Jeux olympiques et paralympiques

La Seine-Saint-Denis fête ses héros de Tokyo

Mercredi 22 septembre, le Département a honoré ses participants aux Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo, dont ses 13 médaillés, au cours d’une cérémonie au Musée de l’Air et de l’Espace. Une soirée entre célébration des exploits à peine réalisés et la projection vers les Jeux de Paris 2024, dont une bonne partie se déroulera en Seine-Saint-Denis.

[lien direct vers la vidéo https://youtu.be/UNgFnuygnwU]

Mercredi 22 septembre, le Musée de l’Air avait tout à coup enrichi ses collections. Aux côtés du Bréguet de Louis Blériot ou de la Demoiselle de Santos-Dumont trônaient d’autres bolides de haut vol : l’avion de chasse Timothée Adolphe ou la fusée Anne-Cécile Ciofani… Dans une soirée chaleureuse, le Département aura rendu hommage à ses héros des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo. Au Japon, ils étaient ainsi 28 participants à être membres d’un club de Seine-Saint-Denis ou originaires du département, confirmant une nouvelle fois le savoir-faire de ce département en matière de sport. Petite fierté supplémentaire : sur les 30 espoirs soutenus par le dispositif départemental Générations Jeux (destiné à soutenir financièrement des talents sportifs en vue de Paris 2024), 7 auront même devancé l’appel en faisant partie de l’aventure à Tokyo.
Soirée de célébration, le moment aura été aussi l’occasion de lancer le compte à rebours vers Paris 2024, dont le coeur battant se situera bien en Seine-Saint-Denis. Trois ans auparavant, c’était comme si Charles-Antoine Kouakou, sprinter paralympique médaillé d’or à Tokyo, ou Madeleine Malonga, médaillée d’argent en judo individuel et d’or par équipe, avaient déjà senti le souffle du public au stade de France ou l’ambiance du village des athlètes à Saint-Denis… « Les Jeux, ce ne sont pas que des projets d’aménagement, c’est aussi davantage de pratique sportive, d’accès à la culture et à l’emploi. Il nous faut maintenant accélérer sur ces thématiques. D’une certaine manière, c’est maintenant que tout commence », a annoncé le président du Département Stéphane Troussel, aux côtés du président du COJO et ancien athlète Tony Estanguet. En attendant la fête dans 3 ans, on jette un coup d’oeil dans le rétroviseur et on se laisse planer...

Elles et ils ont vécu Tokyo :

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- Charles-Antoine Kouakou, médaillé d’or sur 400m sport adapté, Sport Toi Bien 93

Ma médaille, c’est le plus bel objet que j’ai !
Avant la course, je pensais que je serais deuxième. Mais voilà, j’ai tout donné et je termine à la première place. Je ne pensais pas battre mon record, je voulais chercher la médaille. Mais après j’ai vu le temps, et j’ai vu que j’ai battu mon record. 45’63. J’avais tout gagné, la médaille d’or et mon record !
Quand on m’a donné la médaille d’or, j’ai pensé au PSG ! C’est mon club favori, ils gagnent toujours. Alors j’ai pensé à ça.
La médaille j’étais tellement fier de la montrer à tout le monde ! A ma famille, mon club, l’équipe de France, à tout le monde ! A Pascale, la dame avec qui je travaille.
Chez moi, je la range dans mon placard. J’ai une boîte avec mes médailles, je la range dedans, je cache la boîte. C’est le plus bel objet que j’ai !

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- Madeleine Malonga, médaillée d’argent judo (-78kg), médaille d’or par équipe mixte, ES Blanc-Mesnil

« Sans vous, on n’est rien ! »
« Beaucoup de déception après ma finale individuelle perdue face à Shori Hamada, contre qui j’avais gagné mon titre mondial. Elle a été très revancharde et est parvenue à trouver l’ouverture au sol, sa spécialité… Mais être sportive de haut niveau, c’est aussi savoir se remotiver après un échec, repartir au combat pour remporter ce premier titre de judo par équipe mixte. On a tout donné pour les copains. Cette médaille est une immense fierté. La part de mon club, l’ESBM judo, dans ma réussite sportive est énorme. Je ne vais à l’INSEP que pour les combats, le reste de la semaine tous les matins je m’entraîne au Blanc-Mesnil sous la conduite d’Alain Schmitt. Alors merci aux bénévoles du club, merci à la ville du Blanc-Mesnil, au Département de la Seine-Saint-Denis, sans vous, on n’est rien ! »

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- Larbi Benboudaoud, directeur de la haute performance de l’équipe de France de judo., originaire de Dugny

« Devenir champion de sa vie »
« Cette soirée, c’est la magie du sport ! Partager des bons moments, de la bonne humeur, de la joie… C’est ce qu’on a pu communiquer, depuis Tokyo, à des millions de Français. C’est précieux, surtout par les temps qui courent.
Toutes ces médailles, elles sont importantes pour les jeunes de Seine-Saint-Denis, elles ont valeur d’exemple. Derrière chaque médaille, il y a beaucoup de travail, d’engagement, de sacrifices, mais aussi beaucoup de valeurs. Lorsqu’on porte ces médailles, il faut prendre conscience qu’on est ambassadeur de ces valeurs éducatives, et les transmettre. Bien sûr, tout le monde ne devient pas champion, mais tout le monde peut acquérir les valeurs du champion, et devenir champion de sa vie. »

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- Diandra Tchatchouang, médaillée de bronze en basket-ball, originaire de La Courneuve

« Merci mes parents ! »
« Cette année 2021 n’était pas mal du tout ! C’est la première où j’empoche 4 médailles. (ndlr. Une 4ème médaille d’argent aux championnats d’Europe, la 2ème place au championnat de France, la Coupe de France et le bronze olympique…). Mais surtout, cette médaille olympique… C’est à ma mère que j’ai été la plus fière de la montrer. Elle m’a toujours soutenue dans tout ce que je fais, comme mon père. Je me souviens des dimanches matin, le seul moment où ils pouvaient se reposer, ils m’accompagnaient dans des gymnases froids, sans ambiance, pour assister à des matches de gamines où il ne se passait pas grand-chose… Merci mes parents !
Avec mon association Study Hall 93 on continue de concilier soutien scolaire et pratique sportive avec des clubs de foot, de taekwondo, de boxe, de basket. Et le 31 octobre, ce sera la cinquième édition de Take your shot, notre journée de sensibilisation aux jeunes basketteuses licenciées de Seine-Saint-Denis. »

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- Timothée Adolphe, médaillé d’argent sur 100m non-voyant, Saint-Denis Emotion

« Ces Jeux, un ascenseur émotionnel »
« Pour moi, ces Jeux, c’a été l’ascenseur émotionnel. Car sur 400m, je suis disqualifié parce que le lien qui m’unissait à mon guide a glissé. C’était très dur à encaisser. Mais avec mon autre guide, Bruno Naprix, on a réussi à se remobiliser pour le 100m. A l’arrivée, on fait deuxièmes, mais il n’y a vraiment pas de regrets à avoir sur cette course où le record du monde est battu. Pour Paris 2024, j’espère surtout une grande fête avec le public, chose qui nous a manqué à Tokyo en raison du Covid. Dans la vie d’un sportif, faire les Jeux c’est quelque chose d’unique, mais pouvoir les disputer à domicile, c’est juste énorme. »

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- Anita Blaze, médaillée d’argent par équipes au fleuret, Aubervilliers Escrime club

« La médaille d’une équipe soudée »
« Je suis tellement heureuse d’avoir fait ce résultat avec ce collectif ! On est vraiment une équipe très soudée. Avec Ysa (Thibus), on se connaît depuis qu’on a 7 ans, avec Pauline (Ranvier) depuis 5 ans et Astrid (Guyart), je la connais depuis que je suis rentrée à l’INSEP il y a 10 ans ! C’est aussi ça qui fait que, même menées de 12 touches par les Italiennes en demi-finale, on ne s’est jamais dit que c’était mort. J’ai aussi senti le soutien du Département (Anita travaille comme agente comptabilité au Département, dans le cadre d’un contrat d’accompagnement à la performance). Mes collègues du Service des Affaires Générales m’ont envoyé des messages qui m’ont fait très plaisir. Ca fait vraiment du bien de se sentir accompagnée par le Département car allier escrime et vie quotidienne n’est pas toujours facile. »

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- Anne-Cécile Ciofani- médaillée d’argent au rugby à 7, AC Bobigny 93

« A jamais les premières »
« Même si on aurait aimé que la médaille soit d’un autre métal, ça reste une grosse satisfaction d’avoir apporté au rugby français sa toute première médaille olympique de l’histoire. On se dit qu’on restera à jamais les premières. Pour moi, c’est aussi la reconnaissance du savoir-faire d’un club, l’AC Bobigny. Je me souviens, quand je suis arrivée au club, je partais de loin. Mon sport, c’était l’athlétisme et passer d’un sport individuel à un sport collectif, ça m’a demandé une sacrée adaptation. C’est Marc-Henri Kugler, mon prof en STAPS à la fac de Paris-13, en duo avec Fabien Antonelli pour le côté club, qui m’auront mis le pied à l’étrier. Je leur reste très reconnaissante. »

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- Nassira Kondé, médaillée d’argent au rugby à 7, AC Bobigny 93

« On n’oublie pas d’où on vient »
« Je ressors de cette expérience assez fière, même si sur les Jeux à proprement parler je n’ai pas eu de temps de jeu. A mes yeux, ça sert à préparer la suite. Paris 2024, j’en rêve ! Surtout quand on sait que le rugby à 7 sera au Stade de France... C’est le stade où j’ai vu pour la première fois un match de rugby, France-Angleterre, j’avais 13 ans. Alors penser que dans 3 ans, je pourrais y jouer les Jeux devant mes amis, ma famille, waow… Faire partie de Génération Jeux (dispositif départemental soutenant financièrement 30 espoirs en vue des Jeux de 2024) m’a aussi beaucoup aidée, ça m’a boostée. Comme je dis toujours, « on n’oublie pas d’où on vient », je sais tout ce que mes clubs, Tremblay puis Bobigny, m’ont apporté. »

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- Yvan Wouandji, joueur de l’équipe de France de cécifoot, habitant de Sevran

« Des sportifs avant d’être des sportifs en situation de handicap »
« Autant Londres 2012 aura été notre heure, avec notre titre de vice-champions olympique, autant là ce n’était pas notre tour (éliminés en phase de groupes). Mais on se projette déjà sur Paris 2024. Depuis plus de 10 ans que je suis dans le cécifoot, je sens qu’il y a de plus en plus d’intérêt suscité autour du handisport. J’espère vraiment que Paris 2024 va être la concrétisation de cela, que le regard et les mentalités vont évoluer sur le handicap. Le but du jeu est de favoriser l’intégration des personnes en situation de handicap à la société. De la même manière que le public voit de plus en plus en nous des sportifs avant de voir des sportifs en situation de handicap, j’espère que ça va inciter les entreprises à embaucher des citoyens en situation de handicap pour leurs compétences.

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- Gaël Rivière, joueur de l’équipe de France de cécifoot, Bondy Cécifoot club

« Les Jeux, une parenthèse magique »
« Même si le succès n’a pas été au rendez-vous sur ces Jeux, j’en garderai de bons souvenirs. La cérémonie d’ouverture des Jeux aura notamment été un moment fort. Les Jeux, c’est une parenthèse magique dans la vie quotidienne, à tel point que dans les jours qui suivent, c’est un peu dur de redescendre du nuage. Paris 2024, on en espère bien sûr des progrès significatifs en termes d’accessibilité des équipements et de changement de regard sur le handicap. Le vrai point positif, c’est le changement au niveau de la médiatisation : les Jeux paralympiques de Tokyo auront été globalement bien retransmis. Les signaux sont à mon avis plus inquiétants sur les transports, puisque le Grand Paris Express prend du retard et la rénovation de la Gare du Nord aussi. Mais il reste 3 ans et donc encore du temps devant nous. »

Georges Makowski et Christophe Lehousse
Photos : ©Nicolas Moulard

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