Deux énormes ballons rouge et bleu posés sur les bancs d’un amphi de l’Université Paris-13 Villetaneuse un lundi matin comme un autre... Rien à voir avec un cours de STAPS –la formation des professeurs d’éducation physique- sur l’utilité du médecine-ball mais bien la marque du géant du web « Google » venu délivrer pendant quatre jours une formation de marketing numérique à destination des étudiants de Paris-13 mais aussi de tous les particuliers qui s’étaient inscrits au préalable pour suivre ce programme, lancé en 2016 par Google sous l’étiquette Digital Active. Ce lundi 26 mars, Sébastien Missoffe, le directeur général de Google France est même venu en personne à Villetaneuse faire l’article des « jobs de la génération de demain » en s’appuyant sur son propre parcours. « Lorsque j’ai bouclé mes études, argumente le quadragénaire, ex-cadre au sein d’un leader mondial de l’industrie cosmétique, aucune entreprise du numérique n’existait… » Et d’embrayer sur une question directe à l’amphi : « Combien d’entre vous sont convaincus que leur futur métier n’existe pas encore ? »

"Un plus sur mon CV"

Une question qui ne provoque que quelques mains levées timidement. Ce qui n’empêche pas Google d’y croire et d’avoir déjà dispensé dans une vingtaine d’universités partenaires en France, ses formations gratuites proposant les bases de la « culture digitale, du marketing et de la communication en ligne, du digital couplé à recherche d’emploi » ou encore le b.a.-ba de la création de projets innovants.

Des thématiques qui parlent à Shanice, en première année d’un DUT de techniques de commercialisation : « Personnellement, si je suis là, c’est parce que je crois que cette formation pourra m’apporter un plus sur mon CV. Evidemment qu’on est conscient qu’une partie des métiers de demain seront dans le numérique, la question du patron de Google était évidente ! En tout cas, pour moi qui me destine à travailler dans le marketing de la mode, j’ai envie d’en savoir plus dans ce domaine et si c’est Google qui le propose et qu’en plus c’est gratuit, pourquoi ne pas essayer ? »

Vers une fac augmentée

Tout en haut de l’amphi, Martin, étudiant en licence d’histoire est un peu plus sceptique sur l’intérêt de la formation : « Je suis juste venu jeter un coup d’œil, mais pour moi cette formation c’est surtout un moyen pour Google de s’accaparer un peu du temps de cerveau des étudiants français, et gratuitement en plus. »

Evidemment, le président de l’Université Paris-13, Jean-Pierre Astruc, n’a pas du tout la même vision de l’opération qu’il voit comme un appui à La Maison des Sciences Numériques (LaMSN) de Paris-13. Selon lui, cette structure, en s’appuyant « sur un fort maillage d’entreprises du territoire (Orange, SFR, Engie, Ubisoft, Nokia, Samsung entre autres) permet à notre université de placer chaque année 4 000 étudiants en stage. » Plus largement, le président de Paris-13 voit aussi dans l’invitation faite à Google un tremplin « vers une université Paris-13 augmentée, ouverte sur le monde de l’entreprise. C’est pour cela que nous avons souhaité accueillir un atelier numérique Google, parce que nous sommes convaincus que la diffusion de compétences numériques parmi les étudiants et plus largement parmi la population est un enjeu important et nécessite un effort collectif, au service duquel toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. »
Avec ou sans Google, la Commission européenne estime en tout cas que plus de 800 000 postes seront vacants dans le secteur des Technologies de l’information et des communications d’ici à 2020. Pas inutile donc de décrocher la certification Digital Active de Google au bout de 4 jours de cours et d’un quiz forcément réalisé en ligne…

Digital mais aussi philosophique

Semaine digitale mais aussi philosophique pour Paris-13 Villetaneuse qui a également inauguré, mercredi 28 mars, sa Bibliothèque Universitaire Edgar-Morin, en présence du philosophe de la complexité. Lequel a fait simple en coupant le ruban de l’inauguration de cet écrin de verre de 6 600 mètres carrés et 869 places de consultation qui remplace l’ancienne bibliothèque des années 1970 : "Je suis ébloui par la lumière de ce lieu. Et la lumière, c’est très important pour la psychologie et le travail. Cela me plaît que mon nom soit associé à cette bibliothèque. »