Seine-Saint-Denis 2024 La Courneuve

Nadia Hammaoui conjugue la Seine-Saint-Denis au futur

Formée elle-même quasiment à 100 % en Seine-Saint-Denis, cette institutrice de La Courneuve voit dans la jeunesse de Seine-Saint-Denis un atout et une force considérables. Et attend des Jeux 2024 un juste retour des choses après l’implication des habitants du département. Portrait.

« J’adore ma profession. On peut parler d’une vocation. » On sent Nadia Hammaoui épanouie dans son métier : 16 ans qu’elle est institutrice à l’école Paul-Doumer de La Courneuve et elle n’en changerait pour rien au monde. Cette enseignante dans l’âme se sent bien auprès de ses élèves, qu’elle aime voir s’interroger, s’enthousiasmer, progresser. En un mot grandir.

Bien sûr, elle n’ignore rien des difficultés du métier ni des conditions sociales parfois difficiles de certains de ses élèves. « Certes, les moyens ne sont malheureusement pas les mêmes que dans d’autres départements et on fait parfois face à des situations difficiles. Mais je trouve que les élèves, pour peu qu’on leur propose des choses, sont pleins de ressources, pleins d’énergie et pleins d’idées. » Un exemple parmi tant d’autres : certains des élèves lui reparlent encore de leur visite à la Comédie Française, à l’occasion de la finale des Petits Champions de la lecture – un concours de lecture de textes littéraires – dont un élève de Paul-Doumer était sorti 2e. « Ou bien l’année dernière, où on a présenté un spectacle sur la mythologie qui a dépassé mes attentes », poursuit celle qui a elle-même fait la quasi-totalité de sa scolarité en Seine-Saint-Denis, « école à Aulnay, collège-lycée au Blanc-Mesnil puis fac à Villetaneuse ».

« Le déclic, je l’ai eu au lycée. Là, je me suis souvenue de certains de mes instituteurs à Aulnay-sous-Bois aux Petits Ormes dans le quartier des 3000, de ce qu’ils m’avaient apporté et je me suis dit que je voulais faire comme eux. Aujourd’hui, j’essaie de faire rêver mes élèves comme ils m’ont fait rêver », explique cette femme de 42 ans, elle-même mère de 4 enfants, même s’il faudrait y ajouter tous ses élèves...

Pour cette défenseure du « 93 » - comme elle l’appelle avec fierté - il était donc assez naturel de prendre part à la campagne « Seine-Saint-Denis 2024 », lancée récemment par le Département, qui rappelle le moteur que peut représenter le territoire pour l’Ile-de-France et le pays tout entier.
« J’espère vraiment que les Jeux vont profiter à la Seine-Saint-Denis, insiste à ce sujet Nadia Hammaoui. D’abord, j’espère que la population va vraiment être associée à l’événement. Ce serait incompréhensible qu’après s’être vraiment impliquée pour les obtenir, elle soit laissée à l’écart. Ca veut dire pouvoir y assister, participer à des rencontres avec certaines délégations, d’autres jeunes… », souhaite celle qui a sans doute déjà quelques petites idées derrière la tête. Et pour l’après-JO ? « Je pense qu’il y aura de belles opportunités d’emplois pour nos jeunes. Côté transports, une ville comme la Courneuve devrait par exemple aussi bénéficier de la nouvelle gare des 6-routes (l’une des gares du Grand Paris Express). Après, sur le logement, il faudra être vigilant sur la flambée de l’immobilier qui peut s’ensuivre. Je sais que c’est une des peurs des habitants », fait remarquer l’enseignante.

La conversation téléphonique touche à sa fin parce que l’institutrice, accaparée par l’accompagnement d’une classe de neige, est rappelée par son devoir. Juste le temps d’un dernier coup de gueule bien senti. « Je suis assez agacée par la stigmatisation assez régulière dont est victime la Seine-Saint-Denis. Pour vous donner un exemple, là, on est en classe de neige aux Carroz d’Arâches, dans les Alpes. Et tout le monde loue le comportement de nos élèves… La jeunesse de Seine-Saint-Denis mérite juste qu’on lui donne sa chance » Ce pourrait être une des phrases de la campagne…

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