Aménagement urbain JOP 2024

La Seine-Saint-Denis obtient gain de cause sur les arbitrages JO

Alors que le COJO avait menacé de faire machine arrière sur une partie de l’héritage des Jeux en Seine-Saint-Denis, le Département a finalement obtenu des garanties sur le Village des médias (photo) et décroche des compensations sur plusieurs épreuves olympiques.

Mercredi 30 septembre, juste après le conseil d’administration du COJO (Comité d’organisation des Jeux), les élus de Seine-Saint-Denis ont poussé un grand ouf de soulagement. Les menaces qui planaient pour raisons de réductions de coûts sur certains des grands projets annoncés dans le département en prévision des Jeux de Paris 2024 sont désormais passées… Le COJO et l’État, alertés par les élus locaux du 93, sont ainsi revenus sur leur volonté de revoir à la baisse l’héritage des Jeux pour la Seine-Saint-Denis. « La Seine-Saint-Denis ne peut pas servir de faire-valoir pour la campagne puis de variable d’ajustement ensuite », avait notamment insisté Stéphane Troussel, le président du Département début septembre, à l’heure où les rumeurs enflaient.

Principale victoire pour le Département et ses alliés : le Village des médias, un moment remis en cause par le COJO, se construira bel et bien sur les villes de Dugny et Le Bourget. Pas d’un seul bloc certes, le seul lot sortant sans doute de terre avant les Jeux étant celui de l’Aire des Vents. Mais l’essentiel est acquis : ce nouvel éco-quartier, comportant à terme 1 300 logements mais aussi 3 écoles, une crèche et un gymnase, verra bien le jour. Compte tenu de la forte tension sur le logement et de la nécessité de voir émerger de nouveaux services à la population, le Département avait fait de ce dossier une « ligne rouge » à ne pas franchir : il a finalement été entendu.«  Ça fait des années que nous répétons que sur le secteur Dugny - Le Bourget - La Courneuve, il existe un vrai pôle de développement, rappelle Stéphane Troussel. Actuellement, on a un alignement des planètes sur ce secteur avec la rénovation du musée de l’Air et de l’Espace, l’extension du Parc des Expositions, l’arrivée de lignes de métro et du tram à Dugny. Celui-ci ne pouvait pas arriver au milieu de nulle part, un nouveau quartier avait tout son sens à cet endroit. Bien entendu, la dynamique des Jeux, c’était l’occasion de faire aboutir cette idée-là. On a mené cette bataille pour cranter les choses, ce n’était pas un caprice d’élus. Il fallait que ce quartier voie le jour de manière conséquente dès 2024, avec des infrastructures afin qu’il ne s’agisse pas d’une cité-dortoir mais d’un vrai lieu de vie. Ce en dépit de la nécessité de faire un certain nombre d’économies. »

Bienvenue à l’escalade et au rugby à 7

Côté épreuves, si des pertes sont à déplorer, le verre est là encore à moitié plein. Certes, le volley-ball et surtout la natation auront fait les frais de la politique de chasse aux coûts du COJO. Les épreuves de volley, initialement prévues dans un équipement temporaire au Bourget, se joueront dans un lieu encore en cours d’instruction par les équipes de Paris 2024. Et surtout, la natation, prévue au départ dans le stade aquatique en face du Stade de France, migre bien comme annoncé à Paris-La Défense Arena. Enfreignant ainsi la promesse d’attribuer les deux épreuves-reines des Jeux à la Seine-Saint-Denis...

Mais la « compensation » obtenue en échange n’est pas négligeable : l’escalade - qui connaîtra sa grande première aux Jeux de Tokyo 2021 - et le rugby à 7 débarquent en Seine-Saint-Denis.

Avec là encore des équipements durables à la clé : l’escalade organisée au Bourget devrait ainsi être la promesse d’un mur pérenne dans cette ville, un équipement qui viendra peut-être abaisser le coût d’une discipline à la mode mais qui reste chère. D’autre part, à l’issue des Jeux la Seine-Saint-Denis devrait se voir offrir l’un des équipements des épreuves qui se dérouleront à la Concorde (BMX, break dance, skateboard, basket 3x3). « La volonté de Paris 2024 est de léguer ces équipements aux territoires », a confirmé Tony Estanguet, plutôt que de les revendre comme il est d’usage lors des éditions précédentes des JO.

Et si les épreuves de natation sont définitivement perdues, les bassins démontables qui composent le stade olympique où se dérouleront les épreuves reviendront sur le territoire après les Jeux, en vue d’une utilisation par ses habitant·e·s. Avec une mission clairement affichée : en finir avec cette statistique alarmante qui veut qu’un·e élève sur 2 en Seine-Saint-Denis ne sait pas nager à son entrée en 6e.
Des déménagements en série qui représentent 150 millions d’euros d’économies pour le COJO mais qui font tout de même le bonheur de la Seine-Saint-Denis.

Christophe Lehousse et Georges Makowski

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