La Maison des Femmes, pour dire non aux violences
Depuis juillet, l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis s’est doté d’un lieu d’accueil et de soins pour les femmes victimes de tous types de violences. Un dispositif qui vient compléter l’arsenal déjà existant en Seine-Saint-Denis.
Devant la maison aux couleurs vives, Sandra* esquisse un sourire. Sa consultation s’est bien passée. Elle peut désormais aborder l’interruption volontaire de grossesse en étant sûre de son choix. « C’est la troisième fois que je viens. Aujourd’hui, un médecin m’a expliqué exactement en quoi consisterait l’intervention. Pour moi, c’est une vraie aide car on m’a toujours très bien écoutée ici » explique la jeune Nigériane vivant à Saint-Denis. Inaugurée début juillet, la Maison des Femmes adossée à l’hôpital Delafontaine accueille toutes les femmes, qu’elles soient victimes de violences ou juste en demande d’un conseil.
Derrière ses portes ornées de photographies de militantes féministes (Malala Yousafzai, Huda Sharawi) (1) elle assure trois grands types de prises en charge : le Planning familial, pour les questions relatives à la contraception ou aux IVG, une antenne consacrée aux violences conjugales et une unité dédiée aux femmes excisées. « En Seine-Saint-Denis, les femmes sont confrontées à plus de précarité et de violence qu’à Paris intra-muros. Quand je suis arrivée ici en 2010, je me suis donc demandé très simplement comment je pouvais aider et je me suis dit qu’une telle structure pouvait faire une différence » se souvient Ghada Hatem. Cette cheffe de la maternité de l’hôpital Delafontaine se sera battue pendant 3 ans pour donner naissance à ce nouvel outil, d’un coût final de 980 000 euros, dont une partie financée par le Département.
Regroupant une vingtaine de personnes, parmi lesquelles des chirurgiens, des sages-femmes ou encore des psychologues, cette Maison vise une prise en charge globale, les patientes aidées pouvant aisément passer d’un praticien à un autre. « Ici, une femme qui a besoin d’une gynécologue passe directement dans la pièce d’à côté alors qu’avant, c’était morcelé, avec le risque que la femme se perde dans les démarches », souligne Monique Veneri, conseillère conjugale travaillant au Planning familial.
En ce vendredi, l’activité est normale, un peu en-deçà des 30 consultations par jour estimées à sa création. Une jeune femme se présente pour un test de grossesse, une autre, accompagnée de sa cousine, vient se faire retirer un implant. Les visages sont détendus dans l’ensemble. Pas celui de Leila. Cette habitante de Saint-Denis est venue dire ce qui au départ était indicible, les viols répétés de son mari, l’impossibilité de quitter le domicile sans hébergement alternatif, le sentiment de culpabilité aussi.
« Une femme qui passe la porte de cette Maison avec pour but de se confier a déjà fait un bout du chemin », explique Mathilde Delespine, sage-femme coordinatrice.
Conscientes des difficultés sociales au-delà des problématiques médicales, les praticiennes des lieux ne donnent toutefois pas dans l’angélisme. « Quand une femme sort d’ici, il y a encore souvent l’hébergement, l’insertion professionnelle à régler, ce qui n’est pas notre métier », explique Ghada Hatem. Des partenariats sont toutefois en train d’être tissés avec certains organismes d’hébergement d’urgence. En attendant, les femmes disposent à Saint-Denis d’un nouveau lieu pour dire leurs doutes ou leurs souffrances.
*Certains prénoms ont été changés à la demande des personnes interviewées.(1)Malala Yousafzai, militante pakistanaise, Prix Nobel de la Paix 2014 Huda Sharawi, l’une des pionnières du mouvement féministe égyptien et arabe, 1879-1947

Le point de vue de Pascale Labbé, conseillère départementale en charge de l’égalité femmes-hommes
« Nous avons choisi de soutenir l’ouverture de la Maison des femmes de l’hôpital Delafontaine, car elle va permettre à beaucoup de femmes victimes de violence d’avoir un accès facile aux soins, et à l’information. Cet espace de dialogue et d’écoute, ouvert sur la ville, permettra de faire de la prévention et de proposer un accompagnement personnalisé. Je félicite la Dre Ghada Hatem-Gantzer, pour cette belle initiative ainsi que toute l’équipe de professionnelle. C’est la première en France, j’espère qu’il y en aura d’autres. Nous sommes heureux qu’elle ait été crée dans notre département. Ce qui n’aurait pu être possible sans la coopération de nos services, des partenaires et d’une mobilisation financière des donateurs. »
Pour en savoir plus sur la Maison des Femmes c’est ici !
Du 22 novembre au 3 décembre, l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes propose son rendez-vous traditionnel : les 12e rencontres « Femmes du monde en Seine-Saint-Denis ». La manifestation débutera comme d’habitude par une journée professionnelle, le 22, qui dressera le bilan des différents dispositifs de l’Observatoire, du téléphone grave danger à l’ordonnance de protection. Plusieurs ambassadrices brésiliennes du Mouvement des sans terre et du Mouvement des personnes affectées par les barrages viendront aussi relater leur expérience de luttes pour les droits des femmes. Par ailleurs, des débats et des projections de films sont prévus dans de nombreuses villes au cours de cette quinzaine. Le 22 novembre, une séance autour de « No Land’s song », de l’Iranienne Ayat Najafi, aura par exemple lieu au Magic Cinema de Bobigny.
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