Le Département met les watts pour plus de mixité femmes-hommes dans l’emploi
Mardi 11 juin, le club FACE 93 a présenté son programme Watt Elle’s, destiné à féminiser des métiers considérés comme masculins. Neuf femmes engagées dans un cursus en alternance dans la filière électrotechnique composent la première promotion. Un dispositif innovant soutenu par le Département, qui a d’ailleurs signé une charte avec FACE 93.
« A part faire de petites réparations chez moi, je n’avais pas plus de notions que ça en électro-technique. C’est mon conseiller Pôle Emploi qui m’a parlé de cette possibilité, et depuis je m’y trouve très bien. » Comme 8 autres femmes, Fatoumata-Krysta Lingani fait partie de la première promotion « Watt Elle’s » mise en place par le club FACE 93 (Fondation Agir contre l’Exclusion), avec l’aide du Département de la Seine-Saint-Denis.
Au moment de leur recherche d’emploi ou de leur reconversion professionnelle, ces neuf habitantes du département ont été orientées avec leur accord vers une formation en alternance dans les métiers de l’électro-technique. Le but recherché : féminiser des métiers considérés à tort comme masculins et tendre ainsi vers une certaine mixité dans l’emploi.
Partenaire régulier du Département avec lequel il vient d’ailleurs de signer une Charte Seine-Saint-Denis Egalité (voir encadré), le club d’entreprises FACE 93 a ainsi su mobiliser son réseau - le centre de formation de l’Aforp à Drancy et des entreprises du territoire – pour lancer « Watt Elle’s ».
Le principe : une formation de deux ans sur un bac pro en alternance. Pendant 2 semaines, Fatoumata-Krysta travaille ainsi à de la maintenance générale pour Engie Cofély avant de revenir pour 2 autres semaines suivre ses cours sur le site de l’Aforp à Drancy. Myriam Aït Serhane, Aulnaysienne d’une trentaine d’années, est elle en poste sur le site de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, également pour Engie Cofély.
Autre exemple : Myriam Gabet, employée quant à elle chez Engie Ineo. « Au moment de commencer, dire que je n’avais pas d’appréhension serait mentir. Je me demandais si je serais acceptée dans un milieu où, en effet, je suis la seule femme. Mais ça s’est très bien passé : l’équipe est très accueillante et la transmission de savoirs se passe idéalement pour moi », raconte cette quadragénaire. Passée auparavant par la comptabilité en entreprise puis 10 ans à la Poste, elle s’épanouit visiblement dans son nouveau projet. « Mon père était artisan électricien et aujourd’hui je suis fière de marcher dans ses pas », témoigne-t-elle, tout en contemplant le trophée en métal que chacune de ces neuf « pionnières » a reçu pour l’occasion.
Interrogé sur les raisons qui amènent des secteurs comme le BTP à être majoritairement masculins, à l’heure où la pénibilité du travail est pourtant moindre, Denis Delannoy, président du club FACE 93, désigne avant tout le « manque de candidates ». « Très souvent, ce sont les femmes elles-mêmes qui ne songent pas à ces métiers-là ou qui se fixent des barrières. Il peut évidemment y avoir des préjugés de la part de certains employeurs, mais pas plus que dans le secteur des services », assure-t-il. Fatoumata-Krysta, nouvelle électrotechnicienne, ne lui donne pas tort, mais va plus loin : « c’est surtout une question d’éducation je pense. Depuis toutes petites, on nous dirige consciemment ou non vers certains métiers- la petite enfance, les soins à la personne. Alors que ce n’est pas nécessairement l’envie de toutes les petites filles », explique cette jeune Clichoise qui dit avoir toujours été attirée par des métiers dits masculins.
Et l’intérêt des entreprises à collaborer à un tel programme ? « Nous sommes confrontés à une problématique de recrutement. Les métiers du BTP n’attirent pas forcément. En même temps, nous avons un déficit de femmes sur les fonctions opérationnelles. Watt Elle’s nous permet donc de résoudre ces deux problématiques », détaille Vincent Delabrosse, directeur régional d’Eiffage Energie.
A travers cette première promotion exclusivement féminine, FACE 93, alliée au Département, prétend donc prêcher par l’exemple, aussi bien auprès des demandeuses d’emploi que des employeurs. « Il s’agit pour nous de montrer qu’on peut y arriver. Le but est de faire des émules, chez les femmes comme auprès des entreprises », renchérit Denis Delannoy. Riche de 9 éléments cette année, Watt Elle’s devrait ainsi s’élargir à 30 l’année prochaine, compte tenu du nombre de candidates intéressées (autour de 70). Une stratégie par l’exemple qui à en croire Moussa Benabdallah porte bel et bien ses fruits. Rencontré au cours de la visite de l’Aforp, ce conseiller Pôle emploi de Drancy confirme : « Souvent, les femmes que je reçois ne pensent pas à ces secteurs d’activité. Ou alors, c’est l’environnement de ces métiers qui leur fait peur. Evoquer les cas de figure de femmes qui sont parvenues à faire carrière dans ces filières, ça marche effectivement. »
Et les 9 électrotechniciennes en question, qu’en disent-elles ? Se perçoivent-elles comme des exemples pour d’autres femmes ? « A titre individuel, ce serait bien prétentieux, analyse Myriam Aït Serhane. Mais je dirais qu’à titre collectif, oui, il y a de ça. On a toutes des âges différentes, on vient de milieux différents et on a toutes fait des études différentes. Et pourtant on a toutes trouvé notre place, donc si c’est possible pour nous, c’est possible pour d’autres... »
Christophe Lehousse
Photos : @Daniel Ruhl
Mobilisé dans sa lutte pour un emploi sans discrimination, le Département poursuit sa politique de partenariats avec des acteurs du territoire. Mardi 11 juin, le Département a ainsi signé une charte avec Face 93, club d’entreprises défendant l’insertion et la diversification des profils recrutés. « Le Département s’est fixé pour but de favoriser l’égalité sous toutes ses formes. Et l’égalité passe évidemment aussi par la mixité dans l’emploi. Ce programme Watt Elle’s est donc une bonne illustration de ce que le Département et Face93 peuvent réaliser ensemble », a déclaré Nadège Grosbois, vice-présidente du Département chargée de l’économie et de l’emploi, au moment de la signature. Sachant que Watt Elle’s n’est qu’un exemple parmi d’autres des dispositifs mis sur pied par Face93 : ce programme possède ainsi son exact pendant avec « Tout k’hommes », qui vise lui à augmenter la part d’hommes dans des métiers majoritairement féminins comme l’accueil de la petite enfance ou les soins en milieu hospitalier. Ou encore « Wifilles », projet consistant à orienter des collégiennes ou lycéennes vers les métiers du numérique, où l’autocensure est traditionnellement forte chez les jeunes filles.
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