Seine Saint-Denis
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Les futures agences locales d’insertion auditionnées par un jury d’allocataires du RSA

Vendredi 1er juillet, le Département a mis en place un rendez-vous inédit au centre de formation Louise Couvé, à Aubervilliers : dans une démarche de démocratie participative, cinq femmes bénéficiaires du RSA ont été invitées à donner leur avis sur les projets menés par des acteurs de l’emploi en Seine Saint-Denis. Lesquels sont tous candidats pour faire partie du vivier des nouvelles agences locales dédiées à l’insertion, imaginées par le Conseil départemental.

« Comment être mieux informé des aides et des mesures à l’embauche pour les personnes allocataires du RSA ?  » « Quels sont les droits au mode de garde pour les parents ne travaillant pas ? » « Comment faire reconnaître en France un diplôme obtenu à l’étranger ?  » Toutes ces questions, et bien d’autres encore, ont émaillé la séance d’audition organisée par le Département le 1er juillet à Aubervilliers, au centre de formation Louise Couvé, spécialisé dans les métiers sanitaires et sociaux. Un casting d’un nouveau genre où, une fois n’est pas coutume, les rôles étaient inversés : dans la peau des jurés, Mamissi, Kadija, Ornella, Waldé et Nora, cinq femmes allocataires du RSA fraîchement émoulues du centre Louise Couvé où elles ont obtenu le titre professionnel de secrétaire assistante médico-sociale après huit mois de formation. Dans celle des candidats, une vingtaine de porteurs de projet - des acteurs de l’emploi qui opèrent sur le territoire de la Seine-Saint-Denis (Job Odyssée, Vitamine T, Aurore, le PLIE de Plaine Commune, Clef Job, etc.) et qui ont déposé une candidature pour intégrer le réseau des futures agences locales d’insertion (ALI).

Mises en place par le Département, ces nouvelles structures se sont données pour mission de proposer aux plus de 100 000 allocataires du RSA en Seine-Saint-Denis une offre d’accompagnement améliorée, amplifiée et adaptée, aussi bien avant, pendant ou après la formation obtenue. Un dispositif inédit qui repose sur plusieurs objectifs (la détermination des choix professionnels, la découverte de la diversité des métiers, la rencontre avec les employeurs, le développement des compétences nécessaires à la réalisation du projet professionnel, la fin des problématiques sociales susceptibles de freiner le projet de vie). Et qui est le fruit de l’accord historique signé avec l’Etat en septembre dernier pour expérimenter la renationalisation du financement du revenu de solidarité active (RSA). Libéré de cette contrainte qui pesait lourdement sur ses finances, le Département retrouve des marges de manœuvre et va pouvoir doubler d’ici 2023 les moyens qu’il consacre aux politiques d’insertion et d’emploi. Cette nouvelle mesure a débouché, à la fin de 2021, sur la mise en œuvre d’une plateforme de concertation en ligne portant sur les politiques de retour à l’emploi mais aussi sur le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt dans le cadre de la création des ALI. Un appel auquel avaient répondu, donc, les entreprises et les associations qui ont participé à l’audition du 1er juillet au centre de formation Louise Couvé.

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«  Nous avons besoin d’être mieux informés sur les dispositifs d’aide  »

« Après avoir organisé ces derniers mois un comité technique et un comité de partenaires, les avis de potentiels bénéficiaires sur les projets candidats constituent la troisième phase du dispositif, explique Mylène Gargar, cheffe de service au sein de la direction de l’emploi, de l’insertion et de l’attractivité territoriale (DEIAT). Ces avis sont très précieux puisqu’ils seront transmis à l’exécutif départemental qui pourra s’en servir lors du processus de sélection. » Conscientes des responsabilités qui leur incombaient et fortes de leur expérience en tant que bénéficiaires du RSA, Mamissi, Kadija, Ornella, Waldé et Nora ont passé au crible les propositions des porteurs de projets. « Certains m’ont convaincue, d’autres moins, avoue en toute franchise Kadija. En tant que mère de trois enfants, j’ai par exemple été contente d’apprendre que les personnes sans emploi pouvaient elles aussi prétendre à un mode de garde. » La jeune femme originaire de Montreuil fait notamment référence au FMUP (Fais-moi une place), un projet porté et financé par le Département et mis en œuvre par l’association SFM-AD. « J’attends que tous ces acteurs de l’emploi soient en mesure de fournir un maximum d’informations sur les différents leviers d’aide, poursuit-elle, car dans ma recherche d’emploi ou de formation, c’est ce dont j’ai manqué le plus, j’ai trop souvent été livrée à moi-même. »

Waldé abonde exactement dans le même sens et se dit fière d’avoir pu compter parmi les membres du jury. « C’est une expérience très enrichissante même si j’étais impressionnée au début, confie l’habitante de Stains, titulaire d’une licence de biologie. Au vu de mon parcours, j’étais légitime pour occuper ce rôle et pour faire remonter les points à améliorer. Aujourd’hui, c’était évidemment indétectable mais parfois les professionnels ne sont pas suffisamment investis dans leur tâche et le bénéficiaire a le sentiment d’être un boulet. Or, c’est en étant bien considéré et respecté que celui-ci va reprendre confiance en lui et avancer. »
Dans le cadre du déploiement des nouvelles agences locales d’insertion, le Département entend recruter massivement et doubler d’ici 2026 le nombre de conseillers chargés du suivi des allocataires (passant de 170 à 340) ainsi que le nombre de places dans les actions d’insertion (de 6 300 à 12 600). « Nous ne voulons pas seulement faire beaucoup plus, nous voulons aussi faire beaucoup mieux, avait rappelé en décembre dernier Stéphane Troussel, le président du Département. Nous savons pouvoir compter sur la participation de tous les acteurs et de toutes les actrices de terrain à cette dynamique qui, nous en sommes convaincus, fera de la Seine-Saint-Denis un territoire en pointe sur l’insertion et l’emploi. »

Crédits photo : Jean-Louis Bellurget

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