Handball Tremblay-en-France Noisy-le-Grand

Noisy-le-Grand et Tremblay main dans la main

Samedi 19 février, les clubs de Noisy-le-Grand et Tremblay ont organisé une belle fête du handball et de la mixité femmes-hommes au Palais des Sports. Si les filles de Noisy se sont inclinées lourdement face au leader Saint-Amand, les garçons de Tremblay ont eux signé une victoire maîtrisée contre Besançon. Mais l’essentiel était ce soir-là dans les yeux des jeunes qui pétillaient en tribunes.

Juste après le coup de sifflet final, Coura Kanouté, maillot 93 sur le dos, a un peu les yeux dans le vide. La sévère défaite infligée à Noisy-le-Grand par le leader Saint-Amand (21-36) ne peut pas plaire à la compétitrice qu’elle est. En levant les yeux vers les tribunes du Palais des Sports de Tremblay, remplies ce soir-là de jeunes filles et garçons des clubs du 93, la jeune femme, qui a débuté le handball au Bourget à 8 ans, retrouve toutefois le sourire. « C’est super de voir tous ces jeunes, et en particulier ces jeunes filles, dans les gradins. Le sport, c’est synonyme d’épanouissement, à haut niveau ou en loisir. Au moins, on aura fait passer ce message-là ce soir », lâche la jeune demi-centre.

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Et malgré la défaite qui piquait un peu, le bilan de cette soirée hand « made in 93 » organisée conjointement par les garçons de Tremblay et les filles de Noisy-le-Grand était en effet plus que positif. « Ce soir, on mesure le chemin qui reste à faire mais on voit aussi déjà tout le chemin parcouru. Pour nous, il y a un vrai enjeu autour de la féminisation du hand. Car le sport, et tout ce qui va en découler au niveau de l’insertion, de l’éducation, est un vecteur incroyable », soulignait Jean-Christophe Naal, le président de Noisy-le-Grand handball, à propos de cette grande première pour le département.
A l’approche du 8 mars, journée des droits des femmes, ces deux clubs phares du 93, dont les équipes premières évoluent toutes deux en 2e division nationale, avaient en effet pris l’initiative d’unir leurs forces. Sportivement, la situation des deux entités n’est pas tout à fait la même : Tremblay, 5e de Pro Ligue après sa victoire du soir contre Besançon, vise toujours la remontée en 1re division, tandis que Noisy, encore contraint financièrement, n’est pas candidat à la D1 malgré une belle saison. Mais sur le plan des valeurs, les deux clubs parlent le même langage, souhaitant notamment lever certains freins à la pratique du sport qu’on rencontre encore chez les filles (voir encadré).

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Dans les tribunes, les AS de plusieurs collèges comme celle d’Auguste-Delaune à Bobigny, et des jeunes de 6 clubs du département étaient ainsi présents. « C’est la première fois que je vois jouer les Noiséennes et ça montre que c’est possible », remarquait Fanta, U14 au Montreuil handball et inscrite en section sportive au collège Cesaria Evora. La jeune fille, enthousiasmée par l’ambiance, retenait aussi de la soirée la prestation intéressante de... Fanta Diagouraga, meilleure marqueuse du championnat, et demi-centre comme elle.

Acte 2 prévu

Et pendant que Farid Gherram, l’entraîneur des Louves, livrait ses impressions au micro du BTS audiovisuel du lycée Evariste-Galois de Noisy-le-Grand (dans une soirée décidément 100 % 93), c’est ensuite les garçons de Tremblay qui prenaient possession du parquet.

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Pour une soirée plus sereine sur le plan sportif : portés par un excellent Cyril Dumoulin dans les cages et un Matijasevic inspiré à la mène, les Jaune et Bleu auront livré contre Besançon un match maîtrisé. Produisant leur effort en fin de première mi-temps (+7 à la pause), ils géraient ensuite tranquillement leur avance. Avec là encore une belle reconnaissance de la formation made in 93 puisque l’ailier Tahu Lufuanitu, formé à Tremblay, était l’un des meilleurs marqueurs de la soirée. « Ca fait plaisir de voir ces jeunes dans les tribunes. Il y a quelques années, c’est nous qui étions à leur place, et moi aussi je rêvais d’être sur les parquets. Donc rien n’est impossible », se félicitait le jeune homme de 20 ans, qui aura commencé le hand à Livry-Gargan.

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Entre deux selfies et autographes avec le public, l’ex-international Cyril Dumoulin ne disait pas autre chose : « C’est génial de voir deux équipes de haut niveau se réunir ainsi sur un événement. Ce soir, on a vraiment démontré qu’il y avait un énorme potentiel dans le 93 et qu’il n’y a pas à séparer le sport masculin du sport féminin. » Un acte 2 de cette collaboration est du reste déjà prévu à Noisy-le-Grand, cette fois-ci entre les équipes réserves des deux clubs.

Christophe Lehousse
Photos : ©Sylvain Hitau

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Amina Tounkara, la preuve par l’exemple

Samedi soir, elle n’était pas présente sur les parquets pour cause de blessure. Mais la jeune gardienne noiséenne de 23 ans a tout de même suscité les applaudissements. Au cours d’une table ronde sur la féminisation du sport, tenue entre les deux matches, cette étudiante en management international du sport a en effet présenté Hand’Joy, l’association d’inclusion par le sport qu’elle vient de fonder. « Avec d’autres sportives, on se propose d’aller témoigner auprès de classes du département ou aussi sur les réseaux sociaux des difficultés qu’on a pu rencontrer dans notre pratique du sport et des solutions qu’on a pu trouver ». Et la jeune femme, qui a commencé le handball dans le cadre de son collège à Aulnay, d’exposer son cas personnel d’une voix douce : « Mon chemin à moi n’a pas été simple : alors que le hand me plaisait vraiment et que j’avais passé le cap des sélections du pôle fédéral, j’ai dû arrêter parce que mon père considérait qu’une fille n’avait pas à jouer au hand. Pour moi c’était un déchirement. J’ai fini par reprendre contre sa volonté, mais ça m’a beaucoup coûté. A l’époque, j’aurais aimé qu’on me dise : « tu peux y croire, il faut continuer à rêver » », explique celle qui témoignera donc une première fois à Clichy-sous-Bois à l’occasion de la journée du 8 mars.

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