Rink hockey Noisy-le-Grand

Noisy sans complexes !

Samedi 25 novembre, l’équipe masculine de rink hockey du CS Noisy-le-Grand s’est qualifiée pour les huitièmes de finale de la Coupe d’Europe face aux Anglais de Soham. Un exploit pour ce club d’amateurs qui aime donner du fil à retordre aux professionnels.

Dérapages-freinages, patins qui crissent. Tirs, passes, balle claque sur la crosse. La balustrade résonne sous les chocs et par dessus tout ce bruit, la grosse caisse rythme les cris, les chants des supporters chauffés à blanc, infatigables. Le gymnase de Yvris était une vraie cocotte minute ce samedi 25 novembre. Un seizième de finale de Coupe d’Europe de rink hockey, ça n’arrive pas tous les jours ! Alors tout le petit monde des roulettes s’est donné rendez-vous à Noisy-le-Grand, dans ce gymnase éloigné du centre ville. Les anciens du club sont revenus, mais aussi des adversaires habituels venus de Drancy, de Fontenay-sous-Bois, de Sevran…

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Les Noiséens sont confiants : au match aller, ils ont battu 1-4 les Anglais de Soham. Et la semaine dernière, en championnat de France N1, ils ont contre toute attente battu sèchement 3-0 l’un des leaders du championnat, Quevert. « Quevert est une des rares équipes françaises à employer des joueurs professionnels, y compris des étrangers explique Jean-François Malard, directeur technique de Noisy. C’est la meilleure attaque du championnat, avec le meilleur buteur. Et dans les cages, ils ont le gardien titulaire de l’Argentine, championne du monde en titre. Parvenir à juguler une telle attaque et passer 3 buts à un tel gardien, c’est magnifique ! Le match était grandiose, je ne suis pas démonstratif, mais j’avoue que j’en ai versé une larme... »

Le CS Noisy-le-Grand roller est un club de passionnés, avec le soutien modeste de quelques partenaires privés, celui de la ville et du Département. « Nous n’avons pas les moyens de rémunérer nos joueurs , reprend Jean-François Malard, mais nous les soutenons, les aidons à trouver un logement, un emploi... » Pourtant le club compte trois joueurs venus de nations fortes du rink hockey. L’Espagnol Sergi Barbe voulait vivre une expérience à l’étranger. Le club lui a permis d’obtenir un BPJEPS APT (professorat activité physique pour tous) . Grâce à un emploi aidé, désormais il entraîne l’équipe féminine et travaille à la promotion du club. Dans ses bagages, Sergi a emporté avec lui son copain de toujours, Marc Pujol. Quant au Chilien Benjamin Puentes, lorsqu’il a rejoint la région parisienne pour suivre sa compagne d’alors, il cherchait un club où il se sentirait bien. Depuis il s’est attaché au CS Noisy-le-Grand et particulièrement à l’une de ses joueuses...

Le club mise beaucoup sur son école de patins pour former ses joueurs, comme Anthony Da Costa (22 ans) et Fabien Barengo (21 ans). Deux des artisans de la victoire contre Quevert, que l’entraîneur a préféré mettre au repos aujourd’hui suite à l’encourageante victoire au match aller. Anthony raconte « qu’à sept ans mon instituteur a fait un cycle de hockey à pied. Mon instit, c’était Jean-François Malard. Je l’ai alors suivi au club et je ne l’ai plus quitté ! Le club m’a aidé pour passer mon BPJEPS APT. Désormais je suis salarié du CS Noisy-le-Grand. » Fabien Barengo a commencé encore plus tôt « à 3 ans, à Drancy, pour faire comme mon grand frère qui voulait faire un sport méconnu. A sept ans j’ai rejoint Noisy-le-Grand, pour jouer à un meilleur niveau. Pour ce soir, je suis confiant, je suis sûr que les copains vont nous donner un beau spectacle ! »

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Le match commence, la vitesse est impressionnante, d’un côté comme de l’autre. De chaque côté, cinq joueurs dont un gardien tout caparaçonné, tapi dans son but, à l’affût de la balle. Soham procède en contres tandis que Noisy pose son attaque, fait circuler la balle. Pas trop longtemps tout de même car le tir est obligatoire 45 secondes après avoir récupéré la balle. Le match est équilibré. Noisy manque un pénalty, puis ouvre le score sur une action collective. Le gymnase exulte, mais 15 secondes plus tard Soham égalise ! Le score en reste là lorsque sonne la mi-temps.

Alors que les équipes regagnent les vestiaires, Camélia Cherifi et son partenaire Thomas Picard s’élancent sur la piste. Tous deux ont disputé ensemble les Jeux mondiaux, catégorie patinage artistique à roulettes. Car le club noiséen a également une section artistique et compte même le meilleur patineur français, Pierre Mériel, vice-champion du monde.

