Cyclisme

Madeleines de combat

Un point. Juste un point. Voilà ce qui a manqué aux "Madeleines", l’équipe féminine St Michel Auber 93 pour remporter la Coupe de France par équipe de cyclisme. Récit d’une saison pleine de panache, de combats, de victoire et de coups durs.

Cette saison si particulière avait bien commencé le 9 août, lors du Chrono 47, première étape de Coupe de France cycliste féminine. Un contre-la-montre par équipe, gagné par les Dames d’Auber. Dans ce type d’épreuve, c’est le résultat de l’ensemble des cyclistes qui compte. Bien dans l’esprit de ce que doit être la Coupe de France par équipe, qui doit récompenser l’homogénéité des formations. Et là, Sandrine Bideau, Fernanda Yapura, Barbara Fonseca, Marne Strappazzon, Margot Pompanon et Océane Tessier se sont montrées les plus fortes dans un exercice qu’elles avaient travaillé, et ça a payé ! « Gagner cette course, c’était une vraie satisfaction, raconte Sandrine Bideau. Nous avons montré que nous avions l’équipe la plus forte, la plus homogène. Ça nous a donné confiance pour la suite. »

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Direction le Doubs le 29 août pour la deuxième date de la Coupe de France, le Prix de la ville de Morteau. Un relief qui convient bien à Fernanda Yapura, l’Argentine d’Auber, victorieuse ici en 2018. D’ailleurs, Fernanda a bien joué la gagne et monte sur la troisième marche du podium. Elle n’est pas la seule à rapporter de gros points à St-Michel Auber, puisque les « Madeleines » font un joli tir groupé : Sandrine Bideau 6ème, Margot Pompanon 7ème, Marine Strappazzon 8ème. Avec de tels résultats les Dames d’Auber consolident leur place de premières dans la course à la Coupe.

A 5 km de l’arrivée...

Tout devait bien se passer lors de la Sud-Yvelines, troisième épreuve. Les Madeleines veulent garder leur place en tête et lorsqu’à 50km de l’arrivée une de leurs concurrentes tente une échappée, Sandrine Bideau fait l’effort et va la chercher. Elle raconte : « Je pensais que d’autres filles allaient prendre ma roue pour soit la ramener dans le peloton, soit tenter le coup à plusieurs, mais non ! J’étais seule… Alors dans ces cas-là, tant pis, une échappée à deux a peu de chances d’aller au bout mais une fois qu’on est dedans, il faut la jouer à fond. » S’en suivent 45 km d’effort, à deux devant à lutter contre le peloton. Mais à 5km, pas de miracle, les deux fuyardes sont rejointes et l’arrivée se jouera au sprint. Un type d’arrivée bien plus favorable au team ELLES Pays de Loire, deuxième au classement, qui réalise un beau tir groupé : 2ème, 3ème, 6ème, 10ème ! Elles ravissent ainsi la tête du classement à nos cyclistes.

Pas question de baisser les bras, pas le genre des Dames d’Auber, comme le souligne le directeur sportif général, Stéphane Javalet. « C’est le type de groupe qui fait plaisir à diriger. Elles ont su créer un vrai esprit d’équipe, comme on les aime à Auber. Elles sont combatives, et n’hésitent pas à faire l’effort et sacrifier leur place pour l’équipe. » Et « Jaja » comme tout le monde l’appelle dans le cyclisme français, sait de quoi il parle : plus de trente ans aux commandes de l’équipe pro, ça cause. Alors le 29 septembre lors du Tour du Gévaudan, les Madeleines sont remontées à bloc. Objectif : reprendre la première place ! Le premier col fait déjà des dégâts, elles ne sont plus que 25 dans le peloton de tête, mais dont six Dames d’Auber, bien dans le coup. Décidément en forme et volontaire, Sandrine Bideau secoue la course et s’en va avec un petit groupe d’échappées. Le juge de paix de la course se profile alors : la montée Jalabert. La côte de la Croix Neuve est ainsi nommée depuis le 14 juillet 1995 et la victoire du champion français lors du Tour de France. Une belle bosse comme on dit dans le cyclisme : 3,1 km, 10,1% de pente moyenne avec une portion à 12%. Sandrine s’accroche et termine septième, une belle place pour celle qui est plus une puncheuse qu’une pure grimpeuse. Elle a tout donné pour rapporter de gros points à l’équipe. Derrière, ses copines Marine Strappazzon et Fernanda Yapura sont bien placées pour rapporter des points. Pourtant la veille, Fernanda avait encore le maillot de l’Argentine lors des championnats du monde à Monza ! Mais quand ça ne veut pas sourire… Dans une descente, les deux Madeleines chutent, et voient les précieux points s’envoler…

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Tout est encore possible

Au départ de la Classic Féminine Vienne Nouvelle Aquitaine, ultime épreuve de la Coupe de France, St Michel Auber 93 compte 26 points sur le leader, le Team Elles Pays de la Loire. Possible à remonter, mais franchement difficile. « Les filles en voulaient, raconte Stéphane Javalet, il n’y avait vraiment pas besoin de les motiver. Et elles ont fait le boulot. » Après la course, Margot Pompanon raconte à DirectVélo : « Il fallait tenter quelque chose pendant la course. On voulait éviter le sprint sinon, on était “mortes”. Sur le début de course, on avait prévu de tenter un coup de bordure mais ça ne l’a pas fait. Finalement, on a décidé de faire la course dans les ascensions et je me suis retrouvée devant dans la bonne échappée du jour. » Lorsqu’elle voit qu’elle, de niveau national, est au milieu des pros, elle comprend vite que l’échappée ira au bout, et elle donne tout pour y rester. Le nez dans le guidon, elle calcule les points qu’il faut pour que son équipe passe devant au classement : « Je me suis battue pour l’équipe. J’ai mesuré mes efforts. Puis lorsque Maëlle a attaqué dans la dernière bosse, j’étais vraiment à bloc. Je me suis fait la peau pour l’équipe et je suis fière de mon résultat. » Elle peut, car elle monte sur la troisième place du podium et rapporte 45 points à St Michel Auber 93. Derrière ça ne chôme pas non plus. Pour le sprint du peloton, Sandrine Bideau fait jouer son expérience et ses coudes et emmène dans sa roue la benjamine de l’équipe, Kristina Nenadovic. Elle est peut-être encore junior, mais en pistarde accomplie, Kristina ne manque pas de watts et c’est elle qui règle le sprint. Onze points de plus dans la musette !

Après la course, toute l’équipe est au pied du podium, à attendre les résultats. Jaja raconte : « Au vu de la course, je pense que c’est bon, qu’elles sont passées devant. Mais quand je vois les minutes passer, je me dis que ça ne sent pas bon… Et on perd, d’un point ! Un point sur tout l’ensemble de la saison, c’est rien. Ça fait mal au ventre, et les filles ont les larmes qui montent…. Après quelques jours, je peux dire que je suis tout de même heureux de les accompagner, elles vivent leur rêve. Alors, on essaiera encore ! »

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