Festival Cinébanlieue, de guerre lasse

Festival Cinébanlieue, de guerre lasse
Cinéma

Le festival qui se tient à Saint-Denis, Saint-Ouen et dans le 19e, s’ouvre ce mercredi 9 novembre avec pas moins de 8 avant-premières, dont beaucoup tournent cette année autour du thème de la guerre ou de la violence. Et un cortège d’invités prestigieux pour les défendre : les comédiens Reda Kateb et Lyna Khoudri ou encore la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani.

« Faites l’art, pas la guerre. » C’est autour de ce slogan très années 68 que tourne cette année le 17e festival Cinébanlieue. Pour des raisons évidentes liées à l’actualité – la guerre en Ukraine, mais aussi une violence sociale de plus en plus palpable. Pour des raisons liées aussi à sa genèse – fondé en 2006, un an après après la mort accidentelle de Zyed et Bouna, deux enfants de Clichy-sous-Bois poursuivis par la police, le festival reste fidèle au credo qui l’a vu naître : dénoncer, par l’art, certaines injustices sociales et changer l’image des banlieues souvent ramenées à leurs simples faits divers.

« Comme toujours, on veut célébrer le dynamisme de la création en banlieue, donner la parole aux jeunes des quartiers à travers le concours Talents en court et faire venir dans les salles ceux qui en sont le plus éloignés », souligne Aurélie Cardin, la directrice et fondatrice de la manifestation.

JPEG - 30 ko

Cette année, on partira donc sur le sentier de la guerre avec en ouverture, le deuxième long-métrage du réalisateur de Seine-Saint-Denis Mathieu Vadepied sur les Tirailleurs sénégalais. Un homme (Omar Sy) et son fils (Alassane Diong) engloutis par les tranchées de la première Guerre Mondiale, chair à canon comme 583 000 autres conscrits des colonies françaises. Comme en écho, le festival repasse d’ailleurs l’excellent « Indigènes » de Rachid Bouchareb, cette fois-ci sur l’implication des combattants issus des colonies dans la 2e Guerre mondiale.

Ce même réalisateur, Rachid Bouchareb, se signale cette année par « Nos frangins », sur deux histoires de violences policières : d’abord celle de Malik Oussekine, jeune étudiant tué par la police le 5 décembre 1986 en plein cœur de Paris mais aussi sur celle, beaucoup moins médiatisée, d’Abdel Benyahya, victime lui aussi de violences policières à Pantin cette même nuit. Avec pour porter ce film politique, les toujours très justes Reda Kateb, parrain du festival, et Lyna Khoudri, qui jouent respectivement le frère et la sœur de Malik Oussekine.

On reste dans le thème des violences institutionnelles avec l’histoire tragique de Jallal Hami, jeune élève-officier à Saint-Cyr, mort dans un bizutage en 2012. C’est son propre frère, Rachid, déjà comédien et réalisateur à l’époque du drame, qui porte l’histoire à l’écran avec « Pour la France ». Le jeune Stanois sera invité le 10 novembre pour présenter cette œuvre douloureuse et libératrice.

JPEG - 66 ko

« Saint-Omer », première œuvre de fiction de la documentariste Alice Diop, explore lui les ressorts intimes d’un infanticide, là encore histoire vraie d’une femme ayant tué son enfant sur une plage du Nord. Un film en lice pour représenter la France aux Oscars.

Autre avant-première, et plus joyeuse celle-là : « Divertimento », de Marie-Castille Mention-Schaar, retrace le brillant parcours de Zahia Ziouani et de sa sœur Fettouma, originaires de Pantin et Stains, respectivement devenues cheffe d’orchestre et violoncelliste. « Là, c’est la partie « l’art pas la guerre ». Des films comme celui-ci montrent comment on peut s’épanouir à travers la création, mais aussi comment il faut parfois batailler pour se faire sa place en tant que femme, d’origine immigrée et issue des quartiers populaires », commente Aurélie Cardin. Le festival accueillera ainsi le dimanche 13 novembre Zahia Ziouani, pour un final en musique.

JPEG - 64.1 ko

Sans oublier la traditionnelle sélection de courts-métrages Cinébanlieue, où « