La régie de Stains les remet en selle
En ce mois de l’économie sociale et solidaire, focus sur la régie de quartier de Stains et son atelier d’auto-réparation de vélos, qui contribuent à créer de l’emploi de proximité et à donner vie au quartier.
« Venez venez, ici c’est mieux qu’à Decathlon ! » Hamich, salarié de l’atelier, fait signe d’approcher à Aboubacar et ses deux fils, venus avec leurs vélos à réparer. Ousmane, 11 ans et Moussa, 7 ans, se penchent avec intérêt au-dessus de leurs vélos, dont Hamich est en train de changer les chambres à air. « Ce sont des copains qui m’ont fait découvrir. J’aime bien venir ici, les gens de l’atelier m’apprennent des trucs de mécanique, ça m’intéresse », dit Ousmane, habitant de Stains. Pour seulement 10 euros d’adhésion à l’année, il est ainsi possible de venir au garage recevoir les conseils des employés ou d’en utiliser les outils, pour les plus aguerris.
Créé en 2017, l’atelier d’auto-réparation vélo de Stains est une des composantes de la régie de quartier de Stains, organisme d’insertion qui couvre différents secteurs d’activité : nettoyage, second œuvre dans le bâtiment, entretien d’espaces verts. « Notre but global, c’est de remettre sur le chemin de l’emploi certaines personnes qui en ont parfois été éloignées longtemps », explique Mathilde Lagrange, directrice de la régie. Plus que de véritables débouchés, les activités à la régie sont donc un support, pour retrouver certains réflexes et surtout la confiance. » Lancée en 2014, la structure affiche de belles réussites : en 4 ans, 130 personnes sont passées par la régie, pour un taux de retour à l’emploi ou vers une formation de l’ordre de 60 %.
Dans ce panel d’activités, l’atelier vélo ajoute incontestablement un plus. « Le vélo correspond bien à l’esprit « développement durable » de notre association. Et c’est aussi une bonne solution de mobilité. A Stains, où les transports sont un gros frein à l’emploi, le vélo est une bonne alternative pour beaucoup d’habitants », souligne Ana Moracin, chargée de projets associatifs à la régie.
Tous ensemble, les encadrants et la dizaine de salariés en insertion que compte l’atelier ont donc développé différentes initiatives pour populariser le vélo : vente de cycles retapés, distribution du journal municipal à vélo et même une vélo-école pour des adultes souhaitant apprendre sur le tard.
Ce jour-là, Amina, Hissani et Jalila, trois apprenties vélocypédistes, sont ainsi escortées par Véronique, une des salariées en insertion. « Apprendre à faire du vélo, c’est un rêve que je n’avais jamais osé réaliser jusqu’ici. Parfois j’avais même honte de dire que je ne savais pas en faire. Mais ici, on s’encourage mutuellement », témoigne Amina, très fière de faire désormais partie du groupe des confirmées. Et de se réjouir de bientôt pouvoir accompagner ses enfants à vélo. « Ce sera leur surprise de Noël », jubile-t-elle.
Véronique, de son côté, est aux anges : « Je suis bien ici. Le contact avec les habitants, autour des réparations ou des sorties vélo, me plaît. Ca me fait voir l’avenir positivement », dit celle qui a été orientée vers la régie par Pôle Emploi. Remise en selle, cette Stanoise se verrait bien continuer dans la mécanique, elle qui avec l’aide de l’association, a décroché un certificat de qualification professionnelle en mécanique cycles.
Sur la cinquantaine de salariés en insertion employés en continu, la régie, qui a fait partie des lauréats de l’appel à projets ESS du Département en 2017*, se bat de toute manière pour ne laisser personne en rase campagne. Bilal, de passage à l’atelier ce jour-là, fait ainsi partie des chanceux à avoir retrouvé un emploi après son passage par la structure : ce Stanois vient d’être embauché par Plaine Commune comme agent de voirie. « Comme quoi il ne faut pas désespérer. Cette embauche, je la dois aux compétences acquises ici en entretien des espaces verts et aussi au réseau de la régie », raconte-t-il.
Son réseau, la régie de quartier est justement en passe de l’étoffer grâce à la constitution d’un pôle ESS (Economie sociale et solidaire). Partageant les murs de l’ancien collège Maurice-Thorez avec deux autres associations aux actions voisines – le restaurant d’insertion Initiatives solidaires servant de cantine aux agents communaux, et l’organisme de formation SFM-AD offrant des formations linguistiques et dans le domaine de l’aide à la personne – les trois structures ont décidé de mutualiser leurs compétences. « Il n’est ainsi pas rare qu’un salarié en insertion passe d’une structure à l’autre, en fonction de son projet professionnel. », explique Ana Moracin.
Fidèle à l’adage selon lequel il ne faut jamais s’arrêter de pédaler pour ne pas tomber, l’association travaille déjà sur de nouveaux projets pour le futur : le développement d’une activité de livraison de plats cuisinés à l’aide de deux triporteurs, en partenariat avec la plateforme Cop’Cycle, sur le modèle des livreurs à vélo actuels. « Mais attention, notre but à nous n’est pas l’Uberisation de l’économie, prévient la directrice Mathilde Lagrange. Au contraire, nous voulons donner une alternative à ce modèle : avoir recours à nos livreurs, ce sera aussi soutenir l’insertion et le commerce de proximité ». A la régie, on ne pédale pas dans la choucroute.
*Cette année, 38 structures ont à nouveau été subventionnées par le Département dans le cadre d’un appel à projets ESS.
– Les ouvertures de l’atelier d’auto-réparation au public : les mercredi et samedi après-midi (de 14 à 18h) 47, rue George Sand à Stains
Photos :@Nicolas Moulard
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