Koumba Larroque, solide comme un roc
La médaillée de bronze des derniers Mondiaux seniors n’a fait qu’une bouchée de la concurrence aux tout récents championnats de France. La sociétaire du Bagnolet Lutte 93 semble programmée pour les JOP de 2024, pour lesquels elle bénéficie du dispositif départemental Génération 2024.
Aux Championnats de France, disputés le 18 janvier à Schiltigheim, elle a une fois de plus écoeuré la concurrence. Début d’année oblige, elle s’y présentait en -76 kg plutôt qu’en -68 kg, son poids de forme habituel... Mais même là, ça n’a pas fait un pli : à la fin, c’est toujours Larroque qui gagne.
A Schiltigheim, la jeune fonceuse a une nouvelle fois marché sur l’eau, n’encaissant pas un seul point en sa défaveur pour aller chercher son premier titre national chez les seniors. Même la titulaire de la catégorie, Cynthia Vescan (du CMAS Aulnay) – deux participations aux Jeux - a dû s’avouer vaincue (6-0) en finale…
A seulement 19 ans, Larroque prouve là encore son exceptionnelle maturité, elle qui n’est pourtant encore que junior. Pour celle qui a déjà tout gagné dans ses catégories d’âge – championne d’Europe et du monde junior, idem en moins de 23 ans – le monde des seniors n’est définitivement pas trop vaste.
Athlète hors normes, mental en acier trempé : la jeune femme s’était révélée au grand public lors des Mondiaux de lutte organisés à Paris-Bercy en août 2017. Pour ses premiers Mondiaux seniors et alors que le camp tricolore guettait désespérément la première breloque, la jeune femme n’avait pas tremblé : médaille de bronze. Après avoir déjà touché le même métal aux championnats d’Europe seniors trois mois plus tôt, la lutteuse s’était dit « très contente » sans donner dans l’euphorie, remâchant un premier combat perdu d’extrême justesse face à la championne olympique en titre, la Japonaise Sara Dosho.
« Vraiment, ce n’était pas passé loin. Je pense que ce qui me manque encore chez les seniors, c’est l’expérience. L’année dernière, je découvrais la catégorie. Maintenant, le fait d’accumuler les compétitions va me faire progresser », juge après coup l’intéressée.
En matière de cumul des compétitions, elle va être servie : surclassée chez les seniors, elle vise avant tout la plus haute marche aux championnats d’Europe en avril et du monde en octobre. « Mais comme c’est ma dernière année juniors, je souhaite aussi disputer ces mêmes compétitions en junior et U23 à chaque fois », explique l’ambitieuse. « C’est une guerrière, elle ne lâche jamais rien », ponctue son entraîneur national Thierry Bourdin.
Avec sa précocité étonnante et son relâchement en compétition, Larroque semble en tout cas pouvoir tout bousculer sur son passage. Un parcours de combattante qu’elle a initié à l’âge de 9 ans à Saint-Geneviève-des-Bois (Essonne), son premier club, avant de le poursuivre à partir de mai 2017 au Bagnolet Lutte 93, où elle a rejoint ses copains, Rayan Vaz, Mariana Kolic et son entraîneur en équipe de France, Nodar Bokhashvili.
« La présence de Koumba est un point très positif pour le club, se félicite Didier Duceux, le président des Diables Rouges de Bagnolet. Elle renforce notre volonté de faire émerger la lutte féminine au club, qui porte déjà un peu ses fruits puisqu’un tiers de nos quelque 200 licenciés sont désormais des lutteuses. »
La lutte, Koumba Larroque y est venue naturellement, par mimétisme en quelque sorte. « Je m’y suis mise parce qu’avec ma mère, on allait chercher mes deux grands frères après l’entraînement. Mon jeune frère et ma jeune sœur s’y sont collés aussi après moi, mais entre temps, tout le monde a arrêté, sauf moi », glisse-t-elle en rigolant.
L’horizon de la pépite française de la lutte, qu’on prédit glorieux, s’appelle désormais Tokyo 2020. Mais Koumba ne peut s’empêcher de penser aussi aux Jeux de 2024. « Disputer les Jeux à la maison, c’est forcément dans un coin de ma tête, et c’est bien que la Seine-Saint-Denis soit au coeur de cette édition 2024 », commente celle qui se voit déjà parfois pousser les portes du village olympique de Saint-Denis/Ile-Saint-Denis.
Pour se donner toutes les chances de triompher d’ici 6 ans, la lutteuse de Bagnolet peut aussi compter sur le dispositif départemental Génération 2024, qu’elle a récemment intégré. Lancée en janvier dernier, cette aide de 3000 euros par an est destinée à 20 athlètes de Seine-Saint-Denis âgés de 13 à 21 ans, qui pourraient briller lors de Jeux disputés en grande partie dans le département. « Un tel soutien, ça fait du bien, juge Koumba Larroque. Ca prouve qu’on compte sur nous pour les années à venir, que le Département nous voit comme ses espoirs sportifs. Et puis ça nous aide à nous focaliser entièrement sur les entraînements, la compétition et les résultats. »
Et même si la jeune femme, qui s’entraîne à l’INSEP de Vincennes, bénéficie aussi du statut de sportive de haut niveau, ça ne peut pas non plus faire de mal pour les études de kiné qu’elle mène en parallèle à l’école de kiné de Saint-Maurice. En avance sur tous les temps de passage, elle est incontestablement la porte-drapeau de cette Génération 2024 aux couleurs de la Seine-Saint-Denis.
Photos : @Stevan Lebras
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