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Mal logement des seniors : les Petits Frères des Pauvres en soutien

Confrontée de plus en plus régulièrement à des situations de personnes âgées sans logement ou mal logées, l’association Petits Frères des Pauvres a monté une équipe d’ "accompagnement vers le logement". Depuis le mois de février, elle est installée à Bobigny et cherche activement des bénévoles. Reportage.

Quand Marie* apprend que Charlotte Stoliarski, coordinatrice chez les Petits Frères des Pauvres, va se marier en juin, sa première réaction, immédiate, est de penser au cadeau qu’elle pourrait lui offrir. Cette femme de 63 ans n’a pourtant pas grand chose. Si ce n’est une grande générosité, amplifiée encore par la reconnaissance qu’elle éprouve envers cette association qui lutte contre l’isolement des personnes de plus de 50 ans. Pour elle, ils l’ont véritablement « sauvée  ».

Cinq ans auparavant, elle est arrivée légalement en France pour voir sa fille, avant d’y rester pour soigner son hépatite B dont le traitement est inaccessible dans son pays. Pour survivre, elle enchaîne les petits contrats de ménage, se levant à 4h du matin, et vit dans un squat aux conditions de confort et d’hygiène extrêmement précaires. « Des fois la nuit, confie-t-elle, je me demandais pourquoi vivre comme ça. Je me disais que cela n’en valait pas la peine... »

Jusqu’au jour où un assistant social de la mairie de Saint-Denis lui donne le numéro des Petits Frères des Pauvres en lui disant que ça l’aiderait. « Il n’a pas eu tort, ajoute-t-elle. On faisait des sorties, des jeux. Avec eux, j’arrivais à oublier mes difficultés, des fois même que je suis malade. » Elle part également quelques jours en vacances avec eux. Et quand elle apprend pendant le séjour que le squat a été fermé et que ses affaires ont été volées, ce sont eux qui lui trouvent un hôtel en urgence, puis un Appart’Hôtel à Pantin où elle vit depuis deux ans.

« La retraite est un grand facteur de fragilisation »

Confrontée de plus en plus souvent à des personnes connaissant de grands difficultés pour conserver ou accéder à un logement, l’association a en effet décidé en 2016 de monter une équipe en banlieue dédiée à cette problématique. Dans un premier temps, elle vient en renfort des équipes locales des Petits frères sur quatre sites, dont deux en Seine-Saint-Denis.

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« Quand la situation est déjà un peu bancale,
cela peut alors vite dégénérer et
aboutir à une perte du logement.
 »
Charlotte Stoliarski, coordinatrice de l’équipe.

Depuis le mois de février, son action s’est recentrée sur l’ensemble de notre département où elle dispose désormais d’un local à Bobigny. « Nous avons opté pour la Seine-Saint-Denis, explique Charlotte Stoliarski, car c’est là où nous avions le plus de signalements mais aussi parce que le tissu associatif local y est assez extraordinaire et que les mairies et le Département nous accueillent bien. » Et des signalements, l’équipe en reçoit tous les jours.

« Il ne faut pas oublier que la retraite est un grand facteur de fragilisation avec un risque de précarisation, s’attriste Charlotte. Surtout quand la situation est déjà un peu bancale, cela peut alors vite dégénérer et aboutir à une perte du logement.  » La majorité des personnes qu’elle reçoit - avec sa collègue, Karole Honoré, et l’équipe de bénévoles qu’elles sont en train de monter – alternent ainsi la rue et les hébergements précaires.

« Certaines sont à la rue depuis longtemps. D’autres étaient sur le fil, menacées d’expulsion de leur logement ou mises dehors de chez des amis ou de la famille. Nous avons aussi des personnes dans des logements inadaptés ou qui deviennent insalubres », précise Charlotte. Si certaines ont connu toute une vie d’errance, pour d’autres, c’est une rupture dans la vie professionnelle ou familiale qui a entraîné la chute dans la précarité.

Un accompagnement dans la durée

L’équipe les reçoit et explique ce qu’elle peut apporter : un hébergement d’urgence, des tickets pour se nourrir et un accompagnement dans leurs démarches pour trouver un logement pérenne. En échange, la personne doit s’engager réellement, réfléchir à son projet de vie, participer à l’hôtel en fonction de ses revenus, venir aux rendez-vous, fournir les documents nécessaires, etc.

Mais, tient à préciser Charlotte, « nous faisons avec leur temporalité. Une personne a par exemple mis deux mois à écrire les quelques lignes nécessaires à son dossier DALO. Nous aurions pu l’asseoir à une table et lui faire écrire mais cela n’aurait pas été formateur. » « Nous les accompagnons mais ne faisons pas à leur place car, à un moment, nous ne serons plus derrière eux. Il faut les rendre autonomes », ajoute Shalanne, la toute première bénévole de cette équipe.

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« Ces personnes veulent avancer.
Elles ont cette volonté et, nous,
nous les accompagnons. C’est une fierté
de faire partie de ce parcours là.
 »
Shalanne, bénévole.

Depuis deux ans et demi, l’association a ainsi accompagné une trentaine de personnes. « Il n’y a pas de durée précise, explique Charlotte. Pour cinq personnes une solution a pu être trouvée. D’autres sont toujours accompagnées après deux ans et demi. Nous avons aussi des personnes qui font des allers-retours entre la rue et nous car, pour elles, l’hôtel est déjà un cadre trop contraignant. Mais nous ne fermons jamais la porte de façon définitive. »

Et puis il y a des personnes comme Marie, qui pourrait parfaitement vivre seule désormais, qui travaille, déclare ses revenus aux impôts, suit son traitement, a une vie sociale, entretient parfaitement son logement. Selon Charlotte, « elle serait prête sans aucune réserve mais la situation est bloquée à cause de sa situation administrative ». Depuis deux ans, la préfecture lui délivre en effet récépissés sur récépissés, mais toujours pas la carte de séjour tant attendue.

* Le prénom a été changé

Devenir bénévole

Pour renforcer son action, Les petits frères des Pauvres cherchent des bénévoles afin de s’occuper de l’accompagnement des personnes, de la mise en place et l’animation d’actions de convivialité ou pour réaliser des tâches administratives (secrétariat, trésorerie, recherche d’hôtels, etc.). « Tous les profils sont intéressants, précise Charlotte Stoliarski, une des deux coordinatrices de l’équipe. L’essentiel est l’envie d’accompagner les personnes de plus de 50 ans en précarité et de faire véritablement partie d’une équipe. » Une demi-journée par semaine est pour cela nécessaire, aux jours et heures ouvrables. Shalanne, la toute première bénévole de l’équipe, a fait le pas, et elle ne le regrette pas. « Les personnes sont vraiment très gentilles et veulent avancer, raconte-t-elle. Elles ont cette volonté et, nous, nous les accompagnons, Elles nous laissent entrer dans leur vie, elles se confient. C’est un gage de confiance qui est précieux et c’est une fierté de faire partie de ce parcours là. J’apprends beaucoup et les coordinatrices sont supers. Elles répondent à toutes les questions, m’intègrent à tous les choix. Nous avons aussi la possibilité de faire des formations. C’est vraiment très enrichissant.  »
Petits Frères des Pauvres - Équipe Accompagnement vers le logement : 1/3 Prom. Jean Rostand, 93000 Bobigny ; Charlotte STOLIARSKI : 06 79 73 83 58 ; Karole HONORE : 07 71 91 59 55 ; banlieue.avl@petitsfreresdespauvres.fr

Stéphanie Coye
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