Arts visuels Arts de la rue Aubervilliers

La Villa Mais d’Ici, tous les chemins mènent à Auber

Tous les mercredis après-midi, la friche culturelle La Villa Mais d’Ici, basée à Aubervilliers, anime des ateliers de création avec les habitant·e·s. L’occasion de vivre un moment de partage agréable et de découvrir un lieu étonnant, qui abrite quelque 50 compagnies artistiques.

A première vue, c’est un ancien entrepôt industriel, aux murs beiges et un peu décatis. Mais poussez la porte, et vous entrez dans un monde féérique et foisonnant, digne d’Alice au pays des merveilles ou de Charlie et la chocolaterie. Voilà 18 ans que la Villa Mais d’Ici, collectif réunissant des compagnies artistiques, enchante les lieux. Dans cette ruche radieuse, déjà vaccinée contre le Covid par sa bonne humeur et son esprit positif, une cinquantaine de compagnies charbonnent à longueur de temps. Oui, charbonnent, car le lieu est une ancienne usine à charbon, transformée par ses fondateurs Jean et Babette Martin en « friche culturelle », un peu dans l’esprit de Mains d’Oeuvres à Saint-Ouen ou de la Briche à Saint-Denis.
Et si la Villa Mais d’Ici est d’ordinaire un lieu de travail pour ses résidents, elle s’ouvre volontiers sur l’extérieur : chaque mercredi après-midi, un des hôtes des lieux propose ainsi un atelier de création aux habitants, entièrement gratuit. En ce mercredi de début mai, c’est au tour de la compagnie Méliadès, spécialisée dans les arts de la rue. Son projet : constituer le décor d’un spectacle qu’elle jouera lors des prochaines Journées du Patrimoine, à l’occasion de l’exposition collective des artistes du lieu (du 17 au 25 septembre), sur le thème bienvenu de l’évasion.

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« Année 2021, la Villa sort d’un long confinement. Des années d’hibernation durant lesquelles la nature a repris ses droits et composé un lieu magique, mi-végétal mi-humain » Voilà le pitch du spectacle lu par sa scénographe, Leyina Ouafi, qui invite donc la douzaine de volontaires du jour à fabriquer du mycelium. « Du quoi ? » demande Ali, 9 ans. Derrière ce nom barbare se cache un champignon, dont les filaments blancs s’étendent de plante en plante, assurant, selon les dernières études en date, une forme de communication entre les végétaux. « L’internet des plantes, quoi », commente, rigolarde, Bénédicte Lasfargues, directrice artistique de la compagnie Méliadès.
Durant une bonne heure, parents et enfants vont donc concocter ce mystérieux champignon, à base de papier mâché, de fil de fer et de laine. Pour que le tableau soit complet, ils passeront aussi à l’atelier escargots – de l’argile qu’ils pétrissent dans des moules, après l’avoir au préalable enduit de sciure ou de charbon, en réminiscence de l’ancien usage des lieux. « C’est une constante de la compagnie : on travaille beaucoup sur la mémoire des lieux, qu’on fictionnalise. Notre but à nous, compagnie des arts de la rue, c’est vraiment d’inventer de nouveaux langages artistiques et d’amener de la poésie sur le territoire », explique encore Bénédicte Lasfargues.

Exposition collective en septembre

Petits et grands y trouvent leur compte. « Je suis déjà venue de nombreuses fois. J’aime bien les activités. Là, je suis pressée de voir le résultat final  », lance Aya, 7 ans, qui compte bien venir au spectacle de septembre. « C’est la première fois qu’on vient, explique quant à lui Philippe, venu avec ses deux enfants, Jade et Mathieu. C’est un lieu étonnant, un peu secret. Quand on passe devant, on n’imagine pas tout ce qu’il peut y avoir derrière ces murs. Je trouve ça bien aussi que des friches comme celle-ci soient transformées plutôt que détruites, qu’elles vivent une deuxième vie », estime cet habitant d’Aubervilliers qui a lui aussi mis la main à la pâte.

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« Evasion » : chacun aura déjà pu ressentir au cours de l’activité du jour le thème de l’expo finale. « On a choisi ce thème parce que c’est un besoin fort pour nous tous, surtout après cette année. Ces quartiers sont évidemment très impactés, et cet été, il est important pour ceux qui ne partent pas d’avoir aussi des moments de détente », poursuit Bénédicte Lasfargues, dont la compagnie concocte aussi pour mai-juin un Escape Game, qui partira de la Villa Mais d’Ici pour emmener jusqu’au Canal de Saint-Denis.
« Ce lieu, c’est vraiment une bulle d’oxygène, pour les habitants, mais aussi pour nous artistes. Pour les 50 compagnies qui y résident, c’est un lieu ressource, où l’on s’échange les idées, mais aussi les projets, ce qui est appréciable pour les nombreux intermittents que nous sommes », poursuit cette pionnière, déjà présente à la création du lieu sous l’impulsion de la compagnie Les Grandes Personnes.
En repassant par la grande halle centrale au moment de quitter les lieux, on a effectivement un aperçu de l’effervescence de la Villa : un jeune ingé son de la compagnie Décor Sonore, harnaché d’un curieux ordinateur portable qui capte paraît-il les sons en double et le fait ressembler à un Ghost Buster, enregistre un comédien débitant une tirade. A la Villa, on applique les gestes barrières, sauf envers la créativité…

Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard

- La Villa Mais d’Ici propose des ateliers gratuits tous les mercredis après-midis
Pour consulter le programme : http://www.villamaisdici.org/Parcours-artistique-2021-Evasion-1359
Pour vous inscrire, contactez le 01 41 57 00 89 ou par mail : contact@villamaisdici.org

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