Coronavirus Protection de l’enfance

Le Département engagé aux côtés de la protection de l’enfance

Jeudi 2 avril, le Département a décidé de rouvrir l’internat du collège international de Noisy-le-Grand pour pouvoir y héberger temporairement des enfants de l’Aide sociale à l’enfance possiblement atteints de Covid-19. Un dispositif mobilisant au total une trentaine de personnes.

Servir de possible soupape de sécurité auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) : c’est le but du dispositif mis en place jeudi 2 avril par le Département. Depuis ce jour, l’internat du collège international de Noisy-le-Grand, qui avait fermé ses portes le 16 mars dernier, est ainsi rouvert pour des enfants de l’Aide sociale à l’enfance qui présenteraient des symptômes du Covid-19, sans nécessiter d’hospitalisation.
« Le but est de prévenir des situations qui pourraient devenir problématiques : un établissement d’accueil qui n’aurait pas de place dans ses murs pour mettre ces enfants à l’isolement, ou un enfant dont l’assistante familiale serait tombée malade et pour lequel on ne trouverait pas de réorientation vers une autre famille d’accueil », explique Pierre Stecker, directeur de l’enfance et de la famille au Département.
Dans les 65 établissements d’accueil du département, il n’existe en effet que 400 places à l’isolement en cas de suspicion de Covid-19, pour 1950 enfants confiés à ces foyers. Et pour les 1200 enfants confiés à des familles d’accueil, il faut là aussi prévoir des solutions temporaires, évidemment prises en cas de force majeure. Pour prévenir tout risque, le Département a donc souhaité créer cette structure combinant éducatif et médical et pouvant prendre en charge jusqu’à 10 enfants dans un premier temps.
Pour l’instant, l’établissement accueille deux enfants, l’un arrivé dès l’ouverture, l’autre plus récemment. « Pour le premier, c’est un adolescent de 15 ans, dont l’assistante familiale est tombée malade et pour qui nous avons jugé qu’il était préférable de le mettre temporairement à l’internat plutôt que de le réorienter vers une autre famille d’accueil, ce qui est toujours délicat. L’autre est un enfant de 13 ans », explique Daphné Bogo, cheffe de service de l’ASE au Département. Ces deux enfants comme les autres possibles admissions resteront 14 jours, le temps d’un isolement classique en cas de suspicion de Covid-19. Avant qu’ils ne retrouvent évidemment leurs repères habituels.

Des éducateurs aux petits soins

Pour s’occuper d’eux et leur apporter toute l’attention nécessaire, une équipe pluridisciplinaire composée d’un quinzaine de personnes, travailleurs sociaux, éducateurs, infirmières puéricultrices, psychologues, d’un animateur et d’étudiants des IRTS (Institut régional du travail social) est sur le pont. Des médecins de PMI sont aussi mobilisables et passent au moins une fois par jour à l’internat. La partie logistique, importante, est elle assurée par 3 agents ATTEE pour l’entretien et la restauration, et une équipe de veilleurs de nuit pour la tranche nocturne.
« L’adolescent que nous accompagnons depuis maintenant 5 jours se sent bien, physiquement comme psychiquement. On a évidemment conscience que cette situation n’est pas facile pour ces enfants donc nos éducateurs sont aux petits soins. On discute beaucoup, les 3 psychologues présentes sont aussi toujours à l’écoute », explique Sihem El Haj. Cette responsable de circonscription de l’ASE à Aulnay-sous-Bois a aidé à concevoir cette structure d’urgence et s’est naturellement portée volontaire comme ses 15 collègues passée l’annonce du confinement : « On fait un travail qui ne peut s’arrêter avec le confinement. Cette solidarité, on la doit aux enfants, aux assistant·e·s famili·aux·ales, aux foyers : il ne faut pas qu’ils se sentent seul face à cette crise », insiste cette professionnelle.
Pour plus d’efficacité, les éducateurs se sont organisés en roulement de quatre groupes de trois. Chaque groupe de trois assurant une journée de 7h à 22h. Des journées rythmées par différentes activités : « Il y a possibilité de faire du sport dans la cour du collège, des jeux de société, tout ça évidemment dans le respect des gestes-barrières. On essaie aussi de ne pas négliger l’aspect scolaire, même si on est en période de vacances. », témoigne Sihem El Haj.
« On espère par là apporter tout le soutien nécessaire aux professionnel.le.s de la protection de l’enfance, mais aussi aux enfants, dans une période pas facile », conclut Pierre Stecker.

Christophe Lehousse


Trois questions à Pierre Stecker, directeur enfance et famille au Département

Avec le confinement, quelle est la situation globale dans les établissements de l’ASE du département ?

« La première semaine du confinement a été compliquée, avant un apaisement qu’on peut observer désormais. Au début, les craintes sur l’impact de l’épidémie étaient fortes alors que dans le même temps, les effectifs des établissements ont été réduits, du fait des professionnels passant en garde d’enfants et d’un certain nombre d’arrêts de travail. Le manque de masques par exemple et l’arrivée tardive de recommandations nationales sur les conduites à tenir ont créé un cocktail assez anxiogène. Beaucoup de professionnels exigeaient des masques, qui ne sont là qu’en petites quantités. Nous essayons au maximum de renouveler leur stock, même si ce n’est pas notre rôle. Notre consigne est de n’utiliser ces masques que s’il y a suspicion d’un cas et, si tel est le cas, que dans des situations d’interaction directe. S’ajoute à cela le fait qu’un confinement dans ces structures, où beaucoup d’enfants présentent déjà des parcours de vie difficiles, est compliqué. Il peut y avoir un effet « cocotte minute » lorsque ces enfants ou jeunes ne sortent pas, ne sont plus scolarisés, ne bénéficient plus de la même prise en charge psychologique ou de leur handicap pour certains d’entre eux. Il y a fort heureusement un véritable engagement des professionnels du secteur, et le Département a dès le début structuré une offre de services pour les gestionnaires d’établissement, en diffusant des informations quotidiennement, en ouvrant ses crèches pour la garde d’enfants des professionnels du secteur, en mettant sur pied une plateforme de volontaires à mettre à disposition, issus des services du Département.. »

Qu’en est-il des mineurs non accompagnés, qui sont aussi du ressort du Département ?

L’espace européen est fermé donc il n’y a pas de nouveaux jeunes qui se présentent. Les mineurs non accompagnés (MNA) sont pour certains hébergés en hôtel (plus de 570), les 1200 autres MNA ou MNA devenus majeurs accompagnés par le Département sont pris en charge dans des structures collectives dédiées, ou en foyers de jeunes travailleurs. Le confinement place évidemment dans des situations plus difficiles ceux qui sont en hôtels, mais leurs éducateurs référents continuent de garder le contact avec eux. Le Département a aussi augmenté le montant de l’aide qui leur était destinée : eux qui étaient en demi-pension sont désormais en pension complète.

Enfin, comment se passe le confinement dans les familles d’accueil ?

La situation est différente, car on y vit normalement le confinement comme tout un chacun. Néanmoins, certaines assistantes familiales nous ont également fait remonter des peurs légitimes, et ont besoin plus que jamais de l’accompagnement du bureau de l’accueil familial pour assurer l’accueil des enfants, le suivi de leur scolarité, ou encore gérer au quotidien les situations complexes. Les prises en charge dans certains lieux d’accueil de jour se sont aussi arrêtées donc les repères des familles et des enfants sont chamboulés… Mais beaucoup d’assistant.e.s famili.aux.ales sont exemplaires dans la difficulté, et leur service a maintenu une continuité de soutien à la fois technique et psychologique..

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