Art contemporain Collèges

La palette des parcours éducatifs s’enrichit encore grâce à la Fondation Fiminco

Les premiers artistes en résidence de la Fondation Fiminco, immense espace dédié à l’art contemporain qui a ouvert ses portes en octobre 2019 à Romainville, sont désormais arrivés. En parallèle de leurs travaux personnels, ils interviendront aussi dans les collèges du Département, grâce à une convention signée mercredi 1er juillet entre la collectivité territoriale et la Fondation.

A notre arrivée, Philipp Timischl est en train de visser une sculpture métallique qui doit à terme supporter un écran. Cet Autrichien de 31 ans, qui dit notamment travailler sur les différences de classes sociales et les rapports de pouvoir, est l’un des 10 artistes qui, depuis le déconfinement du 11 mai, habitent la résidence de la Fondation Fiminco.
« C’est un plaisir d’être ici. Le dialogue avec d’autres artistes, d’autres cultures, est aussi très enrichissant », explique le jeune homme natif de Graz. « Je n’ai jamais travaillé dans des conditions aussi généreuses. On a tout ici : du matériel, de l’espace et du temps. Et le temps, c’est important pour pouvoir faire des projets sociaux, entrer en contact avec les habitants d’ici », renchérit à côté de lui Benny Nemerofsky Ramsay, arrivé lui du Canada.

JPEG - 86.6 kio

En septembre, ils seront 18 artistes au total - venus de partout dans le monde : Corée, Colombie, Mexique, Afghanistan mais aussi 6 Français - ainsi qu’une jeune commissaire d’exposition à habiter la résidence pour une durée de 11 mois et à se partager les ateliers mis à leur disposition par la Fondation : gravure, sérigraphie, photo et vidéo. Une partie d’entre eux entamera aussi à partir de la rentrée un travail pédagogique avec des collégiens du département. « Je ne sais pas encore ce que je ferai avec eux, mais notre échange tournera certainement autour des thèmes qui habitent mon œuvre : le féminisme et l’exil », glisse Kubra Khademi, une jeune Afghane dont l’œuvre, surtout faite de performances et de dessins, se nourrit de son propre vécu, hanté par les guerres.
« C’était naturel pour nous d’entamer un travail avec les collèges, appuie Joachim Pflieger, directeur de la Fondation Fiminco. Parce qu’on souhaite montrer que l’art contemporain n’est pas forcément facile ou élitiste. Bien au contraire, il peut être très vivant : en venant ici, les collégiens vont aussi pouvoir voir l’artiste au travail, le processus de création qui s’instaure… »
Dès la rentrée 2020-2021, la Fondation Fiminco va ainsi accueillir des visites de scolaires du département. Et ceux-ci auront de quoi faire, compte tenu du gigantisme du site (voir encadré). Installé dans les anciens laboratoires pharmaceutiques de Roussel-Uclaf, ce nouveau pôle artistique abrite déjà 4 galeries d’art (Air de Paris, Jocelyn Wolff, Sator et In Situ Fabienne Leclerc), en plus de la résidence d’artistes. A partir de décembre 2020, le Fonds régional d’Art Contemporain Ile-de-France y transférera aussi toutes ses œuvres, soit 2000 pièces au total. Et si seulement une partie de la collection sera visible à chaque fois, les collégiens et autres visiteurs auront déjà matière à découverte.
« Nous nous réjouissons d’avoir signé cette convention avec la Fondation Fiminco, soulignait de son côté Stéphane Troussel, le président de la Seine-Saint-Denis. Par leur volonté d’aller dans les collèges, ces artistes et la Fondation démontrent que l’art contemporain aussi peut se mettre à la portée de tous ». Investi depuis très longtemps pour faire entrer l’art et la culture dans les établissements, le Département enrichit ainsi encore sa palette de dispositifs éducatifs à destination des collégiens : parcours Culture et Art au Collège, résidence d’artistes In Situ, voyages scolaires Odyssée Jeunes… Grâce à Fiminco, c’est un voyage au cœur de l’art contemporain qui les attend.

Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard

La Fondation Fiminco participe au Bel été solidaire

Le site romainvillois de la Fondation Fiminco ne s’ouvre pas qu’aux scolaires. Dès juillet-août, il accueillera tous les mercredis des groupes de 10-15 personnes qui souhaiteraient le visiter dans le cadre du Bel été solidaire de la Seine-Saint-Denis. Ce dispositif, mis en place après la crise économique et sociale qui touche aussi le département après le Covid, entend proposer plusieurs activités estivales dans des différents domaines : culture, sport, maraîchage, artisanat… A partir du mercredi 22 juillet, réservez donc vous aussi votre visite gratuite de la Fondation sur https://ssd.fr/LeBelEteSolidaire

JPEG - 97.1 kio

De g à d : Joachim Pflieger (Fondation Fiminco), Stéphane Troussel président du Département, Gérald Azancot (directeur groupe Fiminco), Xavier Franceschi (directeur FRAC Ile-de-France) et Claude de Gerauvilliers (groupe Fiminco)

Un projet pharaonique

Le plus grand quartier culturel d’Europe. Voilà ce que souhaite à terme devenir le site de la Fondation Fiminco à Romainville. S’étendant sur 46000 m², les anciens laboratoires pharmaceutiques du groupe Roussel-Uclaf ne rêvaient sans doute pas à pareille seconde vie. En décembre prochain, avec l’ouverture des réserves du FRAC Ile-de-France au public et l’installation en septembre de l’école de design américaine de la Parsons School, le pôle art contemporain sera déjà complété.
Mais les ambitions de mécénat du groupe immobilier ne s’arrêteront pas là : un deuxième pôle, dédié au spectacle vivant, est déjà en chantier sur une parcelle adjacente. Là encore, d’anciens bâtiments de Roussel-Uclaf seront réhabilités pour accueillir un théâtre de 600 places qui doit notamment héberger les répétitions du Théâtre du Châtelet et la compagnie de la chorégraphe espagnole Blanca Li. Des investissements qui se chiffrent à 18 millions d’euros pour le pôle art contemporain et 24 millions pour le pôle du spectacle vivant. « Voilà déjà de nombreuses années que nous faisons du mécénat d’art, jusqu’à présent c’était plutôt dans le domaine de la musique. Là, on a souhaité investir le champ de l’art contemporain, notamment quand on a eu la garantie que le FRAC nous suivrait », détaille Gérald Azancot, président du groupe Fiminco, un promoteur immobilier également présent dans les opérations urbanistiques de la ZAC de l’Horloge, quartier qui entoure la Fondation Fiminco. « On utilise une partie de nos ressources pour les injecter dans la Fondation car on pense que ce poumon unique donnera aussi une certaine qualité de vie au quartier », conclut Gérald Azancot.

Christophe Lehousse
Partager

Dans l'actualité