La Seine-Saint-Denis et Plaine Commune phosphorent sur leurs Jeux
Les 2 et 3 juillet, ces deux collectivités territoriales ont convié des dizaines d’acteurs internationaux des précédentes éditions des Jeux pour recueillir leurs témoignages au cours d’un colloque. Le but : tirer des enseignements et puiser des idées pour préparer au mieux les Jeux 2024 et leur héritage, décisif pour le développement du territoire.
Les 2 et 3 juillet, le Département de la Seine-Saint-Denis et la communauté d’agglomération Plaine Commune prouvaient déjà qu’ils savaient accueillir le monde. Cinq ans avant les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 qui se dérouleront en bonne partie sur leur territoire, ces deux entités, avec le soutien du réseau international de collectivités locales CGLU, ont organisé leurs « Rencontres internationales pour des Jeux inclusifs et solidaires », deux jours de conférences pour recueillir les conseils d’acteurs internationaux sur la meilleure manière de préparer l’héritage des Jeux 2024.
Au Nouveau Théâtre de Montreuil, puis le lendemain au Stade de France – qui accueillera d’ailleurs les cérémonies d’ouverture et de clôture des JO – des dizaines d’experts, membres de la société civile et acteurs publics se sont donc succédé pour faire entendre leur expérience de cet événement planétaire. John Paul Cruz, chercheur associé à l’université de Berkeley, était ainsi venu expressément de Californie pour y détailler ses travaux sur des Jeux inclusifs, changeant notamment le regard sur le handicap. Enric Truño, ancien adjoint aux sports de Barcelone, a lui analysé la transformation urbaine qu’ont engendrée les Jeux de 1992, tandis que Ruth Mckenzie, directrice de l’Olympiade culturelle de Londres 2012, est revenue sur cette formule qui avait en partie fait le succès de l’édition anglaise.
Divisées en trois grandes thématiques – l’héritage des Jeux en termes d’aménagement urbain, la dimension d’inclusion sociale et d’emploi et enfin les effets d’entraînement sur le plan éducatif et culturel – ces journées ont bien sûr reflété la diversité des cultures représentées. Tout en dégageant tout de même des lignes directrices invariables : associer le plus tôt possible la population à l’événement et penser le temps de l’après-Jeux en termes d’intérêt général.
« Pour nous, le facteur-clé aura été la participation de la population, qui a accompagné les grands changements urbains », témoignait ainsi Josep Mayoral Antigas, maire de Granollers et conseiller municipal en urbanisme au moment des Jeux de Barcelone 92. « Nous avons eu la chance d’accueillir la construction d’un grand gymnase pour les épreuves de handball, mais nous avons aussi pu compter sur l’implication de 500 volontaires pour une petite ville de 50 000 habitants. Les écoles ont toujours été associées pendant comme après les Jeux. Tout cela nous a permis d’avoir des effets positifs bien après les Jeux. », a expliqué l’élu de cette commune située à une trentaine de kilomètres de Barcelone.
Peter Bundey, actuel directeur de la société d’exploitation du Centre aquatique londonien, filait lui la comparaison entre Newham, quartier populaire de l’Est londonien et la Seine-Saint-Denis : « Le parallèle est pertinent dans la mesure où ces deux aires urbaines ont des caractéristiques socio-économiques proches : un taux de chômage élevé, un taux de pauvreté important, des problèmes d’obésité… », commençait-il. Avant d’expliquer les retombes positives de la piscine olympique de Londres, 7 ans après les Jeux : « Nous avons souhaité créer un équipement à visée sociale. Nous ne occupons pas que du haut niveau, c’est une piscine ouverte à tous : 80 % de ses utilisateurs sont des habitants du quartier et 4 600 enfants viennent y nager chaque semaine. Il y aussi des retombées locales positives en termes d’emploi : 75 % de nos employés sont des habitants du quartier. La politique des prix a été conçue pour être abordable : les tarifs pour venir nager au Centre aquatique sont exactement les mêmes que dans toute l’aire métropolitaine de Londres. C’est donc un exemple dont Paris 2024 pourrait s’inspirer pour son centre aquatique... », jugeait le responsable.
