Laure, pharmacienne : "Les premiers jours, ça a été l’enfer"
Elle est pharmacienne, lui magasinier, il est chauffeur routier, elle infirmière. Tou·te·s opèrent en Seine-Saint-Denis. Et tou·te·s, malgré les mesures de confinement prises contre la pandémie de coronavirus, se rendent chaque jour sur leur lieu de travail pour maintenir le fonctionnement du pays. Pour Le Mag de Seine-Saint-Denis, ils·elles racontent leur quotidien d’"inconfinables".
Laure, propriétaire d’une pharmacie dans le centre-ville d’Aulnay-sous-Bois :
« Mes collègues et moi-même faisons partie de ces professionnels de santé qui font directement face à l’épidémie. La question du confinement ne s’est évidemment pas posée, un pharmacien doit assurer une continuité de soins. Les premiers jours, ça a été l’enfer car on a eu affaire à trois fois plus de clients qu’à l’accoutumée, tous plus affolés les uns que les autres. Certains venaient nous réclamer des masques plusieurs fois par jour alors qu’une affichette placardée sur la porte d’entrée indiquait que, comme tout le monde, nous étions en rupture de stock. C’est un comportement irresponsable car ces personnes écument toutes les pharmacies de la ville en courant le risque de contracter le virus ou de le propager. D’autres se sont rués sur le Doliprane. L’Ibuprofène pouvant aggraver les symptômes en cas de Covid-19, une partie de la clientèle a jeté son dévolu sur cette marque de paracétamol, persuadés, pour certains d’entre eux, que c’était le remède miracle. Aujourd’hui, c’est l’hydroxychloroquine [une molécule de synthèse utilisée dans la prévention du paludisme qui est actuellement administrée aux malades souffrant de formes graves du coronavirus et qui fait l’objet d’essais cliniques en vue d’une validation éventuelle, ndlr] qui a le vent en poupe. De toute façon, c’est un médicament uniquement délivré sur ordonnance et toutes les boîtes ont été réquisitionnées par les hôpitaux.
Nous avons aussi rappelé aux clients qu’en période de confinement, il était inutile d’acheter du gel hydro-alcoolique, le savon est tout aussi efficace et moins cher. Le matin, je ne pars pas de chez moi la boule au ventre parce que j’évite de me poser des questions. Je pense aussi à la survie de la pharmacie car j’en suis propriétaire et que j’ai des employés et des charges à payer. Dans mon équipe, une personne a été infectée avant la mise en quarantaine et deux autres ne peuvent pas venir car elles gardent leurs enfants à la maison.
Comme dans les magasins d’alimentation, nous avons installé des vitres en plexiglas sur les comptoirs. Nous avions un tout petit stock de masques qui est très vite parti. Ceux qu’il nous reste servent à mes employés. Moi, je n’en porte pas car je suis essentiellement dans l’arrière-boutique pour m’occuper de la logistique. Des sociétés opaques nous en ont proposé mais nous devions avancer l’argent, cela fleurait bon l’arnaque. Avec d’autres professionnels de santé d’Aulnay-sous-Bois, nous avons créé un groupe WhatsApp pour partager des informations essentielles sur cette crise sanitaire. Notre clientèle est composée en bonne partie de personnes âgées, un public qui a besoin d’être rassuré. On leur recommande de rester chez eux, ce qui est difficile pour ceux dont la sortie à la pharmacie représentait l’activité principale de la journée. »
Propos recueillis par Grégoire Remund
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