Les collèges à l’heure paralympique

Les collèges à l’heure paralympique
Jeux olympiques et par...

A l’occasion de la Semaine olympique et paralympique, placée cette année sous le signe de l’inclusion, des écoliers et collégiens se familiarisent avec la pratique para-sportive. A Sevran, des élèves du collège La Pléiade ont ainsi pu s’initier au tennis-fauteuil et à l’escrime handisport grâce à deux clubs du département. Reportage.

Découvrez notre reportage vidéo aux côtés de Tony estanguet au collège La Pléiade de Sevran

Dans la cour parsemée de plots du collège, les élèves, encore hors d’haleine, échangent leurs impressions. « Le slalom en fauteuil, j’ai trouvé ça assez facile », juge Eden. Ce n’est pas l’avis de Maïssa : « Tu rigoles, ça fait quand même très mal aux bras… »


Ces deux copines de 6e viennent, comme le reste de leur classe, de découvrir le tennis-fauteuil sous le regard bienveillant d’Abou Konaté, joueur au TC Tremblaysien. Ce champion, n°18 français et ancien membre de l’équipe de France de basket-fauteuil répond présent dès qu’il le peut pour sensibiliser la jeunesse au handisport et à travers lui au handicap.


« Il faut savoir que les enfants n’ont pas de préjugés. En revanche, si on ne leur explique pas les choses, si on ne leur montre pas que le sport, c’est pour tout le monde, là ils deviendront des adultes avec des préjugés », insiste ce colosse souriant, accompagné ce jour-là de deux entraîneurs du TC Tremblaysien, seul club de Seine-Saint-Denis à avoir ouvert une section para-tennis en 2021.

Eviter des adultes avec préjugés

Toute cette semaine, les classes du collège La Pléiade à Sevran seront donc sensibilisées au para-tennis, mais aussi à l’escrime handisport, que Jennifer Hingre-Blanc, maître d’armes au Cercle Jean-Moret de Livry-Gargan, présente avec enthousiasme dans le gymnase du collège.
Bienvenue à la Semaine olympique et paralympique à l’école, une opération de promotion du sport portée par l’Education nationale et le mouvement sportif français depuis 2017. Cette année, l’action est placée sous le signe du parasport, 500 jours avant le début des Jeux paralympiques de Paris 2024.


« Les Jeux paralympiques, c’est aussi l’occasion d’impulser une dynamique pour l’après. Notre projet, c’est d’arriver à 3 000 clubs para-accueillants en France, et pour l’instant on n’y est pas. Alors, on veut aussi travailler cet héritage, s’appuyer sur ce qui se fait ici ou là pour montrer à d’autres que c’est possible », expliquait Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation de Paris 2024 venu mesurer ce matin-là le bénéfice éducatif de tels ateliers.
« Cette Semaine olympique, c’est la démonstration, y compris sur des territoires pas directement concernés par les Jeux comme Sevran, que les Jeux sont un accélérateur de projets », renchérissait le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, avant d’évoquer également les défilés de l’Olympiade culturelle à laquelle prendra également part le collège de La Pléiade.

5 écoles multisports adaptés dans le 93

Un autre exemple de dynamisme suscité en partie par les Jeux était donné par Fabien Paillard, président du Comité 93 sport adapté. Depuis 2018, cette structure, qui vise à améliorer l’accès au sport pour des personnes en situation de handicap mental ou psychique, a en effet créé 5 écoles multisports adaptés (EMSA), autrement dit des créneaux aménagés spécialement pour des enfants autistes ou porteurs de trisomie 21 (voir encadré).


Pendant ce temps, les classes continuaient de défiler dans les ateliers para-sport. Après avoir relevé leur casque d’escrime, prêté par le cercle Jean-Moret de Livry-Gargan, Ousmane, Saoudine et Sifdine, venaient, tout fiers, livrer leurs impressions. « J’ai vraiment aimé l’escrime handisport. C’est pas trop dur, même si les mouvements et la position changent. », estimait Saoudine, qui avait déjà découvert le cécifoot- du foot pour non-voyants – à travers son collège. Et de prendre rendez-vous : « Les Jeux paralympiques, je connais déjà : j’avais regardé les épreuves de para-athlétisme de Tokyo. Bien sûr que j’aimerais y aller en vrai pour ceux de Paris, en septembre 2024 ! »

Les écoles multisports adapté, un outil qui porte ses fruits

Depuis 2018, le Comité départemental sport adapté s’est attelé à améliorer l’accès au sport pour des jeunes en situation de handicap mental ou psychique à travers la création de 5 écoles multisports adaptés (EMSA). Ces ateliers extra-scolaires, animés par des enseignants de STAPS spécialement formés, visent à donner du temps de pratique à des enfants ayant très peu l’occasion de faire du sport. Trois questions à Fabien Paillard, président du CDSA.

Pourquoi le CDSA a-t-il décidé de créer à partir 2018 ces « écoles multisports » ?

On s’est rendu compte que beaucoup d’enfants en situation de handicap mental ou psychique avaient un temps très faible de pratique sportive. Certains étaient tout simplement désocialisés du fait du manque de places en IME (Instituts Médico-Educatif) et même ceux qui avaient une place n’avaient pas toujours accès au sport. On a donc décidé de créer une structure pilote à Livry-Gargan qui a très vite porté ses fruits : deux créneaux de pratique par semaine pour une trentaine d’enfants âgés de 5 à 15 ans, encadrés par un enseignant STAPS APA (Activité physique adaptée) spécialement formé.

Quel est le bienfait de ces écoles ?

Ils sont multiples, le principal étant sans doute qu’à travers le sport, les enfants gagnent beaucoup en autonomie et en confiance en eux. Ensuite, il faut aussi souligner que c’est bénéfique pour les parents : ça leur donne soit la possibilité de partager un moment de sport avec leur enfant, soit de penser un peu à eux. A Bobigny, la 5e école qui vient tout juste d’ouvrir après Livry-Gargan, Clichy, Sevran et Saint-Denis, on propose ainsi dans le même temps des ateliers yoga ou bien-être aux parents.

Quel nombre d’écoles voulez-vous atteindre ?

Avec le Département, qui nous aide vraiment beaucoup, on s’est fixé l’objectif de 10 écoles à l’horizon 2024. Sachant que chaque école coûte environ 20 000 euros par an. Il s’agit tout d’abord d’accompagner les différentes collectivités (villes ou autres) dans la création de leur école : à travers la formation d’un ou plusieurs éducateurs des services des sports, puis le recrutement d’un enseignant STAPS APA. Tout cela peut prendre un peu de temps, mais ça vaut vraiment le coup.

 

Christophe Lehousse
Photos : ©Bruno Lévy

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