Moteur ! Filmez comme vous voulez !
Vous avez entre 14 et 22 ans et vous aimez le cinéma ? Vous pouvez relever le défi de l’association Moteur ! jusqu’au 18 mai au soir et réaliser un film d’une minute trente sur la personne qui vous inspire le plus. Prêt·e·s pour tourner ? Moteur !
« Faire un film, ça peut paraître un peu compliqué. On se dit qu’il faut du matériel, un sujet, comment le traiter, dans quels sens les images... » reconnait Grand Corps Malade, slameur dionysien ultra-respecté et réalisateur de La vie scolaire avec Mehdi Idir. Celui qui préside cette année le jury multiplie les conseils et les encouragements. « Le thème, c’est faire un film sur une personne qui t’inspire et tu vas le faire comme pour la remercier. Du matériel, tu en as, tu as un téléphone et on te demande de faire un film d’une minute trente. Il faut juste trouver l’angle original, la bonne manière de rendre hommage à cette personne... À toi de jouer, moteur ! »
Une vidéo pour prendre confiance en soi
Entre 300 et 400 jeunes de toute la France participent chaque année à ce concours de vidéos et mettent en lumière leur famille, leur ami·e·s ou leurs idoles... L’association Moteur ! qui travaille en partenariat avec l’Observatoire de la diversité du CSA, a pour objectif de détecter les futurs réalisateurs et changer le regard du grand public sur la jeunesse des quartiers populaires et des zones rurales.
« Nous souhaitons donner la parole aux jeunes et ce, de manière non intimidante, en allant chercher ceux qui pourraient ne pas se sentir autorisés à s’exprimer » déclare Caroline Sénéclauze, présidente et fondatrice du projet. « Je suis marquée par l’engagement des candidats qui ont proposé de nombreuses vidéos sur le handicap, les migrants, les sans-abris ou l’homosexualité. C’est touchant de constater que malgré un quotidien pas toujours rose, les jeunes ont le goût des autres et de la justice ».
Le projet Moteur ! soucieux du principe de non-discrimination, récompense tous·tes les participant·e·s à leur niveau. Les candidat·e·s non retenu·e·s se voient ainsi offrir un an d’accompagnement scolaire ou pour nombre d’entre eux, des ateliers d’éloquence et de développement personnel, une visite sur les plateaux de TF1, dans les locaux du Youtube Space …
Les 25 lauréat·e·s, habituellement invité·e·s à fouler les marches du festival de Cannes, seront convié·e·s en octobre à un séjour de cinq jours à Paris, achevé par une cérémonie festive en compagnie de personnalités du cinéma.
Un conte de fée moderne pour Anaïs
L’étudiante drancéenne Anaïs Vodouhé a vu sa vie transformée par l’aventure Moteur !. Comme la majorité des candidat·e·s, la jeune fille qui caressait depuis des années l’envie de faire un film, n’avait aucune expérience dans la réalisation.
Elle multiplie les rushs sur son Iphone et choisit de suivre son père à son travail et dans l’appartement « d’une zone hostile communément appelée banlieue », en l’occurrence la cité de l’Abreuvoir à Bobigny. La réalisatrice en herbe brocarde avec humour les clichés patriarcaux d’un père terrorisé à l’idée que sa fille sorte en décolleté. « J’ai voulu faire un clin d’œil à ma vie quotidienne et exprimer ma colère sur l’obligation qu’ont les filles de s’habiller sagement dans les quartiers, même si elles n’en ont pas envie » s’emporte-t-elle.
Les jurés touché·e·s par la fraîcheur de sa vidéo ont invité la jeune fille et 24 autres lauréat·e·s au festival de Cannes. « Une expérience magique ! » selon elle. « On était assis à côté de Cate Blanchett, Kristen Stewart, j’ai pris mon courage à deux mains pour discuter avec la réalisatrice américaine Ava Duvernay… ».
Anaïs, qui achève son master marketing à Sciences Po Paris, fait actuellement un stage chez Sony Pictures, dans le domaine de la distribution de films et espère réaliser plus tard un long métrage sur les banlieues.
Une dizaine de jeunes séquano-dionysien·ne·s ont été comme elle lauréat·e·s du concours depuis sa première édition en 2017. Une partie d’entre eux·elles n’ont pas orienté leur carrière vers le cinéma mais tous·tes sont enchanté·e·s des rencontres et de l’ouverture culturelle permises. Alors, comme le conseille l’humoriste Tristan Lopin, partenaire du concours : « Ne te censure pas. Si tu ne testes pas, quelqu’un le fera à ta place et si tu n’essaies pas, il ne se passera jamais rien. Au pire quoi ? Les trucs qui ne marchent pas, les gens ne s’en souviennent pas ou du moins pas longtemps… Donc, vas-y, fonce ! ».
Crédit-photo : Anaïs Vodouhé et Moteur !
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