Les employeurs de la sécurité privée fondent des espoirs sur les Jeux
Les Jeux olympiques et paralympiques se dérouleront à l’été 2024, mais les attributions des marchés publics liés à leur organisation ont déjà commencé : dans le domaine de la sécurité privée, représentée en Seine-Saint-Denis par des acteurs de taille moyenne, on espère pouvoir profiter d’un gâteau dont les dimensions sont évaluées à 20 000 postes d’agents à pourvoir.
30 000 représentants des forces de l’ordre, 15 000 militaires et 20 000 agents de sécurité privée. Voilà une estimation des forces de sécurité que les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 vont sans doute mobiliser. Le plus grand événement du monde, qui devrait attirer quelque 13 millions de spectateurs dans les travées du stade de France, dans les gradins de la piscine olympique de Saint-Denis ou au pied du mur d’escalade du Bourget, va évidemment nécessiter une organisation minutieuse et bien huilée en termes de sécurité.
Ce qui représente aussi de vraies opportunités de développement et d’embauche pour les entreprises de sécurité privée de la Seine-Saint-Denis. Celles-ci s’étaient réunies vendredi 15 avril à l’initiative de l’organisateur Paris 2024, juste en face du stade de France, pour prendre connaissance des règles à respecter pour postuler aux marchés publics dans leur domaine.
« A partir de maintenant, les besoins vont être croissants jusqu’à la livraison des Jeux en 2024. Nous vous incitons à postuler sur ce que vous savez faire. Il y aura de la place pour tout le monde », les accueillait Thomas Collomb, directeur délégué de la sécurité de Paris 2024, aux côtés de Stéphane Troussel, président du Département et de Mathieu Hanotin, président de la communauté d’agglomérations Plaine Commune.
Les acteurs du secteur ont jusqu’au 3 juin pour postuler aux 152 lots de marchés publics. Les besoins sont importants, et les missions très variées : gardiennage des chantiers liés aux Jeux dont la plupart sont maintenant lancés, interventions sur des événements tests, sorte de répétitions des Jeux que seront la Coupe du monde de rugby 2023 ou les championnats du monde d’athlétisme handisport 2023, missions de vigilance sur les sites d’entraînement qui s’ouvriront en amont des Jeux… Au total, on estime à 2 milliards d’euros de parts de marché le secteur de l’événementiel lié aux Jeux, même si celui-ci comporte aussi d’autres missions que la sécurité, comme le nettoyage, ou la restauration.
« On aimerait bien profiter de cette opportunité pour développer notre entreprise et aussi donner de l’emploi aux gens d’ici, espérait Mathias Ndjip, fondateur de No Limit Security, entreprise de sécurité privée à Saint-Denis. Avec 24 salariés, cette structure représente bien la plupart des acteurs du marché en Seine-Saint-Denis, soit des boîtes aux dimensions moyennes, comparé à des mastodontes comme Samsic ou Securitas.
Sous-traitance limitée
Motivés, les acteurs locaux de la sécurité nourrissaient toutefois aussi quelques craintes sur les règles d’attribution des marches publics et réclamaient une vraie vigilance sur la sous-traitance, qui selon l’engagement de Paris 2024, ne pourra pas dépasser le premier rang. « J’espère vraiment que Paris 2024 va se doter des outils de contrôle nécessaires pour combattre la sous-traitance en cascade. Car celle-ci a de réels impacts sur les conditions de travail de nos salariés. Or moi je veux pouvoir offrir des salaires décents pour un service de qualité », insistait Mathias Ndjip.
Olivier Glévéo, directeur de Première Ligne sécurité, pointait lui un autre écueil : « La difficulté, c’est qu’on va tous avoir besoin d’agents de sécurité en même temps. Sachant que depuis le Covid, on a déjà du mal à recruter parce que nous faisons des métiers durs », soulignait le chef d’entreprise, par ailleurs président du Saint-Denis US rugby, dont l’entreprise emploie quant à elle 80 salariés. Le ministère du travail, conscient de ces problématiques, a d’ores et déjà annoncé la création d’un contrat de qualification "spécial événementiel" à partir de septembre, censé être beaucoup plus souple que le diplôme qui prévalait jusqu’alors. « Ça va permettre d’embaucher des profils étudiants ou sportifs, sur des formations beaucoup plus courtes », faisait valoir Olivier Glévéo.
Un autre enjeu des deux prochaines années est aussi l’insertion, autrement dit l’ouverture du secteur à des personnes éloignées de l’emploi, vivement souhaitée par les collectivités locales. Une mission qu’est aussi prête à assurer une entreprise comme Fox Sécurité, dont la directrice M’basse Sene souhaite recruter prioritairement parmi les personnes en insertion ou les femmes. « C’est pour avoir une utilité sociale. Ce choix représente quelques contraintes : il va falloir former les futurs candidats parce que les tâches demandées nécessitent parfois des savoir-faire bien particuliers. Mais si tout le monde joue le jeu, c’est-à-dire s’il n’y en a pas toujours pour les mêmes gros acteurs, nous sommes convaincus qu’on y arrivera. »
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