J.O.P Tokyo Karaté Pierrefitte-sur-Seine

Lamya Matoub combattra à Tokyo !

La karatéka franco-algérienne Lamya Matoub défendra les couleurs de l’Algérie aux Jeux olympiques de Tokyo le 7 août 2021. Une consécration pour cette jeune Pierrefittoise au palmarès impressionnant, médaillée mondiale en 2018 et longtemps membre de l’Équipe de France.

« C’est incroyable, j’ai peut-être une chance d’aller encore plus loin que mon rêve d’être championne du monde » s’enthousiasme la pétillante athlète classée dans la catégorie des plus de 61 kg. Persuadée que la préparation mentale fera la différence pour le podium, elle travaille aussi sur la gestion de ses émotions avec un sophrologue et une hypnothérapeute, tous deux anciens champions de karaté. Calme et très concentrée quinze jours avant les kumités (combats) de sa vie, la karatéka avait toutefois réagi à l’annonce de sa qualification aux JO à la mi-juin par des cris et des larmes de joie de près d’une minute, en pleine interview téléphonique avec votre serviteuse.

Maîtresse à l’école et en arts martiaux

La championne multi-médaillée a découvert le karaté par hasard à sept ans en assistant à un entraînement de son frère au dojo de l’Association amicale et sportive de Sarcelles. « Sur le tatami, je corrigeais les défauts techniques de mon frère en douce » , raconte la sportive aujourd’hui âgée de 29 ans. « Son entraîneur a entendu un de mes conseils et m’a félicitée en me disant que lui-même n’avait jamais remarqué ces détails chez Ghilas. Cette anecdote a été un vrai déclic pour moi ». La Pierrefittoise se découvre une passion et un grand talent pour cet art martial en battant les ceintures marron dès ses premiers mois de pratique !
Après une scolarité à Stains et un baccalauréat scientifique, Lamya obtient une Licence en STAPS puis décroche haut la main le concours de professeure des écoles en étant classée 23ème de toute l’académie. Une gageure pour celle qui consacre plus de 16 heures par semaine à son sport, entre séances de karaté, musculation et préparation mentale. « Je dois être extrêmement organisée pour réussir ma double vie » confie-t-elle. « Je pense que je dois ma carrière à cette volonté de tout faire pour que le travail et la persévérance paient... ».
L’institutrice, qui n’aborde jamais son palmarès devant ses élèves de maternelle, collectionne pourtant les premières places des podiums nationaux et internationaux. Sept fois médaille d’or en Coupe de France et vice-championne d’Europe en 2012, elle intègre l’Équipe de France pendant trois ans. Déçue d’avoir été mise sur la touche pour les Championnats du monde à Paris, elle décide de défendre en 2014 les couleurs de l’Algérie, qui la soutient massivement et sans aucune réserve.

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Mental d’acier et cœur d’or

Ceinture noire 3ème dan, la jeune athlète engrange pour ce pays de nombreuses victoires internationales, dont un titre mondial historique puis le titre de numéro 3 mondiale en 2018. Elle remporte deux fois les Jeux africains et devient championne d’Algérie en équipe et en individuel en 2015. Malgré une grosse entorse, elle décroche la médaille d’or aux Jeux mondiaux 2017 à Wrocław en Pologne et crée un immense engouement en Afrique du Nord. « Dans le village kabyle de Tigounatine où j’ai toujours passé mes vacances, j’ai eu droit à une réception incroyable avec plus de 5000 personnes, des haies d’honneur... C’était fou... » se félicite-t-elle.
Très attachée à la Seine-Saint-Denis, la sportive a aussi initié les enfants du département à « l’art de la main vide » au Stade de France. Par ailleurs, elle anime depuis septembre 2020 avec l’association Fight for dignity des ateliers hebdomadaires de karaté auprès de femmes victimes de violences à la Maison des femmes de Saint-Denis. L’objectif : les aider à se reconstruire tant physiquement que mentalement par l’apprentissage des techniques de base et des exercices de relaxation pour retrouver confiance en elles. « Quand une personne subit des violences, son corps et son esprit peuvent se dissocier. Reconnecter le corps au mental, c’est la porte d’entrée pour se sentir mieux », explique Lamya qui salue leur détermination à vouloir s’en sortir coûte que coûte.

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Ultra-concentrée deux semaines avant l’épreuve, la karatéka surdouée veut profiter à fond de cette unique compétition olympique dans le pays berceau du sa discipline et espère enchaîner en novembre avec les championnats du monde de Dubaï. « On n’a qu’une gachette et je vais me donner à 200% sur le tatami... Et quel que soit le score, je le prendrai avec beaucoup de recul et de positivité ». On lui souhaite de revenir avec de l’or, le métal préféré des athlètes...

Crédit-photo : Daniel de Barros et Patricia Lecomte

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