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La réouverture du parc Georges-Valbon : « un soulagement » pour les habitant·e·s

Décidée jeudi 14 mai, la réouverture du parc départemental Georges-Valbon, à La Courneuve, a été accueillie très favorablement par la population. Après deux mois de confinement parfois plus durs qu’ailleurs, en raison notamment des conditions de logement, quelque 15 à 20 000 visiteurs ont ainsi déjà profité du parc, tout en respectant les règles sanitaires. Reportage.

« C’est simple, on revit. » Le sourire est encore timide sur les visages de Françoise et Estelle, comme si elles devaient se pincer pour y croire. Mais cette mère et sa fille, habitantes de Stains, ne perdent pas une miette de leur promenade à Georges-Valbon, en ce vendredi après-midi. « Le confinement a été dur : on vit en immeuble, on avait peur d’attraper le virus. Ayant quelques soucis de santé, on ne sortait pratiquement plus, juste pour le nécessaire. Ça représentait aussi beaucoup de contraintes logistiques : penser à tout au moment des courses pour ne pas avoir à ressortir tout de suite. », souffle Françoise, éducatrice à la retraite. Avant de reprendre : « Alors là, avec la réouverture du parc, on respire : désormais c’est balade tous les jours ! »
Sur de nombreux visages de visiteurs du parc, il y avait comme un air de soulagement en ce deuxième jour de réouverture. Jeudi 14 mai, le Département a en effet obtenu du préfet de la Seine-Saint-Denis la réouverture « partielle et expérimentale » de ce poumon du territoire, le troisième plus grand parc d’Ile-de-France. Entendez par là la restriction de certaines activités – les sports collectifs et l’installation sur les pelouses sont proscrits – et la fermeture au public de certains secteurs tels que les aires de jeux ou de fitness.

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Une éco-garde, jeudi 14 mai

Des conditions qu’une immense majorité semblait avoir à cœur de respecter en cette après-midi ensoleillée. « Globalement ça se passe bien. Il y a parfois quelques rappels à l’ordre à faire, mais c’est très ponctuel. Tout le monde est conscient que c’est dans l’intérêt de tous de respecter les règles sanitaires, pour pouvoir continuer à profiter du parc », constataient Frédérique et Jade, deux éco-gardes mobilisées ce jour-là pour veiller au grain. Provenant parfois d’autres parcs - encore fermés - du territoire, ces personnels du Département sont chaque jour 8 à 10 à « patrouiller » à Valbon, ouvert de 7h30 à 20h, aux côtés d’un détachement de la police montée. C’est que même si les 417 hectares du parc sont plus que suffisants pour mettre en œuvre la distanciation sociale, il y a du passage : 15 à 20000 visiteurs depuis la réouverture. Postée ce jour-là auprès du grand lac, Jade se félicitait elle aussi de la réouverture du parc : « Pour beaucoup d’habitants, le confinement n’a pas été évident, du fait de logements exigus et de l’absence de jardins. Là, tout le monde souffle un peu… »

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Des usagers du parc, jeudi 14 mai

Marche sportive, vélo, trottinette, patins à roulettes : malgré les quelques restrictions, il y en avait pour tous les goûts. Wassim, 4 ans, pique par exemple des sprints sur la pelouse centrale. « Ressortir dans la nature, ça fait vraiment du bien. Ça change du train-train de la maison, des dessins animés : ça les fait s’aérer. », expliquaient Maher et Samar, habitants de Dugny, par ailleurs parents d’un petit Nissim. Ce couple souhaitait toutefois ne remettre son enfant à l’école qu’à la rentrée, « par précaution ».
A l’inverse d’Al, qui se disait prêt à rescolariser ses filles de 7 et 6 ans dès que leur école de Saint-Denis rouvrira. « Tant qu’il n’y a pas de rebond de l’épidémie, je suis favorable à ce que la vie reprenne. Il faut y aller, sinon le décrochage scolaire sera massif », estimait ce professeur de sport dans un collège parisien. « A Paris, où les parcs et jardins restent fermés, je peux vous dire que la population tourne un peu en rond, surtout les familles. Heureusement qu’ici, Valbon a rouvert. Cela dit, il faut tous qu’on fasse des efforts pour respecter les consignes sanitaires et ne pas précipiter une nouvelle fermeture du parc », soulignait ce père de famille.

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Des usagers du parc, jeudi 14 mai

Et puis, il y avait aussi tous ces sportifs, amateurs ou professionnels, pour l’instant privés de terrain de jeu et qui trouvaient en Valbon une bonne alternative. Au détour d’un chemin, on tombait ainsi sur deux joueuses de l’équipe de rugby AC Bobigny 93, venues là pour travailler leur jeu de passes, dans le plus strict respect des conditions sanitaires évidemment.
Confinées ensemble, Maureen et Lourdes appréciaient de retrouver les vertes étendues de Valbon, à défaut des poteaux du stade Henri-Wallon. Internationale espagnole, Lourdes avait toutefois une pensée pour sa famille et son pays, l’Espagne, lui aussi durement touché par la crise : « J’ai été inquiète car une bonne partie de ma famille est tombée malade, à Tolède. Ils s’en sont heureusement tous sortis, mais c’était dur de vivre la situation à distance, sans pouvoir rien faire... »
Dans son attente, la jeune femme aura toutefois pu compter sur le soutien de Maureen, sa coéquipière, et sur leur échange linguistique franco-espagnol. Et maintenant, pour se changer les idées, il y a Valbon… « Ça fait trois heures qu’on est là et on ne s’en lasse pas. La vie reprend, à défaut du rugby ! », savourait Maureen, ballon du club sous le bras.

Christophe Lehousse
Photos : @Nicolas Moulard

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