Théâtre

La Belle Scène Saint-Denis : Mickaël Phelippeau explore l’intime

La semaine dernière, dans le cadre de la Belle Scène Saint-Denis à Avignon, le chorégraphe Mickaël Phelippeau présentait « Juste Eddy », un solo développé avec un jeune boxeur marseillais. Sur scène se sont dévoilés des fragments d’existence d’une personnalité singulière, que l’on pourra retrouver en octobre au Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis. REPORTAGE.

La rencontre avec l’Autre est au cœur du travail artistique de Mickaël Phelippeau. Depuis plusieurs années, le chorégraphe recherche des personnalités singulières, et développe, à leurs côtés, des performances dans lesquelles il explore leur intimité. Après « Footballeuses », c’est à Avignon, dans le cadre de l’initiative La Belle Scène Saint-Denis, qu’il a présenté « Juste Eddy », un spectacle sous forme d’étape de travail dans lequel le spectateur est plongé dans la vie d’un jeune boxeur, Eddy Salem.

Les deux hommes se sont rencontrés au Merlan, à Marseille, au cours d’un atelier. « On travaillait sur la notion de portrait, je leur avais demandé de choisir une musique pour danser. Et la performance d’Eddy était magnifique, c’était sur du rap, avec son corps qui était un peu raide. Ça m’a retourné. Il a réussi à nous dire plein de choses », raconte Mickaël Phelippeau.

Le morceau en question, c’est « Allo maman bobo », du rappeur marseillais L’Algérino, qui raconte la jeunesse désabusée d’un garçon de quartier. Le chorégraphe voit dans cette rencontre l’occasion de relater une histoire en résonance avec l’action de la scène Louis-Aragon : « C’est un garçon de 21 ans qui a grandi dans les quartiers nord de Marseille, qui ne les a quasiment jamais quittés, hormis pour faire l’armée. Je sentais que ça faisait écho par rapport à ce contexte de Tremblay-en-France, en banlieue parisienne. »

Débute alors un travail basé sur la confiance et l’écoute, où se mêlent des univers différents mais complémentaires. « Il a fait de la boxe pendant longtemps », explique Mickaël Phelippeau. « Ce que j’aime dans la pièce, c’est que c’est une histoire de décontextualisation. On travaille une gestuelle de boxe sur un plateau qui normalement est dédié à de la danse. C’est l’idée de mettre ce type de corps sur scène et de dire "ça c’est de la danse" ». En résulte l’expression d’une personnalité dans toute sa singularité, au cœur d’une performance hybride et sincère.

JPEG - 45.9 kio

« Juste Eddy » sera présenté le dimanche 8 octobre au Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis, et le 10 octobre dans le cadre du festival "C’est comme ça" à Château-Thierry (Aisne).

Dans l'actualité