Table ronde avec Sergi Crespi, ancien directeur des sports de L’Hospitalet de Llobregat, David Lamy, directeur des RH de Paris 2024, Susan Cooper, chargée du volontariat pour Londres 2012 et Emma Frost, membre de la London Legacy Development Corporation
Tout n’a cependant pas été que louanges au cours de ces deux journées de réflexion. Ana Falu, architecte argentine et professeure à l’université de Cordoba, pointait ainsi du doigt les aberrations qui s’étaient produites dans les travaux précédant les Jeux de Rio : « Ces jeux ont été synonymes de gentrification, de dégradations environnementales comme au quartier de la Barra da Tijuca ou d’expropriations de populations modestes comme dans la zone portuaire. Et comme toujours, les personnes les plus impactées par ces phénomènes ont été les plus vulnérables : les pauvres et plus particulièrement les femmes pauvres », a alerté l’urbaniste.
Des lignes rouges dont sont conscients les organisateurs et territoires hôtes des Jeux 2024. « Faire en sorte que ces Jeux soient inclusifs et solidaires, ce n’est pas un bonus. C’est la raison première de notre engagement, martelait ainsi Stéphane Troussel, le président du Département de la Seine-Saint-Denis dans sa présentation au Nouveau Théâtre de Montreuil. Quand, 10 ans après les jeux, on ira voir s’ils ont été une réussite, ce n’est pas sur le Champ de Mars qu’on ira, mais en Seine-Saint-Denis, pour voir si Paris a réussi à inclure sa banlieue d’avenir. »
Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, territoire qui accueillera en 2024 le village olympique, le village des médias et le nouveau centre aquatique, lui emboîtait le pas : « J’ai encore en mémoire le Mondial de foot 98 et la dignité retrouvée qu’il avait supposé pour certains habitants. Eh bien, les Jeux 2024 doivent avoir le même effet : il doit absolument y avoir des retombées palpables en termes d’inclusion et d’emplois. » Cinq ans avant d’accueillir le monde, ces deux territoires ont en tout cas déjà l’intelligence de l’écouter.
Christophe Lehousse
« Fin septembre, nous aurons un temps fort en Seine-Saint-Denis, un forum citoyen où nous inviterons la population à venir se rendre compte de l’opportunité que sont les Jeux », a déclaré Tony Estanguet au cours de sa présentation au Nouveau Théâtre de Montreuil. Le président du Comité d’Organisation des Jeux, lui aussi invité des Rencontres internationales, a donné rendez-vous le 28 septembre aux habitants du département pour une présentation des opportunités socio-économiques liés à l’événement, tout cela dans un cadre festif. On ne connaît pas encore le lieu exact du rendez-vous.
Dans l'actualité
À Noisy-le-Grand, le collège international s’agrandit !
La première pierre des travaux d'extension du collège internationale de Noisy-le-Grand a été posée jeudi 7 novembre. Ces travaux, pilotés par le (…)
Le testing, une arme surpuissante contre les discriminations
L’Observatoire départemental des discriminations et de l’Égalité (ODDE) a présenté le 6 novembre à Pantin une campagne de testing menée par des (…)
Réservations hôtelières, accès à la culture : les discriminations à l’épreuve du testing
Des opérations de testing ont été menées avec des chercheurs à l’initiative de l’Observatoire départemental des Discriminations et de l’Égalité (…)
Une résidence d’artiste haute en couleurs
Toute cette année, l’artiste vidéaste Christophe Herreros intervient auprès des élèves du collège Corot du Raincy. Donner le goût de la création, (…)
Un nouveau site internet pour les parcs du Département !
Le site internet des parcs départementaux de la Seine-Saint-Denis fait peau neuve ! De nouvelles fonctionnalités et un design repensé pour (…)
Adel Fugazi, le rire sans queue, ni tête
Avec son spectacle « Pause » qui affiche complet depuis le mois de mai à la Nouvelle Seine, le Courneuvien Adel Fugazi va vous faire mourir de (…)