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Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru : Agricoolture à La Courneuve !

Deux fils d’agriculteurs nordistes et picards de 30 ans qui s’installent en Seine-Saint-Denis pour faire décoller leur start-up et mettre au point leurs prototypes de containers à fruits pilotés à distance ? Bienvenue dans le monde futuriste mais éco-responsable d’Agricool qui compte déjà 40 personnes dans leur « ruche » de La Courneuve, ville correspondant à leur besoin (grands locaux, accessibles, dans un parc d’activités sécurisé…) avec 15 ingénieurs, 15 agronomes et 10 personnes pour leur secteur opérations et support.

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Manger des fruits sains, locaux, qui ont du goût à un prix abordable ? Un postulat simple mais paradoxalement compliqué pour les habitants des zones urbaines qui n’ont pas la chance d’avoir un potager à portée de main.

Tout commence quand Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru étudiants en école de commerce loin de leur terroir, à Lille ou à Paris, sont frappés par le manque de goût des fraises ou tomates qu’ils achètent. En école de commerce, ils se mettent à phosphorer à ce problème. Comment ces fruits peuvent-ils être aussi pauvres en saveur comparativement à ceux provenant du jardin de leurs parents ? Et comment les citadins qui représentent 80 % de la population française pourraient accéder à des fruits au bon goût d’antan sans produits chimiques ou que ces derniers aient parcouru des milliers de kilomètres entre la serre et l’assiette ?

Un jour dans la cour des parents de Gonzague, ils observent un container récupéré pour stocker du matériel. Le brainstorming tourne à plein régime. En 2015, ils inaugurent leur premier prototype : des fraises y poussent à la verticale dans un substrat élaboré par leur agronome. L’idée ? Pouvoir ramasser n’importe où de bons fruits cueillis à maturité. La solution selon Agricool, créer des circuits d’eaux et de nutriments, avec des LEDs pour reproduire le spectre utile du soleil, et avec des bourdons pour la pollinisation. La « protection biologique » intégrée grâce aux insectes leur évite l’usage des pesticides. Cette combinaison leur permettrait d’être 120 fois plus productifs que l’agriculture conventionnelle en ne travaillant qu’avec des énergies renouvelables et en consommant 90 % moins d’eau et de nutriments.

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Car selon Guillaume Fourdinier, plus de 75 % des fraises que nous consommons en France viendraient du Maroc et d’Espagne sur un marché, celui des fruits et légumes où il y a le plus d’intermédiaires, représentant un quart de l’empreinte carbone mondiale. Pour beaucoup, les magasins bio pour manger sain seraient réservés « aux riches ». A Paris, toujours selon ses observations, il faut en moyenne payer 4 euros 70 pour une barquette de 250 g soit 4 fois plus que le prix producteur. Produire en ville avec leur système permettrait de diminuer le nombre d’intermédiaires qui pèsent sur le ticket d’achat final et de rendre ces fruits non traités plus accessibles.

A Bercy devant la Cinémathèque française (à Paris donc, qui n’a que 3 jours d’autonomie alimentaire), leur premier container attire l’œil des cinéphiles qui s’enthousiasment devant le concept : un container de 30 mètres carrés capable de fournir plus de 50 barquettes de fraises par jour au cœur de la capitale (un container représente 4 000 mètres carrés d’exploitation en pleine terre). Trois autres cooltainers comme ils les nomment sont installés en proche banlieue : à côté du Stade de France à Saint-Denis et proche de la gare de la station F à Asnières.

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Pour Gonzague Gru et Guillaume Fourdinier, la « madeleine de Proust » de leur enfance était une fraise qui avait du goût. A force de la chercher, ils ont fini par la recréer et en faire une entreprise florissante avec un objectif de 100 containers, de se développer partout en France et de démarrer les premiers prototypes à l’étranger début 2018. Et quel meilleur terroir pour lancer une telle aventure entrepreneuriale qu’une zone d’activités « made InSeineSaintDenis », département pépinière de tant d’entreprises innovantes à l’image d’Agricool !


Où goûter leurs fraises ? Une liste de réservation avec plus de 8 000 inscrit.e.s est disponible sur leur site internet (https://agricool.co). Les personnes sont contactées par ordre d’inscription pour acheter leur première barquette.

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