La Nuit du judo a fait son show au centre sportif Arthur-Ashe de Montreuil

La Nuit du judo a fait son show au centre sportif Arthur-Ashe de Montreuil
Judo

Devant près de 600 spectateurs, le Red Star Club Montreuil a organisé du 1er au 2 avril au centre sportif Arthur-Ashe, à Montreuil, la 6e édition de la Nuit du judo. Un événement gratuit, soutenu financièrement par le Département, la Ville de Montreuil et le comité 93 de judo, qui a vu s’opposer durant tout un week-end des vedettes locales, des combattants venus du Japon et des enfants de Seine-Saint-Denis.

En ce samedi 1er avril, le centre sportif Arthur-Ashe de Montreuil a des allures de fête. Une fois n’est pas coutume, ce temple des sports de raquette n’accueille pas un open de tennis, ni même une compétition majeure de badminton mais un gala de… judo. « De mémoire, c’est la première fois que je vois ou entends parler d’un tel événement organisé ici avec un dispositif pareil et autant de monde », souligne Maxime Lebaube, directeur des Sports à la Ville de Montreuil. Il faut dire que le Red Star Club Montreuil (RSCM), aidé financièrement dans son œuvre par le Département, la municipalité et le comité 93 de judo, a mis les petits plats dans les grands concernant l’organisation. Pour l’occasion, quatre courts de tennis couverts (huit si l’on ajoute ceux réservés à l’entraînement des athlètes de l’autre côté) ont été réquisitionnés, et deux tribunes – d’ailleurs pleines à craquer – pouvant accueillir gratuitement pas loin de 600 spectateurs ont été installées.

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Il y a même un speaker, en la personne de l’ancien judoka Frédéric Lecanu. Accompagné de spots de lumière qui dardent leurs rayons multicolores sur le tatami et d’une sono qui crache les tubes à la pelle, celui qui est devenu consultant sportif à la télévision commente tous les combats. Lesquels mettent aux prises des équipes mixtes dans des catégories dites « olympiques » (-57 kg, -70 kg et +70 kg chez les filles, -73 kg, -90 kg et +90 kg chez les garçons) en provenance de l’ES Blanc-Mesnil judo, du RSCM, deux clubs réunis ici sous la bannière du comité départemental, de l’INSEP (l’usine à champions français) et de l’université japonaise de Tenri, référence mondiale en matière d’école de judo. Avant la journée du lendemain consacrée le matin à un entraînement assuré par les Japonais à destination des enfants du club montreuillois et, l’après-midi, à un tournoi opposant des juniors du département, « cette soirée d’ouverture prouve qu’il est possible de proposer des confrontations de haut niveau sur fond de spectacle de son et lumière. En clair, le public assiste à des combats sérieux, avec des judokas déterminés à l’emporter dans une ambiance placée sous le signe de la joie et de la fête du judo », résume Rachid Berki, président du Red Star.

« Entendre le public scander ton nom procure toujours des frissons »

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Organisée jusqu’ici à Villemomble, dans la salle Paul-Delouvrier, il n’est pas anodin que cette 6e édition de la Nuit du judo se tienne à Montreuil, dans un centre sportif Arthur-Ashe qui déborde d’ambitions depuis quelques mois. Depuis décembre dernier, le complexe diversifie son offre, qui ne se limite plus aux seuls sports de raquette traditionnels : il héberge en effet la société Le Five qui met à disposition des usagers plusieurs terrains de foot à 5 et des courts de padel (sport très en vogue à la croisée du tennis et du squash). « C’est sur les réseaux sociaux que j’ai entendu parler de ce gala, témoigne Sarah, venue en famille. C’est toujours intéressant d’aller voir en vrai des sportifs de haut niveau, en plus c’est gratuit. Et puis le judo, en dehors des Jeux olympiques, n’est pas un sport très médiatisé, alors on en profite. » Installés en tribune ou au bord du tatami, les enfants des clubs donnent de la voix. Les moins timides réclament à des vedettes croisées au hasard un selfie ou un autographe sur un bout de papier ou leur kimono.

Audrey Tcheuméo, une des stars du Red Star Montreuil, n’est malheureusement pas là, trop occupée à remporter un Grand Slam de plus à Antalya en Turquie. Emre Sanal, lui, aurait bien pris place au centre de l’arène. Mais le pensionnaire du RSCM et international français s’est blessé une semaine auparavant au Grand Slam de Géorgie et a dû déclarer forfait. Avant d’en savoir plus d’ici quelques jours sur la durée de sa convalescence, il a néanmoins tenu à être présent malgré un genou endolori calé dans une attelle et des difficultés à se déplacer. « Je suis déçu car je me faisais une joie de défendre les couleurs du club et les valeurs de mon sport devant un public aussi nombreux. Du coup, j’encourage les copains et les copines depuis le bord du tatami », relativise le natif d’Annecy, qui officie chez les lourds et qui a déjà remporté cette année le championnat de France, un titre de champion d’Europe par équipe mixte ainsi qu’une troisième place lors du Grand Slam de Tel-Aviv, épreuve majeure dans le calendrier mondial.

A Arthur-Ashe, quatre autres courts de tennis ont été transformés en dojo géant pour permettre aux athlètes de s’échauffer loin du bruit et du tumulte. Dans cette partie du complexe, le calme et la concentration se sont emparés de la salle. Sur le tatami, on s’étire, on répète les mouvements, on enchaîne les oppositions. On s’hydrate bien sûr et on prend des forces avec des barres de céréales et des fruits secs. On parle aussi tactique, on s’encourage les uns les autres. Bref, on a le sentiment d’être soudainement plongé dans les coulisses d’une grande compétition. « La Nuit du judo a une valeur symbolique mais reste un rendez-vous très important quand on fait partie du Red Star Montreuil, confie Hamza Ouchani, un colosse deux fois médaillé de bronze au championnat de France qui s’inclinera un peu plus tard dans la soirée face à un redoutable Japonais. Entendre le public scander ton nom procure toujours des frissons et puis la qualité des adversaires permet de se jauger entre deux grosses compétitions. »

L’INSEP grand vainqueur

Pour Karrie NGosso Silo, 3e cette saison à l’European Cup à Malaga (Espagne), un gala de ce type « permet aux plus jeunes d’assister à des combats de haut niveau disputés par des judokas qu’ils croisent ou côtoient en club. On doit donc faire bonne figure, surtout éviter de se vautrer », sourit la combattante du RSCM. « L’ambiance de ce soir contraste avec le cadre feutré auquel nous sommes d’ordinaire habitués, note pour sa part Fatiha Moussa, licenciée à l’Etoile Sportive du Blanc-Mesnil et 3e lors du dernier championnat de France. Mais cela fait partie du concept et n’entame en rien la motivation qui est en nous, bien au contraire. »

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Au total, dix-huit combats ont eu lieu. L’INSEP en a remporté six, l’université japonaise quatre et le comité départemental trois. Les cinq autres se sont soldés sur des matchs nuls. « Pour nous, ce modèle différent de compétition est un vrai test », fait savoir Lucie Décosse, qui avant d’entraîner les jeunes féminines de l’INSEP, a été longtemps régné en maître sur sa discipline, remportant notamment l’or aux JO de Londres et plusieurs titres mondiaux. Et d’ajouter : « La présence du public est déterminante car elle galvanise les participants. A l’arrivée, il n’y a peut être pas de trophée majeur ou de points marqués en vue du classement mais le sentiment d’avoir passé un excellent moment et d’avoir mis à l’honneur le judo. »

Grégoire Remund
Photos : ©Jérémy Piot

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