Le logement social, toute une histoire
Aujourd’hui, le département compte 200 000 logements sociaux, dont 32 000 appartiennent à l’office Seine-Saint-Denis Habitat. Une longue histoire humaine et sociale marquée par les guerres, les Trente glorieuses et la désindustrialisation.
S’il est une préoccupation importante qui touche au quotidien de nombreuses familles, c’est bien celle du logement. On estime aujourd’hui le nombre de demandeurs de logements sociaux à près de 710 000 en Île-de-France, dont plus de 100 000 pour la Seine-Saint-Denis.
Pour bien mesurer cette situation, jetons un coup d’œil dans le rétroviseur et plongeons-nous dans l’histoire du logement social et de ses avancées. Dès la fin du XIXe siècle, avec la loi Siegfried (1894), l’État prend en charge la construction de logements en France. Le législateur autorise la Caisse des dépôts et de consignations à consentir des prêts à des organismes privés créés en vue de construire des habitations à bon marché. Cette loi, qui signe la création des sociétés d’habitations à bon mar ché (HBM), va servir de base à toutes celles qui vont suivre.
En 1906, dans le cadre du recensement général de la population, une grande enquête est réalisée pour connaître les conditions de logement des Français. Le constat est édifiant : il apparaît que, dans les villes de plus de 5 000 habitants, les gens vivent dans des taudis. Il faut attendre 1912 avec la loi Bonnevay pour que l’État autorise les communes à faciliter la réalisation d’habitations collectives à bon marché sous forme locative.
A Stains, une ville dans la ville
Désormais, les communes et les Départements peuvent consentir des prêts aux sociétés d’HBM, leur vendre des terrains ou bien garantir leurs emprunts. Un concours est lancé pour réaliser des cités-jardins. Sous l’impulsion du ministre de la Santé publique Henri Sellier, quinze cités-jardins sont construites autour de Paris. A Stains, entre 1921 et 1933, une véritable ville dans la ville sort de terre avec la cité-jardin : 456 logements en pavillons et 1 220 en collectif qui seront protégés au titre des sites classés en 1976. À La Courneuve, avec une population qui a quintuplé en l’espace de 20 ans en raison du développement industriel de la région, les premiers HBM apparaissent. En 1928, la loi Loucheur constitue le premier engagement chiffré de l’État en faveur du logement social. Celui-ci s’engage à construire 260 000 logements en cinq ans, dont 80 000 HBM en région parisienne.
Le temps de la reconstruction
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le mal-logement persiste avec 400 000 logements détruits et 1,5 million d’autres endommagés. Il faut reconstruire le pays.
Entre 1945 et 1975, pendant les Trente glorieuses, la natalité croît tandis que la durée de vie s’allonge, le baby boom est là. C’est aussi le temps, avec l’expansion économique, de l’arrivée massive de travailleurs immigrés et également, en raison de la décolonisation, de celle de millions de Français expatriés. Les besoins en logement sont énormes.
La mort d’un bébé à Neuilly-Plaisance
En hiver 1954, l’abbé Pierre publie sa lettre ouverte au ministre du Logement suite au décès d’un bébé de trois mois mort de froid à Neuilly-Plaisance. L’émotion est intense. Le mouvement des Castors est lancé : une association de gens qui construisent eux-mêmes leur logement.
À Bobigny, l’architecte Emille Aillaud conçoit un grand ensemble, la cité de l’Abreuvoir, avec sa propre écriture architecturale, reconnaissable entre toutes. Sa réhabilitation est prévue en 2020. À Pantin, suite à l’appel de l’abbé Pierre, le ministère projette de construire aux Courtillières 3 000 logements. La Seine-Saint-Denis, département à la forte identité traumatisé par la désindustrialistion, a su sanctuariser son patrimoine industriel et le valoriser. À l’ère des opérations de renouvellement urbain et des démolitions-reconstructions, la conservation du patrimoine du logement social est posée de manière ouverte.
REGARD NEUF 3
Les HLM au rendez-vous de la création
Du 5 au 14 juin prochain, se tiendra la première édition du festival Regards neuf 3. L’ambition de ses initiateurs, (l’Union sociale pour l’habitat Île-de-France), est de faire évoluer le regard du grand public sur la Seine-Saint-Denis et ses quartiers populaires, en valorisant la créativité du patrimoine HLM et des habitants. Dix-huit organismes HLM parmi lesquels Seine-Saint-Denis Habitat, participent à ce festival inédit.
Parmi les 27 projets identifiés répartis sur 17 communes du département, une diversité de disciplines artistiques et artisanales sera mise à l’honneur : art contemporain, danse acrobatique sur façade, balades architecturales…
Dans tous ces projets, les habitants, acteurs au quotidien, sont à la manœuvre.
Soutenu par le Conseil départemental de la Seine- Saint-Denis avec la marque In Seine-Saint-Denis, la préfecture, les quatre intercommunalités, l’Union sociale pour l’habitat et le Comité départemental du tourisme, ce festival se clôturera le 14 juin.
Illustrations Archives départementales : Ed. Combier imprimeur Macôn ; Ed. Malcuit ; Coll. Roger Henrard
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