« Les hommes violents sont toujours dangereux »

« Les hommes violents sont toujours dangereux »
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Alors que l’Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis a rendu hommage à Flora et Valeria, victimes de féminicide, à Bondy et Sevran, Ernestine Ronai, sa responsable, nous explique comment combattre ce fléau.

A quoi servent ces marches, comme celles organisées les 1er et 6 mars en hommage à Flora et Valeria ?

Que ces femmes ne partent pas dans le silence et que l’ensemble de la société au sens large du terme, les voisins, les ami.e.s, les collègues de travail, la famille leur rendent hommage. C’est très important pour l’entourage car c’est un cataclysme quand ça arrive. Le deuxième objectif c’est de faire connaître aux personnes présentes à ces marches les dispositifs qui existent pour les protéger. Pendant la marche, on parle avec ceux et celles qui sont là. Ces marches ont aussi une fonction d’alerte. Faire comprendre à toute la société, à tous les professionnels que les hommes violents sont toujours dangereux et toujours imprévisibles.

Que faudrait-il pour en finir avec les féminicides ?

Notre proposition : des policiers bien formés, spécialisés, volontaires (qu’ils aient envie de s’occuper de ce genre d’infraction) et sélectionnés (tout le monde n’est pas en capacité d’entendre toutes ces horreurs).

Il nous faut des médecins, des assistantes sociales, des éducatrices qui pratiquent le questionnement systématique pour permettre aux femmes de révéler les violences. Et puis il faut quand la dame demande de l’aide qu’elle soit auditionnée par des personnes compétentes et qu’une protection immédiate soit mise en place, sans attendre la sanction de l’agresseur.

Est-ce que le nombre de féminicide est en augmentation en Seine-Saint-Denis ?

Non. Entre 2005 et 2008, il y en a eu 24, soit six par an. Cette année, il y a eu trois féminicides, ce qui est déjà énorme et beaucoup trop.

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Les féminicides de Flora et Valéria auraient-ils pu être évités ?

Dans le cas de ces deux femmes, elles ne s’étaient pas du tout signalées et personne ne les avait identifiées comme victimes. La seule façon de protéger les femmes et d’avoir moins de féminicides, c’est d’aider les femmes à révéler les violences et de travailler à leur protection. C’est pour cela que le Département de la Seine-Saint-Denis forme ses travailleurs sociaux -service social départemental, Aide sociale à l’Enfance, PMI (protection maternelle infantile)- au questionnement systématique.

Ces deux féminicides ont bénéficié du protocole « féminicide ».

C’est formidable que ce protocole existe. Il est très très important pour les enfants d’être hospitalisés immédiatement après le féminicide, dans un service spécialisé dans la prise en charge du psycho trauma. Cela va permettre aux enfants de mettre des mots sur ce qui leur est arrivé et avoir des soins.

« La nuit du 12 » le film de Dominik Moll, sur un féminicide non élucidé, vient d’être récompensé de six Césars. L’avez-vous vu et qu’en avez-vous pensé ?

C’est un excellent film qui mérite d’être beaucoup vu car il aide à comprendre les féminicides. Il montre le dialogue entre des policiers qui ne comprennent pas les violences faites aux femmes et d’autres qui, bien formés, mènent une enquête sans stéréotypes sexistes. Il montre le rôle positif que peuvent jouer certains policiers quand ils sont bien formés et qu’ils ont compris le sujet.

Marches silencieuses

Mercredi 1er mars, une marche silencieuse a rendu hommage à Flora, 34 ans, mortellement blessée par son conjoint violent, devant ses 4 enfants et sa nièce.

Lundi 6 mars, un rassemblement a rendu hommage à Valéria 51 ans, poignardée d’une quinzaine de coups de couteau par son conjoint violent devant son fils de 15 ans.

Dans ces deux crimes, le « protocole féminicide » départemental a été immédiatement activé pour apporter un soutien d’urgence aux enfants. A ce titre, une prise en charge immédiate à l’hôpital a été mise en place afin qu’ils puissent y bénéficier de soins à la fois médicaux et psychologiques.

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