Koumba Larroque, vice-championne du monde !
Mercredi 24 octobre, la sociétaire du Bagnolet Lutte 93 est devenue vice-championne du monde de lutte, à seulement 20 ans. Ce talent à l’état brut franchit ainsi un nouveau palier dans sa quête vers les sommets, elle dont l’objectif ultime reste les Jeux de Tokyo et de Paris, devant son public.
Ca se rapproche : un an après avoir décroché le bronze pour sa première expérience mondiale en seniors aux Mondiaux de Paris, Koumba Larroque est allée chercher l’argent, mercredi à Budapest. Face à l’Ukrainienne Cherkasova, médaillée de bronze aux Mondiaux 2010 et triple médaillée aux Europe, dans une finale dure et belle à la fois (défaite 15-10), il ne lui aura pas manqué grand-chose : un peu d’expérience justement, pour ne pas tomber dans les pièges tendus par son adversaire.
Mais même après s’être laissée prendre aux jambes et alors qu’elle se tordait de douleur, blessée au genou gauche, Koumba la battante aura encore eu le panache de ne pas abdiquer et de revenir de 15-6 à 15-10. Preuve de son abnégation et son courage. "L’arbitre m’a demandé si je voulais abandonner, mais j’ai dit non. J’avais toujours mal, mais je voulais remonter au score", confiait l’intéressée à L’Equipe après sa finale.
La jeune pépite de la lutte tricolore, surclassée chez les seniors, continue ainsi d’avancer sur un chemin qu’on lui prédit glorieux : à seulement 20 ans, la voilà vice-championne d’Europe et du monde chez les seniors, elle qui a remporté tout ce qui est imaginable dans les catégories juniors.
Mais on connaît la Diablesse : après cette breloque en argent, c’est sans doute un sentiment autre que la satisfaction qui l’anime. Aux Mondiaux de Paris déjà, alors que son entourage la félicitait pour son bronze - la seule médaille du clan tricolore – la jeune lutteuse était déjà tournée vers ses échéances futures, avec une seule obsession : l’or. « C’est une guerrière, elle ne lâche jamais rien », ponctuait son entraîneur national Thierry Bourdin.
Son parcours de combattante, Koumba Larroque l’a initié à l’âge de 9 ans à Saint-Geneviève-des-Bois (Essonne), son premier club, avant de le poursuivre à partir de mai 2017 au Bagnolet Lutte 93, où elle a rejoint ses copains, Rayan Vaz, Mariana Kolic et son entraîneur en équipe de France, Nodar Bokhashvili.
"La présence de Koumba est un point très positif pour le club, se félicite Didier Duceux, président comblé du Bagnolet Lutte 93. Elle renforce notre volonté de faire émerger la lutte féminine au club, qui porte déjà un peu ses fruits puisqu’un tiers de nos quelque 200 licenciés sont désormais des lutteuses."
La lutte, Koumba Larroque y est venue naturellement, par mimétisme en quelque sorte. « Je m’y suis mise parce qu’avec ma mère, on allait chercher mes deux grands frères après l’entraînement. Mon jeune frère et ma jeune sœur s’y sont collés aussi après moi, mais entre temps, tout le monde a arrêté, sauf moi », glisse-t-elle en rigolant.
L’horizon de la pépite française de la lutte s’appelle désormais Tokyo 2020. Mais Koumba ne peut s’empêcher de penser aussi aux Jeux de 2024. « Disputer les Jeux à la maison, c’est forcément dans un coin de ma tête, et c’est bien que la Seine-Saint-Denis soit au coeur de cette édition 2024 », commente celle qui se voit déjà parfois pousser les portes du village olympique de Saint-Denis/Ile-Saint-Denis.
Pour se donner toutes les chances de triompher d’ici 6 ans, la lutteuse de Bagnolet peut aussi compter sur le dispositif départemental Génération 2024, qu’elle a récemment intégré. Lancée en janvier dernier, cette aide de 3000 euros par an est destinée à 20 athlètes de Seine-Saint-Denis âgés de 13 à 21 ans, qui pourraient briller lors de Jeux disputés en grande partie dans le département. « Un tel soutien, ça fait du bien, juge Koumba Larroque. Ca prouve qu’on compte sur nous pour les années à venir, que le Département nous voit comme ses espoirs sportifs. Et puis ça nous aide à nous focaliser entièrement sur les entraînements, la compétition et les résultats. »
Et même si la jeune femme, qui s’entraîne à l’INSEP de Vincennes, bénéficie aussi du statut de sportive de haut niveau, ça ne peut pas non plus faire de mal pour les études de kiné qu’elle mène en parallèle à l’école de kiné de Saint-Maurice. En avance sur tous les temps de passage, elle est incontestablement la porte-drapeau de cette Génération 2024 aux couleurs de la Seine-Saint-Denis.
Christophe Lehousse
Photos :@FFL
(Ce portrait datant de janvier 2018 a été réactualisé après le titre de vice championne du monde de Koumba Larroque)
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