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Jaimee Floyd Angel, l’envergure d’un grand

A tout juste 18 ans, ce géant dépassant le double mètre, qui a grandi à Pantin, et est licencié au Blanc-Mesnil, vient de disputer Roland-Garros juniors. Si sa vie tourne désormais beaucoup autour de la Porte d’Auteuil, il se revendique toujours de la Seine-Saint-Denis, qui l’a intégré à son dispositif Génération 2024.

Il a donné rendez-vous au Centre National d’Entraînement, à deux pas de Roland-Garros dont il revient d’ailleurs ce jour-là en spectateur. Il vient d’assister aux deux premiers sets de la rencontre de « son pote » Corentin Moutet face au stratège belge Goffin. « C’est dommage, Corentin laisse échapper de peu le premier set, et là ça sent un peu le cramé », commente le jeune homme.
Quelques jours auparavant, Jaimee Floyd a pu lui aussi goûter pour la première fois à la magie d’un Roland-Garros seniors. En qualifications, le jeune Français, classé 791e mondial, a perdu au premier tour face à l’Australien Kokkinakis, 148e à l’ATP (1-6 ; 6-3, 6-1). « Sur le plan de l’émotion, c’est de loin le moment le plus fort de ma jeune carrière. Après, sur le plan sportif, je ne suis pas satisfait. Je suis sorti du court avec beaucoup de déception, même si je lui prends un set. J’aurais voulu gagner », remâche-t-il.

Pas le temps de gamberger : il faut directement se remettre en selle pour Roland-Garros juniors. Le joueur du Blanc-Mesnil, qui en est à sa troisième participation dans cette catégorie d’âge, n’a pas manqué son entrée, dimanche, l’emportant avec autorité face à l’Américain Trey Hilderbrand (6-3, 6-3). Paisible mais déterminé, le champion de France des 15-16 ans en 2016 aimerait bien, pour sa dernière année juniors, enlever un Grand Chelem. « Mes entraînements sont bons ces jours-ci et j’ai eu la chance de pouvoir faire le sparring avec Robin Haase et d’autres top joueurs à Roland », dit celui qui s’alignera aussi cette année « pour la première fois » sur Wimbledon juniors. Même si, avec son entraîneur Philippe Robin, ils ont choisi de voir plus loin. « Il faut surtout que je sois sur une progression constante. Après, le titre, ça viendra ou pas. », lance Jaimee Floyd.

Mieux vaut toutefois ne pas se fier à ce flegme, renforcé par sa grande taille – 2m07 sous la toise, ce qui en fait un des plus grands joueurs du circuit. Sous le gars bonne pâte, on devine le gaillard ambitieux qui n’hésite pas à tout mettre en œuvre pour arriver à son but. En témoigne sa décision à 17 ans d’arrêter le lycée – « un des rares désaccords avec mes parents » - pour tout sacrifier à sa passion du tennis. « Je n’arrivais pas à mener les deux à 100 %. L’école prenait trop de place dans ma tête par rapport à mon objectif primordial qu’est le tennis. Mais ça ne veut pas dire que je ne m’intéresse qu’à la balle jaune. Je sais faire plein d’autres choses », souligne ce fan de mode et de musique, « rap français, US ou pop ».

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De tournois préparatifs aux quatre coins du globe en entraînements au CNE, qu’il a intégré en septembre dernier, Jaimee Floyd est désormais un peu loin de la Seine-Saint-Denis où il a grandi et fait ses gammes. « Mais je sais d’où je viens. J’ai beau être beaucoup dans le XVIe ces derniers temps, pour moi, je viens avant tout de Pantin et de la Seine-Saint-Denis », dit-il spontanément. Même si le jeune homme aime aussi à se voir comme un citoyen du monde, avec une maman belge flamande et un père aux origines vénézuéliennes, qui lui vaut ce patronyme aux consonances hispaniques.
Des parents qui n’ont d’ailleurs toujours pas quitté Pantin, où Erick, le père, est entraîneur de tennis tandis que la mère, Isabelle, est présidente de club (le TC Pantin). Avec un tel pedigree, difficile d’échapper à la petite balle jaune. Un temps, le coeur du jeune homme a balancé entre tennis et foot – Jaimee Floyd est d’ailleurs un grand fan du PSG – avant que le premier ne prenne le dessus. « A la réflexion, même dans le foot, j’aimais déjà bien jouer seul, j’étais un peu perso, se souvient-il, lucide. C’est donc logique que le tennis ait fini par l’emporter. »

Après avoir gravi les échelons quatre à quatre, le surdoué a ensuite changé de club pour poursuivre sa progression. « A Pantin, j’étais n°1 du club à 14 ans. Je suis donc passé au Blanc-Mesnil, qui a su m’offrir de nouvelles perspectives, avec des joueurs comme Quentin Halys, Grégoire Barrère. M’entraîner en leur compagnie ou simplement les voir m’a beaucoup inspiré », explique celui pour qui le tennisman idéal se situe quelque part entre Gaël Monfils et Juan Martin Del Potro. Le premier pour son attitude de showman sur un court, le deuxième pour son jeu. « Lui aussi est grand, mais il parvient à être rapide malgré tout ».

Lui qui est fier d’être du 93, la Seine-Saint-Denis le lui rend bien puisque le Département l’a récemment intégré à son dispositif « Génération 2024 », un vivier de 20 jeunes sportifs bénéficiant d’un soutien financier en vue des Jeux olympiques dans 6 ans. « Les Jeux à la maison, c’est évidemment dans un coin de ma tête, mais c’est quand même loin. Je préfère prendre étape par étape », temporise Jaimee Floyd, qui voit tout de même dans cette nomination « une grande marque de reconnaissance ».

Christophe Lehousse

N.B : Jaime Floyd Angel s’est finalement incliné 6-4, 6-4 au 2e tour de Roland-Garros juniors face au Brésilien Reis Da Silva.

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