Joé Seyfried, force tranquille du ping
A tout juste 19 ans, ce pongiste vient, avec ses camarades, de rehisser son club de Saint-Denis Union Sports en Pro A. A plus long terme, les objectifs de ce membre du dispositif départemental Génération 2024 sont bien sûr les Jeux, qu’il s’agisse de Tokyo 2020 ou Paris 2024.
« Au tennis de table, c’est bien si t’es vif, après dans la tête, faut rester calme. » Du haut de ses 19 ans, justement, Joé Seyfried, c’est le calme incarné. Rien ne semble pouvoir lui tourner la tête : ni sa 2e place mondiale chez les moins de 21 ans, ni son récent titre de champion de France du double (avec Alexandre Robinot), ni sa médaille d’argent obtenue par équipes aux Jeux méditerranéens en juin dernier.
La montée en Pro A de Saint-Denis Union Sports (SDUS), à laquelle il a très activement contribué, lui dessine toutefois un sourire jusqu’aux oreilles. « Ce sera ma première saison à ce niveau », lâche le Strasbourgeois, qui a rejoint le SDUS en 2017. « J’ai signé à Saint-Denis parce qu’ils avaient justement cette ambition de monter et que c’est un club à l’excellente réputation, à la fois familial et compétitif. Je n’ai pas été déçu », raconte le gamin de Schiltigheim, où il a commencé le tennis de table. La proximité du club avec l’INSEP, niché dans le bois de Vincennes, où Joé nous reçoit en ce jour de juillet, n’était pas non plus pour lui déplaire. Quand le jeune homme n’est pas dans sa salle de La Raquette de Saint-Denis ou par monts et par vaux à courir les tournois internationaux, c’est dans ce havre de la haute performance qu’il s’entraîne, deux fois par jour. « Cette année, mon objectif est double : profiter à fond de ma saison en Pro A avec le SDUS et me rapprocher sérieusement de l’équipe de France seniors », affirme ce grand gaillard d’une voix posée mais ferme.
Les Jeux, c’est en effet le Graal de Joé Seyfried, que ce soit Tokyo 2020 ou Paris 2024. Et le plus tôt sera le mieux. « Pour Tokyo, il faut entre guillemets que je me dépêche. Je ne suis pas si loin, mais il me reste encore énormément de travail : je dois encore améliorer beaucoup de points, notamment le mental », explique celui qui a pourtant fait preuve cette année de nerfs d’acier lors de sa première victoire en -21 ans à Brême, quand les arbitres lui avaient cherché des noises sur son service soi-disant pas toujours réglementaire. « Mais le tennis de table, de toute façon, c’est ça : trouver rapidement des solutions, le plus souvent face à l’adversaire, mais aussi parfois face aux arbitres », lâche cet « attaquant pure souche », comme il se définit lui-même.
A deux ans de Tokyo, le numéro 13 tricolore veut maintenant marquer un maximum de points pour entrer dans le gotha bleu. « Avec seulement 3 places par équipe et 2 en individuel pour les Jeux, les places seront chères ». Cela passe par des efforts redoublés et des stages comme celui qu’il a pu faire en janvier 2017 en Chine au centre national d’entraînement à Pékin. « Les Chinois, c’est quand même une référence de notre sport. On s’entraînait avec l’équipe nationale B et juste à côté c’étaient les A… », dit celui dont le modèle actuel est le Chinois Ma Long, champion du monde en titre. Et Paris 2024 ? « Ce serait juste magique », souffle-t-il tout en avouant s’y projeter parfois dans ses rêves les plus fous. Avant de retoucher terre très rapidement : « c’est encore loin, il faut y aller par étapes ».
Pour le grand Joé, Paris 2024 et sa compétition sous les voûtes du Salon des Expos Porte de Versailles seraient en effet un premier aboutissement d’une carrière commencée dès 6 ans. « C’est par mon demi-frère Corentin que je suis venu au tennis de table. Avec mon père, on passait le chercher après les entraînements du SU Schiltigheim. A la fin d’une séance, j’ai essayé et ça m’a plu. Ensuite, j’ai suivi la filière classique ». Sport-études à Haguenau, pôle espoirs au CREPS de Strasbourg, puis pôle France cadets-juniors à Nantes. Côté clubs, le jeune homme quitte à 14 ans l’Alsace pour la Lorraine en signant à Metz, histoire de poursuivre sa progression. Avant donc de grimper encore un échelon en arrivant au SDUS. « Ca fait une vie bien remplie, on n’a pas le temps de s’ennuyer », dit celui qui après son bac ES a choisi de mettre entre parenthèses ses études pour jouer à fond la carte tennis de table.
Pour atteindre son but, le jeune homme peut aussi compter sur la présence, au sein de son club du 93, d’une structure dédiée aux espoirs des JO 2024 et soutenue par le Département. « Je n’avais encore jamais vu ça ailleurs : ça te montre que des gens croient en toi, te mettent dans les meilleures dispositions. Clairement, ça donne une motivation supplémentaire, même si la motivation, c’est déjà pas ce qui me manque ». Le jeune homme longiligne dit ça le plus calmement du monde. Mais dans ses yeux transparaît bien l’énergie qu’il compte consacrer à la réalisation de son rêve. Une force tranquille, on vous dit.
Christophe Lehousse
Photos : @Sylvain Hitau
Le SDUS s’apprête à vivre une année champagne : cette saison, il sera le seul club à avoir à la fois une équipe hommes et femmes au plus haut niveau français. Pour ce défi, le club de Saint-Denis s’est bien renforcé. Chez les hommes, si son numéro 1 Jiaji Wu a changé d’écurie (Istres), ce départ a été compensé par deux renforts de poids : l’international suédois Pär Gerell, 92e mondial et l’espoir Alexandre Cassin. Déjà important dans l’opération montée l’année dernière, Joé Seyfried devrait prendre du poids au sein de l’équipe, aux côtés de Mehdi Bouloussa, le quatrième de la bande. Tout ce petit monde sera chapeauté par l’ex-international Sébastien Jover, qui troque désormais le statut d’entraîneur-joueur pour la seule étiquette de coach.
Les femmes elles pourront compter sur les arrivées de Leïli Mostafavi (Le Chesnay) et de la Slovaque Barbora Balazova, n°14 au classement national (Grand-Quevilly). Ces deux arrivées viendront étoffer un effectif déjà composé de Li Samson et de la pépite Prithika Pavade, surclassée à l’âge de 14 ans. Audrey Mattenet, l’une des composantes de l’équipe de l’année dernière, est elle partie pour Mondeville. Début pour les deux équipes à l’extérieur le 25 septembre et rendez-vous à La Raquette de Saint-Denis le 5 octobre pour un début à domicile tonitruant face à Pontoise-Cergy (hommes) et Joué-lès-Tours (femmes) !
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