La deuxième mi-temps commence et les Noiséens sont confiants. Les Anglais défendent mais sont de moins en moins pressants, franchissent de plus en plus rarement la ligne médiane. Ils vont craquer, c’est sûr. C’est tout d’abord le vétéran Julien Dupré qui fait jouer son expérience et porte le score à 2-1. Une dizaine de secondes plus tard seulement, Mathias Narce trouve aussi le chemin des buts, 3-1. Dans les buts, l’excellent Keven Correia a laissé la place au deuxième gardien Blaise Zervelis, surmotivé à l’idée de jouer un match international. Et à 2 minutes du coup de sifflet final, l’estocade est portée par le Chilien de Noisy, Benjamin Puentes. Score final 4-1.

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Le gymnase vibre sous les sauts, les cris de joie des supporters et des joueurs qui pogottent joyeusement sur le terrain.
Noisy-le-Grand jouera son huitième de finale aller le 9 décembre contre Corregio, un club italien. Encore un tirage a priori favorable car il leur évite les clubs professionnels portugais, espagnols et particulièrement catalans. Alors, Noisy en quart de finale européen ? Pourquoi pas, mais pour cela, allez les soutenir, vous passerez une bonne soirée !

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Anthony Weber, entraîneur-joueur du CS Noisy-le-Grand roller skating

Les Anglais ont bien tenu en première mi-temps. Vous y attendiez-vous ?

"On s’attendait à des joueurs en défense et qui allaient se battre comme des chiens dès qu’ils en auraient l’occasion. C’est ce qui s’est passé, nous devions éviter de nous jeter bêtement vers la cage et nous prendre des contre-attaques. Nous avons plutôt bien réussi, même si nous avons manqué d’efficacité, mais nous sommes parvenus à gérer le match."

Il y a eu effectivement beaucoup de tirs non cadrés, un manque d’efficacité à ce niveau…

"C’est vrai que nous avons eu beaucoup d’occasions et nous ne marquons pas tant que ça. C’est un point à travailler."

Mais vous aviez laissé deux joueurs cadres au repos pour ce match.

"Oui, la saison est longue, avec ce tour de Coupe d’Europe on sera à une trentaine de matches dans la saison. Nous avons donc pris le pari de laisser Anthony Da Costa et Fabien Barengo au repos pour éviter la blessure et qu’ils aient les jambes légères lors de la prochaine échéance. Ça a payé aujourd’hui, c’est l’avantage de disposer d’un grand groupe, homogène."

Cela a permis de faire entrer des joueurs qui ont habituellement peu de temps de jeu, le gardien en particulier…

"Le deuxième gardien ne joue effectivement jamais d’habitude, c’était également l’occasion d’aguerrir le jeune Ugo Grelier, 20 ans…"

Le tirage au sort pour cette Coupe d’Europe vous a été favorable…

"C’est une chance et nous ne l’avons pas ratée ! Nous avons un deuxième club italien à notre portée, je ne dirais pas qu’ils sont plus forts ou plus faibles. Ils sont à notre niveau, à nous de gérer le match comme on sait le faire."

Toutefois l’objectif principal de votre saison, c’est bien le championnat de France ?

"Le but est d’améliorer notre sixième place de l’an passé et d’aller le plus loin possible en Coupe d’Europe. Vivre des moments comme aujourd’hui, c’est vraiment magique mais priorité au championnat."

J’ai entendu que vos entraînements étaient particulièrement longs, plus de deux heures…

"Nous ne disposons pas de la structure comme nous le désirerions, nous n’avons qu’un entraînement avec seulement la D1, sinon nous partageons la piste avec la D3. Nous sommes nombreux et nous n’avons que quatre heures alors qu’il faudrait six à sept heures de patin. Du coup nous avons fait une grosse préparation physique en début de saison qui paye aujourd’hui."

Vous n’êtes pas professionnel, où travaillez-vous ?

"Je suis moniteur de kayak à Champs-sur-Marne, sur la base nautique du Département de la Seine-Saint-Denis."

Le rink hockey, qu’est-ce que c’est ?

Un sport de la famille des hockeys, c’est à dire qu’il se joue avec une crosse, une balle et deux buts. Particularités, il se pratique à l’intérieur à cinq (quatre joueurs de champ et un gardien) sur un terrain comparable à celui de handball mais entouré de balustrades. Le contact est interdit et chaque équipe doit tirer au plus tard 45 secondes après avoir récupéré la balle. Il en résulte un jeu rapide, fait de passes, d’appels de balle, d’esquives et de dribbles, très spectaculaire.
Les nations les plus fortes sont l’Espagne, le Portugal, l’Italie et celles de l’Amérique du sud. Dans ces pays, les équipes sont professionnelles. Mais cela n’a pas empêché l’équipe de France féminine de devenir championne du monde en 2012 avec deux joueuses de Noisy-le-Grand, Tatiana Malard et Vanessa Daribo.

Photos : Sylvain Hitau

Georges Makowski
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