Taekwondo J.O.P Tokyo Epinay-sur-Seine

Médaille de bronze pour Althéa Laurin !

La jeune championne d’Europe de taekwondo d’Epinay-sur-Seine vient mardi 27 juillet de se parer du bronze olympique, dans la catégorie + 67 kg. Elle qu’on imaginait en préparation pour les Jeux de Paris 2024 a pris tout le monde de vitesse.

Déjà, en décembre 2020, elle a surpris tout le taekwondo du vieux continent en devenant à 18 ans pour sa première compétition internationale senior championne d’Europe + 67 kg. Et avec la manière s’il vous plaît, puisqu’elle se paya le luxe de gagner 15-7 en finale contre Nafia Kus, tête de série n°1. Sur sa lancée, en mai, elle a gagné son ticket pour Tokyo en remportant le tournoi de qualification olympique.
Alors, lorsqu’elle annonçait viser l’or olympique, on commençait à la croire... En tout cas, la Courneuvienne Gwladys Epangue (médaillée olympique 2008 et double championne du monde) qui l’entraîna, croyait en ses chances. Elle déclarait avant la compétition : "Grâce à son audace, ça ne m’étonnerait pas qu’elle réussisse à Tokyo…"

Une seule journée pour réussir...

Ce mardi 27 juillet à Tokyo, Althéa allait enfin savoir si toutes ces heures, ces jours, ces mois, ces années d’entraînement porteraient leurs fruits... Car il y en a eu, depuis ses débuts à Epinay-sur-Seine ! "C’était un hasard, à l’école municipale des sports, je voulais faire du karaté, mais je me suis trompée de file et je me suis retrouvée dans celle du taekwondo. Cela m’a plu, alors j’ai décidé de continuer au Taekwondo club spinassien." Elle est bien loin, la petite fille désormais ! Premier tour expédié avec aisance, victoire 21-3 contre la Mexicaine Acosta. Althéa se retrouve ensuite face à un obstacle de taille : Shuyin Zheng, la championne olympique en titre... La jeune Spinassienne ne tremble pas et remporte son combat 14-6. Direction la demi-finale !
Mais là, la Serbe Milica Mandic parvient à gêner le grand gabarit d’Althéa, qui ne trouve pas la solution et s’incline 5-7. Grande déception, mais il faut pourtant se remobiliser. Il reste un combat, celui pour la médaille de bronze.

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Patience, technique et endurance

Cette dernière rencontre ne commence pas au mieux. Son adversaire, l’Ivoirienne Aminata Charlène Traoré marque d’emblée, Althéa réplique mais à la fin de la première reprise elle demeure à un point derrière, 5-6. La deuxième reprise est tendue, et Althéa, décidée à revenir, multiplie les attaques. A la place de commentatrice tv, Gwladys Epangue encourage son ancienne élève : "Allez Althéa, au casque, va toucher au casque ! Va chercher les 3 points !" Le pressing de Laurin paye, puisqu’à 5 secondes de la fin, elle touche au plastron et marque 2 points : 7-6. Elle repasse devant !

Une troisième reprise de patronne

De retour sur l’octogone, Althéa Laurin contrôle. C’est elle qui est devant au score, c’est à Traoré d’attaquer. L’Ivoirienne tente, mais se fait contrer. Althéa enchaîne les touches, son adversaire fatigue, faiblit... A 3 secondes de la fin, menée 17-8, épuisée, Traoré tombe et ne se relève pas à temps. L’arbitre donne la victoire à Althéa Laurin, médaille de bronze !

"Un honneur"

"Je suis ravie d’être médaillée olympique, c’est un honneur. C’est vrai que j’étais venue chercher la médaille d’or, ce n’était pas la couleur que je voulais, mais je vais me satisfaire de ça et me réjouir. C’est plutôt rare de faire une médaille olympique à mon âge." Au micro de France Télévisions, Althéa était souriante, mais très calme, comme toujours. Tout le contraire de la bouillante Gwladys Epangue qui s’était époumonée à commenter, encourager tout au long du combat. Elle dit d’ailleurs de la nouvelle médaillée : "Althéa, c’est la N’Golo Kanté du taekwondo ! On ne l’entend jamais, et lorsqu’elle parle, c’est aussi doucement que si un bébé dormait à côté d’elle..." Pour Gwladys "Althéa représente le taekwondo moderne, celles aux plastrons électroniques privilégiant moins l’impact physique et la puissance. Là, il faut être souple, pouvoir atteindre facilement le visage avec des coups spectaculaires comme des retournés très valorisés. Longiline, Althéa sait très bien utiliser ses longues jambes fines. A ce petit jeu, elle excelle. Moi j’aurais été moins bien ! Au-delà d’être douée, c’est aussi une grosse bosseuse. Les deux additionnés tracent un chemin vers la réussite. Moi, j’ai percé à 21 ans. Elle arrive très jeune, très motivée, très projetée, très calme. On va entendre parler souvent et longtemps d’elle..."
En retour, la calme Althéa déclare : "C’est un honneur de suivre les traces de Gwladys. C’est une personne très inspirante. Elle m’a donné des conseils en amont de la compétition et après la déception de la demi-finale, elle m’a donné des mots pour me remotiver et je l’en remercie."
A seulement dix-neuf ans, alors qu’elle n’a encore jamais disputé de championnat du monde senior, Althéa Laurin a fortement marqué le monde du taekwondo en remportant cette médaille. Et bonne nouvelle, nous n’avons que trois ans à attendre avant de la voir poursuivre son rêve olympique. Et cette fois, Althéa jouera à domicile...

Photos : France olympique

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