Le Département mobilisé dans la « course contre-la-montre » de la vaccination Covid
Depuis lundi 18 janvier, la vaccination Covid est ouverte aux personnes de 75 ans et plus, dans 17 centres en Seine-Saint-Denis. Deux d’entre eux sont pilotés par le Département, à Pierrefitte et Noisy-le-Grand, chacun administrant du lundi au samedi 50 doses quotidiennes. Les créneaux sont complets jusqu’au 13 mars. Reportage en vidéo.
Dix heures 10, en ce lundi matin. Les précieux vaccins contre le Covid viennent de passer la porte du collège Courbet de Pierrefitte, acheminés en glacière de l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay. Ils sont aussitôt stockés et « préparés » par Edwige Ahouanye, infirmière-directrice au centre de Protection Maternelle et Infantile des Pinsons à Pierrefitte, et reconvertie pour l’occasion en maillon du dispositif vaccination Covid. « En tant qu’infirmière en PMI, je suis chargée de la vaccination des tout-petits. Dès lors que ce vaccin a passé les tests des autorités de santé, il était donc tout naturel pour moi que je participe à l’effort vaccinal contre le Covid », explique cette professionnelle de santé qui vient de finir de « reconstituer » les vaccins : un flacon Pfizer contient en effet 6 doses de vaccin, auquel on ajoute une solution de chlorure de sodium.
Les voilà prêts à être injectés, pour enfin endiguer une épidémie qui a déjà fait plus de 70000 morts en France et entraîné des conséquences économiques et sociales désastreuses.
Depuis lundi 18 janvier, ils sont désormais 96 000 personnes supplémentaires à y être éligibles en Seine-Saint-Denis. A compter de cette date, le plan de vaccination contre le coronavirus dépasse en effet les seules personnes en Ehpad et concerne désormais les personnes de 75 ans et plus, le personnel soignant de plus de 50 ans et les personnes affectées par de graves pathologies (cancer, insuffisance rénale…)
En Seine-Saint-Denis, 17 centres de vaccination accueillent depuis lundi les personnes souhaitant se faire vacciner, sur rendez-vous préalable, dont deux sont entièrement gérés par le Département : au collège Courbet de Pierrefitte et au collège international de Noisy-le-Grand. Ces deux établissements ont en effet mis à disposition des locaux, bien sûr à l’écart de l’espace de cours des collégiens.
Soulagement psychologique
Ce qui explique qu’André Benoît, 82 ans, et José Alvarado Marchant, 79 ans, aient ce jour-là repris le chemin du collège… Alors ? « Même pas mal ! », sourit André, qui a sauté sur l’occasion pour venir de Romainville se faire vacciner avec son ami José. « Au service militaire, où on avait aussi droit à des vaccins, c’était autre chose, croyez-moi ! Là on sent rien… Blague à part, le vaccin est une forme de soulagement psychologique. Je ne sais pas si on peut aller jusqu’à dire que la vie sera normale après ça, car la route est encore longue. Mais disons que ce sera quand même plus facile de se revoir, notamment avec mes petits-enfants. », commente ce jovial retraité, ancien comédien. « Ce virus a fait beaucoup de dégâts : en vies et aussi socio-économiques. Alors face à cette situation, le vaccin est la meilleure réponse. C’est la seule façon de se battre contre cet ennemi », complète son copain José.
Les deux amis ont suivi ce jour-là le parcours de vaccination bien organisé du Département : accueil et vérification de la prise de rendez-vous par une professionnelle de santé, consultation médicale avec un docteur issu du Service Prévention et Actions Sanitaires ou du réseau de PMI du Département, vaccination, puis un quart d’heure de surveillance, pour s’assurer que tout va bien. Avant de repartir avec une date pour la deuxième dose, trois à quatre semaines plus tard.
« Cette forte mobilisation du Département démontre une nouvelle fois que quand le gouvernement fait appel aux acteurs locaux, ceux-ci répondent présents », soulignait Stéphane Troussel, le président de la Seine-Saint-Denis. Avant toutefois d’émettre un regret : « On nous avait demandé de nous organiser pour pouvoir assurer 100 vaccinations par jour et par centre. Mais nous venons d’apprendre par l’ARS que nous n’aurions que de quoi en faire 50 par centre. Il y urgence à ce que le gouvernement fasse la transparence sur les stocks, car cette vaccination est une course contre-la-montre pour tout le monde… » Un trop faible nombre de doses que certains attribuent au ralentissement de la production de Pfizer, mais qui met en tout cas en péril le lancement de 3 autres centres départementaux, qui doivent ouvrir au 1er février...
Plannings complets jusqu’au 13 mars
En l’état, les personnes à l’heure actuelle éligibles au vaccin en Seine-Saint-Denis devront donc prendre leur mal en patience, car les plannings dans les deux centres départementaux sont complets jusqu’au 13 mars.
Une affluence que Marie-Claire de Medeiros, responsable pour sa part de l’autre centre de vaccination départemental de Noisy-le-Grand, expliquait ainsi : « On sent que cette tranche d’âge a envie de reprendre sa vie sociale, de voir ses petits-enfants. C’est une population qui a été isolée et mise à mal par le contexte du confinement. »
Là, à l’autre bout du Département, les rendez-vous pour un premier vaccin se sont aussi succédé. « Il y a finalement assez peu d’interrogations sur la dangerosité du vaccin de la part de cette population, remarque Marguerite Simon, médecin de PMI affectée ce jour-là à la consultation. On a plus de questions sur l’efficacité du vaccin et sur la possibilité de contaminer d’autres personnes même si on est vacciné. Sur cette dernière question, on ne sait pas encore véritablement, ce qui amène à garder évidemment les masques, mais je leur réponds que se faire vacciner soi déjà, c’est important car cela signifie aussi protéger l’hôpital d’une saturation... » Dans la salle d’attente, d’ordinaire une salle d’activités du collège, Maryse et son mari Michel Majesté ont eux aussi bientôt fini leur quart d’heure de « surveillance ». « Une bonne chose de faite ! », se félicite ce couple de Noiséens, 75 ans tous les deux, avant d’enchaîner : « C’est bien que le Département ait réagi en ouvrant des centres. Ça permet de se faire vacciner pas trop loin de chez soi, car la première inscription que nous avions faite était à Montfermeil… Maintenant, on connaît le chemin, pour la deuxième dose ! »
Christophe Lehousse / Photos : Nicolas Moulard
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