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La Belle Scène Saint-Denis, en direct d’Avignon

Du 9 au 22 juillet, le Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis et la scène conventionnée Louis-Aragon de Tremblay se délocalisent en plein festival d’Avignon, pour donner à voir toute la richesse de la création artistique en Seine-Saint-Denis. Un projet baptisé La Belle Scène Saint-Denis.

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Crédit photo : Martin Colombet

Pour le Théâtre Gérard-Philipe et la scène de danse conventionnée Louis-Aragon de Tremblay, c’est une parenthèse dans leur saison. Une parenthèse enchantée.
Pour la deuxième année consécutive, ces lieux emblématiques de la création dans le Département s’associent pour délocaliser leurs productions culturelles sous ce grand projecteur qu’est le festival d’Avignon.
Du 9 au 22 juillet, la Parenthèse, petite cour d’un ancien cloître niché en pleine cité des Papes, va donc se convertir en chambre d’échos des créations artistiques du Département.

« Il existe ici une telle richesse en matière de propositions artistiques qu’il faut aussi donner à voir ça à l’extérieur de la Seine-Saint-Denis. Et là, l’idée, c’est de se servir d’Avignon comme d’un tremplin, de donner de la visibilité à des spectacles qui en sont encore au début de leur durée de vie », témoigne Jean Bellorini, directeur du TGP qui a engagé sa « maison » dans cette aventure dès son arrivée à Saint-Denis, en 2014.
« La Belle Scène Saint-Denis est un projet assez unique », complète Emmanuelle Jouan, directrice du Théâtre Louis-Aragon de Tremblay, partenaire de l’initiative dès la première heure. « Nous avions entamé cette démarche il y a 6 ans avec le Forum du Blanc-Mesnil parce que nous étions partis d’un constat : alors que nous accueillons quantités d’artistes en résidence, les professionnels du spectacle et les journalistes ne venaient pas forcément les voir en Seine-Saint-Denis, mais ils attendaient qu’ils soient en tournée. Nous nous sommes donc demandés où nous pouvions le mieux les capter, d’où cette délocalisation en Avignon. »

Six ans plus tard, le projet a toujours bon pied bon œil. Cette année encore, il est composé de spectacles quotidiens alliant spectacles dansés et pièces. Danse le matin, théâtre en début de soirée, c’est le tube de l’été de la Seine-Saint-Denis en Avignon.

Le Théâtre Louis-Aragon a ainsi prévu une belle sélection de ses artistes en résidence à La Parenthèse. Avec notamment une place de choix dévolue au hip-hop autour de deux extraits de spectacles donnés cette année à Tremblay : « New School » d’Amala Dianor et « Carte blanche » de Jann Gallois. « Bruissements de pelles » est quant à lui une déambulation dansée sur la parade amoureuse, thème que l’on retrouve dans « It’s a match », spectacle créé dans le cadre du festival Concordanse. Les artistes étrangers ne seront pas non plus oubliés, avec la présence du Syrien Mithkal Alzghair, dont le spectacle « Déplacement » - sur le conflit syrien qui fait rage depuis 2011 – vient de recevoir le premier prix du festival Danse élargie au Théâtre de la Ville.
Côté planches, le florilège est lui aussi appétissant, même s’il n’incite pas forcément à l’insouciance. « Le Pas de Bême », d’Adrien Béal est ainsi une pièce sur la contestation et le pouvoir de dire « non » quand « Jaz », porté par la comédienne Astrid Bahyia, est un monologue assez sombre sur les violences faites aux femmes. « C’est vrai qu’il s’agit de deux spectacles plutôt sombres, souligne Jean Bellorini. Mais le théâtre est un état des lieux du monde et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas motif à être particulièrement réjoui ces temps-ci. »
Le metteur en scène et directeur du TGP creusera lui-même cette veine avec « Karamazov », son adaptation du roman éponyme de Dostoïevski, qui sera lui joué dans le « in », à la Carrière de Boulbon. « J’avais choisi ce roman pour les grands questions sur l’humanité qu’il soulève : cette envie de comprendre, cette envie de s’engager, mais aussi cette passion, voire cette folie. Cette œuvre est truffée de moments de vertiges chaotiques et de déclarations aux étoiles et aux dieux. Là, les acteurs pourront les faire directement au pied d’une falaise de 40 mètres. Ca devrait être grandiose », explique Jean Bellorini.

Et parce que la Belle Scène Saint-Denis n’oublie pas que la culture est le fruit d’une éducation à la curiosité, des lycéens et de jeunes amateurs de théâtre feront eux aussi le voyage en Avignon. « La Troupe éphémère », composée d’une vingtaine de jeunes amateurs qui ont notamment monté cette année Antigone de Sophocle au TGP, aura ainsi l’occasion de voir « Karamazov » le 12 juillet et de se voir proposer 5 jours de spectacles mêlant off et in. Le Théâtre Louis-Aragon a quant à lui invité une classe du lycée Evariste-Gallois de Sevran avec laquelle il a travaillé durant toute l’année. Mais chut, les trois coups résonnent déjà.

Ils sont également en Avignon :

IN :
 Thierry Thieû Niang avec "Au Coeur" (pièce qui sera reprise en 2016-2017 au TGP et jouée par des enfants de Seine-Saint-Denis)
 La Piccola Familia avec Le ciel, la nuit et la pierre glorieuse (en résidence à La Poudrerie en 2015)
 Johnny Lebigot avec D’une chute d’Ange (co-directeur de l’Echangeur à Bagnolet)

OFF :
 Compagnie Burn out, pour « Compact » (ils seront en résidence en 2017 au Théâtre Louis-Aragon de Tremblay)
 Le Groupe ACM pour « La Dernière Idole » (en résidence In Situ au Théâtre Louis Aragon cette année)
 Compagnie du Porte Voix - Quatuor à Cordes (en résidence à L’Espace du Porte-Voix 2015-2017)
 Thomas Guérineau avec Maputo, Mozambique (qui avait bénéficié d’un soutien du Département dans le cadre d’un spectacle coproduit par Africolor et la Maison du jonglage de La Courneuve)

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