Confiné·e·s sans s’ennuyer Cinéma

Le cinéma des salles aux salons

Privés d’écrans, le réseau Cinémas 93 et l’association Périphérie gardent le lien avec leurs publics via une offre en ligne de films et de ressources pédagogiques. Sitôt la lumière revenue dans les salles obscures, ils reprendront les animations culturelles, les actions éducatives, les résidences de cinéastes, le soutien à la création, la promotion des œuvres, l’organisation de festivals et de rencontres. Moteur.

La 29e édition festival Côté court aura-t-elle lieu ? Septembre est encore loin et l’optimisme est un moteur auxiliaire. Mais, en cette première semaine du mois de mai les 41 écrans des 24 cinémas affiliés au réseau Cinémas 93 resteront fermés. Chaque année plus d’un million d’habitués s’assoie dans les fauteuils de ces cinémas associatifs ou municipaux de proximité. Leur programmation participe à la richesse de la vie culturelle départementale.
Ainsi Cinémas 93 poursuit des objectifs d’animation culturelle, de formation des publics et d’éducation à l’image. « En collaboration avec les salles de cinéma indépendantes, nous coordonnons et accompagnons un certain nombre d’actions et de dispositifs en Seine-Saint-Denis », précise Vincent Merlin, son directeur. Le réseau est actif en particulier à travers le dispositif d’Aide au film court, l’Atelier qui accompagne des cinéastes autodidactes, des actions éducatives en milieu scolaire, des actions de diffusion en salle et d’animation du réseau, de la formation professionnelle auprès du personnel des salles de cinéma.

Pause forcée mais pas immobilisme

Autre versant du soutien au 7e art en Seine-Saint-Denis, l’association Périphérie est un centre de création cinématographique qui travaille sur quatre bases : la création, la diffusion, la formation, la production. Cinémas 93 et Périphérie bénéficient du soutien du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. « La salle de cinéma c’est le lieu où vivre l’expérience culturelle ensemble », rappelle Vincent Merlin. Mais le confinement qui a entrainé la fermeture de tous les écrans les a condamnés à une pause forcée. Pas à l’immobilisme. A distance, elles maintiennent le lien avec leurs publics avec des propositions alternatives : films, jeux, ateliers de réalisation… . Des films sont également à disposition en libre accès, dont plusieurs qu’ils ont accompagné.
A l’attention des parents et des professionnels de la petite enfance, Cinéma 93 porte un focus particulier sur les films et ressources pour les tout-petits. Il propose aussi une continuité avec les actions éducatives dans les établissements scolaires. Autre action moins visible, l’association procède à un état économique des salles de cinéma à l’heure de la crise, se penche sur la situation du personnel, les mesures d’urgence à prendre. « Paradoxalement, cette crise légitime encore plus le maintien d’une offre culturelle alternative et le rôle essentiel que remplissent les collectivités ». Vivement les retrouvailles.

LE LIEN EN TOILE DE FOND

Pendant toute la durée du confinement les cinémas indépendants du réseau Cinéma 93 maintiennent le lien avec leurs spectateurs :

 Les 6 cinémas d’Est Ensemble et la société la Vingt-cinquième heure proposent aux habitants du territoire des séances virtuelles de films inédits, accompagnées de rencontres avec leurs réalisateurs.

 Le cinéma Le Trianon de Romainville offre à ses spectateurs la possibilité de leur laisser des messages vocaux où ils racontent comment ils vivent la séparation avec leur cinéma habituel. Pour y participer, rendez-vous sur sa page Facebook qui partage les messages les plus originaux.

 Le cinéma Jacques Tati de Tremblay-en-France, met en ligne un programme quotidien sur sa page Facebook. Le matin c’est avec le jeu "émotimovie" où il faut deviner le titre d’un film à partir d’une série d’émoticônes. Le midi place à un court-métrage. Le soir c’est un long métrage en accès libre, un film burlesque muet, un opéra ou une comédie musicale.

-Le cinéma l’Ecran de Saint-Denis, propose chaque jour à 10h sur sa page Facebook une rubrique intitulée « Homécran » qui fait découvrir des films en accès libre sur internet.

CINE EN FAMILLE

 Le cinéma Le Bijou de Noisy-le-Grand, anime un concours de films en stop motion accompagné de conseils pour réaliser un film. Les plus beaux seront diffusés sur sa page Facebook. Le/les auteur-s de la meilleure création remporteront deux places de cinéma.

-Le secteur jeune public du cinéma Le Studio d’Aubervilliers, a lancé sur la page Facebook de la salle son « Confinémascope ». Il s’agit d’une sélection d’ateliers à réaliser à la maison ou de films à voir en famille. Il est aussi possible de recevoir ces propositions par mail

 Le cinéma Jacques Prévert à Aulnay-sous-Bois, propose une sélection de films en VOD, dont trois documentaires. Ce service payant, adaptable sur tous les écrans, permet de visionner un film à partir de 3€99, ou 6 films pour 20€.

Périphérie au centre de la création

Autre acteur de la création cinématographique indépendante en Seine-Saint-Denis, Périphérie est née en 1983 en Seine-Saint-Denis sur l’initiative des réalisateurs Jean-Patrick Lebel et Claudine Bories. Depuis son origine l’association travaille sur quatre bases : la création, la diffusion, la formation ou la transmission. Il se consacre au film documentaire d’auteurs. Elle fournit notamment une aide en industrie et en moyens techniques. Périphérie collabore étroitement avec les salles de cinéma du département, mais également les médiathèques et les lieux alternatifs de diffusion, tels que les établissements scolaires et les universités. Plus d’une centaine de films ont été aidés, en coproduction avec des réalisateurs et des producteurs indépendants. Pour en juger, Périphérie a mis en accès libre 2 films dont elle a favorisé l’éclosion :
 Casa, de Daniela de Felice. Ce film documentaire de 54 minutes aborde les thèmes de la famille et de la mémoire à travers le propre récit de la réalisatrice au moment où elle quitte la maison dans laquelle manque le père décédé en 1997.
 La mécanique des corps, de Mathieu Chatelier. Dans un centre de rééducation, des femmes et des hommes amputés réapprennent sans relâche à marcher ou à saisir. Avec leur prothèse mécanique ils sont devenus hybrides. Une œuvre forte sur le handicap (78 minutes).

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