Mohamed au concours du Meilleur pâtissier
Dans l’émission télévisée le Meilleur Pâtissier sur M6, Mohamed émerveille les chefs avec ses gâteaux. A 34 ans, cet habitant du Blanc-Mesnil, aimerait ensuite se reconvertir dans la pâtisserie. Interview.
Depuis combien de temps vous intéressez-vous à la pâtisserie ?
Cela fait douze ans que je suis passionné de pâtisserie. En regardant la saison 9 du Meilleur Pâtissier, j’ai eu envie de m’inscrire à l’émission. Aujourd’hui, j’y consacre deux heures par jour et un peu plus le weekend.
Qui vous a inscrit ?
Je me suis inscrit. Et ma femme m’a inscrit. On avait fait deux candidatures. Elle m’a bien motivé. C’est elle qui m’a poussé. Elle a un palais très fin. Elle sait quand ça va et quand ça ne va pas. Elle est plus dure que moi. Elle est très exigeante. C’est ma force, mon pilier.
Vous vivez en Seine-Saint-Denis, vous y travaillez, de quelle manière êtes-vous attaché au département ?
Je l’ai dans mon cœur ma Seine-Saint-Denis. J’y habite depuis 14 ans, d’abord au Bourget, puis au Blanc-Mesnil. Pour moi, c’est le meilleur département. Que ce soit la situation géographique (on a la A1, la A3, l’aéroport à côté, des centres commerciaux, des parcs) que les gens, c’est assez multiculturel, j’aime bien. On est assez catégorisé dans les banlieues, mais ce n’est pas pour ça qu’il n’y a pas des gens qui savent faire des belles choses.
Donnez-moi trois traits de votre caractère qui vous aident dans l’émission ?
Mon côté compétiteur. Lorsque des difficultés se présentent, je ne lâche rien. Je suis aussi très à l’écoute, très attentif aux conseils des chefs. Je suis venu surtout pour apprendre. Je suis aussi très patient. La pâtisserie c’est de la patience, il faut garder son calme, ne pas se précipiter, sinon on fait n’importe quoi. Il vaut mieux même prendre cinq minutes pour souffler un peu… revenir et reprendre.
Vous êtes-vous entrainé pour participer à l’émission ?
C’est à partir du premier confinement que je me suis perfectionné. J’en faisais chaque jour. Je n’avais rien à faire d’autres en fait. Le covid, on ne savait pas ce que c’était, on n’osait pas sortir. A part la télé et manger, il n’y avait rien d’autre à faire. Les chefs nous balançaient des recettes sur Internet, sur les réseaux j’en profitais. Comme la grande majorité des pâtisseries étaient fermées, j’ai commencé à faire des recettes de Conticini, de Pierre Hermé, ça m’enlevait le stress, ça me faisait du bien. Faire de la pâtisserie m’a bien aidé à penser à autre chose pendant le confinement.
Vous avez rencontré la cheffe pâtissière de l’Élysée. Elle a beaucoup apprécié votre dessert.
J’étais très content. Ça m’a donné la confiance en moi. C’était très intimidant. C’est quand même la meilleure pâtissière du monde. J’étais assez ému de la rencontrer.
Vous avez l’air très à l’aise pourtant.
Je prends beaucoup de plaisir à faire cette émission. C’est un endroit formidable, avec du matériel, des ingrédients comme on veut, mais à vrai dire, je suis en stress permanent. Le dispositif de l’émission est impressionnant : les caméras, les journalistes... Et s’exprimer devant une caméra, c’est un exercice.
Qu’est-ce qui est le plus stressant ?
La gestion du temps. On vous donne deux heures pour faire un gâteau et vous avez l’impression que ce sont vingt minutes. La dégustation est aussi un moment très stressant pour moi, le fait d’attendre le verdict. Ils mangent, ils vous regardent. Ce ne sont que quelques secondes mais c’est très angoissant. On a peur de décevoir.
Vous resterez en contact avec d’autres candidats ?
Avant d’être inscrit dans cette émission, je n’avais jamais rencontré de passionnés de pâtisserie. C’est bien de partager avec des gens qui ont la même passion. Mes potes ne sont pas du tout dans ce délire-là. Je vis cette expérience extraordinaire, comme un rêve. C’est une belle aventure, une aventure humaine même.
Souhaitez-vous faire de cette passion votre métier ?
Je me suis inscrit à l’émission pour me perfectionner, apprendre auprès de grands chefs et avoir des réponses. Aujourd’hui je fais des gâteaux mais est-ce qu’ils vont plaire à des chefs ? L’idée est qu’ensuite ça devienne un tremplin. Le but est de me lancer professionnellement parlant.
Le jour où vous aurez une pâtisserie, où voulez-vous l’installer ? en Seine-Saint-Denis ?
Ce serait un beau challenge. J’aimerai bien dans le 93 pour faire honneur à la Seine-Saint-Denis mais c’est encore trop tôt pour le dire.
Depuis la diffusion de l’émission, vous êtes reconnu dans la rue ?
Dans le 93, je suis reconnu, même avec le masque. C’est toujours positif. Cela me donne beaucoup de force et ça me touche en fait.
Crédit photo : Marie Etchegoyen, M6.
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