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Hors limites 2021 : une plateforme de partage littéraire

Ce 26 mars marque le coup d’envoi du festival littéraire Hors limites. Une édition particulière, puisque numérique, mais pour laquelle les bibliothécaires ont su redoubler de créativité pour inventer une nouvelle façon de partager les livres.

« C’est une grande première », se réjouit Ouassini Adda, le coordinateur de l’action culturelle de la bibliothèque Cyrano-de-Bergerac, à Clichy-sous-Bois. Le 9 avril, le club des lecteur·trice·s - « L’envers des livres » - diffusera en effet sa toute première émission radiophonique. Au programme, comme des professionnels : des interviews, des chroniques, des lectures et des débats, le tout consacré à deux autrices : Bérengère Cournut et Marie Cosnay.

« Nous voulions proposer quelque chose qui puisse se faire, quelles que soient les conditions sanitaires », explique Ouassini Adda. Alors durant quatre mois, en petits groupes, ils·elles ont travaillé sur ce projet, chapeauté·e·s par Lucas Roxo, journaliste en résidence aux Ateliers Médicis. Ces derniers les ont également accompagnés en leur donnant accès à leurs locaux et au matériel d’enregistrement.

L’émission sera retransmise durant Hors Limites, sur le site de ce festival littéraire porté par les bibliothèques de Seine-Saint-Denis et l’association qui les fédère. Covid oblige, l’édition 2021 sera en effet essentiellement numérique. Un choix fait tôt par l’équipe, et à regret, mais qui a aussi permis, souligne Hélène Loupias, sa chargée de coordination, « d’avoir le temps de mettre en place des alternatives ».

Du 26 mars au 10 avril, ce sont ainsi 61 événements, avec plus de 70 invité.e.s, qui seront proposés dans 30 bibliothèques et médiathèques et 19 lieux partenaires. Parmi ces manifestations, un grand nombre de rencontres en live, mais aussi des vidéos-portraits, des créations sonores, des performances filmées, etc.

La médiathèque Boris-Vian (Tremblay-en-France) a par exemple imaginé un podcast dans lequel se mêlent les mots de l’écrivaine Iliana Holguín Teodorescu avec les captations sonores de la reporter Gwenaëlle Abolivier, pour un voyage en auto-stop à travers l’Amérique Latine. À Rosny-sous-Bois, deux podcasts ont vu le jour : la bande originale imaginaire de Un jour ce sera vide d’Hugo Lindenberg, créée avec les élèves du Conservatoire, et un moucharabieh sonore, composé de voix et de lectures, de chants et de luth judéo-arabe, avec l’écrivaine Olivia Elkaim et en lien avec le service jeunesse.

Trouver de nouvelles façons de parler des livres

Si de telles créations ont pu voir le jour, c’est notamment parce que les médiathèques restent un des seuls lieux culturels ouverts (et qui plus est gratuits). Et si les activités habituelles y sont réduites, les bibliothécaires n’en sont pas moins présentes et font tout leur possible pour maintenir le lien.

À Montreuil par exemple, à l’exception du premier confinement, le club LékriDézados de la bibliothèque Robert Desnos n’a jamais cessé de se réunir, en présentiel quand c’était possible, en visio depuis l’automne. « Nous avons préféré proposer cela plutôt que rien, pour ne pas que le Club s’essouffle et qu’il continue de participer au choix des ouvrages », explique Maryline Duval, de la section jeunesse. Les adolescents sont au rendez-vous, avec « a minima une vingtaine de membres à chaque fois ».

À chaque édition de Hors Limites, ce club très actif et rompu au numérique – ils font par exemple des chroniques filmées depuis très longtemps, publiées sur le site ActuSF – participe au festival. Et il n’était pas question d’échapper à la tradition cette année. Le 10 avril à 15h, ils animeront donc une rencontre en direct avec Isabelle Pandazopoulos.

Hélène Loupias ne s’en cache cependant pas : « Le distanciel n’est pas la solution à tout. Toutes les formes ne s’y prêtent pas. Cela demande du travail en plus, un budget qui n’est pas du tout le même et, dans un département où il existe une réelle fracture numérique, c’est un vrai problème pour toucher notre public. » Pour autant, ajoute-t-elle, « c’est très stimulant. Les équipes sont là, avec l’envie de trouver de nouvelles façons de parler des livres et d’aborder la littérature, de se repositionner ».

Ouassini Adda le confirme. L’expérience, bien qu’imposée par les conditions sanitaires, a permis aux bibliothécaires « de se régénérer dans une période difficile » et même « d’être encore plus proche de [leurs] usagers » du club. En misant sur une émission co-construite avec les habitants et animée par eux, le coordinateur espère même attirer de nouveaux publics.

« Ce n’est pas hors sol. Un peu comme les radios libres, il y a une proximité. C’est comme lorsqu’on fait des rencontres physiques, prend-t-il pour exemple. Nous remplissons la salle et il y a un véritable engouement parce que ce sont les habitants qui choisissent les auteurs. » Désormais, il rêve d’ailleurs de prolonger l’expérience en une chronique littéraire trimestrielle !

Retrouvez le festival sur http://www.hors-limites.fr

Plein feu sur les résidences d’écrivain·e·s

Pour son ouverture, Hors Limites met à l’honneur le dispositif de résidences littéraires « Écrivain·e·s en Seine-Saint-Denis ». Porté depuis 1986 par le Conseil départemental, ce dispositif, qui vise autant à soutenir la création qu’à rendre la littérature contemporaine plus accessible, fête en effet ses 35 ans. Pour célébrer l’événement, le festival a confié à l’auteur radiophonique Thomas Guillaud-Bataille et la société wave.audio la réalisation d’une création sonore.
En revenant sur les pas des autrices et auteurs qui ont arpenté notre territoire – comme François Bon, Hélène Gaudy ou Arno Bertina – et en leur donnant la parole, elle « nous plonge dans un vaste réservoir d’Histoire et de fictions aux allures de laboratoire langagier. » À découvrir vendredi 26 mars dès midi sur le site Internet d’Hors Limites et sa page soundcloud.

Stéphanie Coye
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