Cyclisme Aubervilliers

Le Grand Chelem pour les filles de St Michel Auber 93 !

Dimanche 26 septembre, l’équipe cycliste d’Aubervilliers a remporté haut la main la Coupe de France Dames 2021 : 5 épreuves, 5 victoires par équipe et 2 victoires individuelles. De bon augure avant de passer l’an prochain au niveau supérieur, les courses internationales UCI.

« Bonjour, bienvenue ! Vous allez être toute la journée avec nous ? Chouette ! » Son maillot orange déjà sur les épaules, Océane Tessier nous accueille avec un grand sourire. Elle est la première au rendez-vous auprès du camion siglé des célèbres galettes, garé dans une zone pavillonnaire de Rambouillet qui n’en revient pas de voir autant d’animation un dimanche matin. Petit à petit, les coéquipières arrivent tout sourire dehors, s’équipent, mais surtout papotent, chantent sur du Vianney… Tandis que Barbara Fonseca donne des conseils coiffure à Océane Georgen, Valentine Fortin et Margot Pompanon montrent la vidéo de leur dernière chorégraphie (!), Sandrine Bideau se méfie : « Ces deux-là, lorsqu’elles m’envoient une vidéo, je regarde qui j’ai autour de moi avant de l’ouvrir… On ne sait jamais avec elles ! ». Il y a de l’ambiance chez les Madeleines, comme elles aiment à se surnommer !
Ordinateur en main, Charlotte Bravard, directrice sportive de l’équipe féminine d’Auber détaille les difficultés des 119,9 km dans la vallée de Chevreuse et donne ses consignes. Les Madeleines se font attentives, sérieuses. « Vous n’avez pas la pression de marquer des points, alors faites une belle course, on vise la victoire individuelle. Soyez offensives. Si une attaque ne marche pas, on rentre et on recommence ! Et si vous partez, c’est à bloc ! Faites-vous plaisir, communiquez entre vous. Barbara, tu seras capitaine de course. »

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Une femme aux commandes

Charlotte Bravard est l’une des rares femmes directrices sportives du peloton. Championne de France 2017 et coureuse chez St Michel Auber, elle a renoncé à sa carrière sportive après des pépins physiques, une grossesse et le covid. Stéphane Javalet, le directeur général historique lui a alors proposé un projet intéressant : passer son DEJEPS (diplôme entraîneur performance) et devenir directrice sportive de l’équipe féminine. « Stéphane m’a dit qu’avec mon expérience du haut niveau, des courses, du peloton féminin, je pourrais être un atout pour développer une équipe féminine performante. J’ai dit oui ! »

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La course commence. Charlotte Bravard la suit depuis sa voiture de « D.S. », directrice sportive, avec un grand numéro 1 collé sur la vitre arrière, signe que son équipe est leader au classement. Un atout, car sa voiture sera tout au long de la course la plus proche des « coursières ». On repère facilement les maillots orange, tous dans le premier tiers du peloton de 149 concurrentes. Bon signe.

Une Madeleine dans l’échappée

La course comporte 5 boucles autour de La Celle-les-Bordes, entre champs, bois et vallons. Au deuxième tour, le directeur de course annonce une échappée à la radio. Le numéro 1, l’as, Sandrine Bideau est parmi les 6 à tenter de se faire la belle. La tension monte d’un cran dans la voiture St Michel Auber 93. L’an dernier, sur cette même course, Sandrine Bideau s’était déjà échappée. 50 km d’efforts avec une autre concurrente pour finalement se faire reprendre par le peloton à 5 km de l’arrivée… Charlotte Bravard, qui connaît par cœur les coureuses du peloton, analyse ses partenaires d’échappée : une junior, des nationale 2, pas trop de danger pour une rouleuse comme Sandrine. Il n’y a que cette sprinteuse, Marie Gielen…

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Une minute 40, une minute 50, 2 minutes, 2 minutes 40… L’écart entre les échappées et le peloton grandit et les voitures des D.S. sont autorisées à se placer derrière les fuyardes. Charlotte Bravard s’approche de Sandrine pour lui donner ses consignes : « N’en fais pas trop, attends le dernier tour et sors dans Clairefontaine. (ndlr Accélère et lâche les autres dans la montée de Clairefontaine). Si tu veux gagner une Coupe de France, c’est aujourd’hui ! La plus dangereuse, c’est Marie Gielen. Il ne faut pas que tu sois avec elle au sprint, tu la lâches avant. »

Le courage de Sandrine

La situation reste stable, Charlotte glisse un « Pourvu que ça tienne… » Mais, d’un coup, le peloton se met en ordre de marche et l’écart avec les échappées se réduit, plus qu’une minute 45. Changement de tactique, Charlotte s’approche de nouveau de Sandrine, échange par la fenêtre ouverte de la voiture, à 35 km/h :
« Tu te sens comment ?
 OK, ça va.
 Il ne reste plus que 1’45. Tu te sens d’attaquer sur la bosse d’arrivée ?
 Ok, je vais le faire. »

Attaquer à cet endroit, c’est prendre le risque d’effectuer ensuite une boucle complète de 20 km, seule contre toutes les autres lancées à sa poursuite. C’est savoir que le cœur va cogner, cogner, que l’air brûlera mais qu’on n’en aura jamais assez, que les jambes feront mal mais qu’on continuera quand même. La définition du courage.

Vers la victoire

Le peloton a quasiment fait la jonction, quand Sandrine place son démarrage, en bas de la côte. Radio Tour annonce 35 secondes d’avance, 45 secondes… Charlotte, d’ordinaire si calme, lance un « Allez Sandrine ! Tu peux le faire ! Plus que 13 km… » Mais le peloton s’organise, des équipes se mettent en chasse. Une nouvelle victoire pour Auber, ça n’a pas l’air de leur plaire… 30 s, 25 s, 20 s, 15 s…
Sandrine est rejointe par le peloton, au même endroit que l’année précédente…. « Je suis dégoûtée pour elle, souffle la directrice sportive. Mais maintenant, une autre course commence ! On a plusieurs cartouches, une autre fille peut partir, et on a Valentine pour le sprint… » C’est le moment où une belle pluie d’orage fait son apparition. Le signal pour Barbara Fonseca qui tente de s’échapper. Après la course elle expliquera : « Je n’aime pas la pluie, rouler avec les autres c’est dangereux. Alors je pars devant, moins de monde à gérer et puis avec la pluie tout peut arriver, ça peut passer ! » Pas cette fois, elle est reprise par le peloton. Ça se jouera au sprint, après une belle montée bien raide.

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Avant la course, Valentine Fortin avait lâché : « Ce qu’il faut, c’est calculer son effort dans la montée pour être devant et basculer sur le plat avec déjà le plus de vitesse possible, après il n’y a plus que 200 m, il faut être à bloc ! » Méthode gagnante, Valentine Fortin gagne l’épreuve ! Et comme ses coéquipières sont également bien placées, Auber gagne aussi le classement par équipe. Carton plein, alors à Sandrine Bideau, Laura Da Cruz, Valentine Fortin, Océane Georgen, Mélanie Guédon, Barbara Fonseca, Margot Pompanon, Océane Tessier, chapeau Mesdames !

Reportage photo : Sylvain Hitau

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