi la fidélité de notre public, des bénévoles, de nos partenaires notamment les associations avec lesquelles nous travaillons tout au long de l’année… Et nous faire plaisir à nous tous, nous rassembler autour de la musique ! Les 17, 23 et 30 septembre un programme original avec des croisements de culture et de talents comme nous les aimons : la chanteuse Angélique Kidjo, Alexandre Tharaud au piano, la soprano Julie Fuchs, les trompettes Lucienne Renaudin Vary et Ibrahim Maalouf, Youssou Ndour et l’orchestre nationale d’Île-de-France dirigé par Troy Miller. Et du 1er au 16 octobre, le festival Métis circulera dans toutes les villes de Plaine Commune avec son programme Africa Mix !

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