Économie & Emploi Pantin IN Seine-Saint-Denis

Lise Couturier, une entrepreneuse qui fait d’une bière deux coups

Lauréate du Prix du public lors du concours « Créatrices d’Avenir », Lise Couturier a créé en 2019 les « Drêcheurs urbains », une petite entreprise qui s’est donné pour mission de récupérer les drêches (résidus humides du malt issus du brassage de la bière) pour les transformer en farines alimentaires. Malin !

La bière est un breuvage aux multiples possibilités : elle se boit, se mange et permet de lutter contre la production de déchets. Ainsi le démontre Lise Couturier, une jeune entrepreneuse (27 ans) qui a lancé en 2019, avec son associé Benoît Cicilien, les « Drêcheurs urbains », un projet d’économie circulaire qui consiste à sécher les drêches, ces résidus humides du malt issus du brassage de la bière, pour en faire de la farine. « Une farine riche en fibres et en protéines, précise Lise Couturier. On peut l’utiliser dans l’alimentation, pour faire du pain, des biscuits… » Mais pas que, d’après cette Bagnoletaise d’adoption (elle est née dans le Poitou). « Les drêches peuvent aussi être revalorisées sous forme de meubles. Nous avons pris contact avec des designers et des ébénistes. Ce qui serait génial, c’est que les bars proposent de la bière artisanale locale à des clients assis sur des tabourets conçus à partir de ces petits résidus. » Enfin, une fois compostées, les drêches peuvent également servir d’engrais.

Tout bénéf pour les brasseurs

Le projet a tout juste un an mais commence à faire parler de lui. Notamment grâce au Prix du public que Lise a obtenu lors du prestigieux concours « Créatrices d’Avenir » (dédié à l’entrepreneuriat des femmes en Ile-de-France), le 27 novembre dernier. Une distinction assortie d’une dotation de 4 500 euros et doublée d’une belle marque de reconnaissance. « La presse et les professionnels se sont subitement intéressés à notre cas », dresse la jeune fille. Avant cela, les « Drêcheurs urbains » s’étaient déjà rapprochés de brasseries artisanales locales, à Pantin (La Parisienne, Gallia), à Montreuil (La Montreuilloise) ou encore à Romainville (Mir). Des fabricants de bières qui, devant gérer chaque semaine des tonnes de déchets organiques (les drêches représentent 300 kilos pour 1 000 litres de bière brassés), ont tout à y gagner s’ils décidaient de s’adjoindre pour de bon les services de nos joyeux drêcheurs : « Non seulement, ils font un geste pour la planète – évitant aux drêches non récupérées de finir aux ordures ménagères, d’être incinérées ou enfouies – mais en plus ils réalisent des économies car la gestion de ces déchets constitue un poste de dépense très important », analyse Lise.

Recherche financements pour une machine de séchage et un moulin

Depuis septembre, la petite entreprise a trouvé refuge à la Cité fertile, tiers-lieu culturel et écolo installé sur le futur éco-quartier de Pantin, après avoir été retenue par l’incubateur Incoplex93. Lise et Benoît font en effet partie d’une promo de trente entrepreneur·euse·s en devenir accompagné·e·s gratuitement durant un an pour mettre à bien leur projet. « 2020 est une année cruciale, pointe celle qui a suivi un master en environnement. Pour nous développer, c’est-à-dire nous lancer dans la production massive puis la commercialisation, nous devrons bientôt trouver un lieu plus grand ainsi que des financements. Il nous manque environ 20 000 euros pour nous offrir une machine de séchage et un moulin. L’objectif, à terme, est de réussir à produire une tonne par jour. » En attendant, les « Drêcheurs urbains », ambassadeurs pour la marque « In Seine-Saint-Denis », ont été invités à participer à un « meet-up » (rassemblement de personnes qui ont un intérêt commun) sur le stand du Département lors du Salon des Entrepreneurs qui se tient les 5 et 6 février prochain au Palais des Congrès de Paris. L’occasion pour Lise et Benoît de rappeler que la Seine-Saint-Denis est un territoire dynamique, et de grappiller un peu de visibilité avant les prochaines échéances qui s’annoncent cruciales.

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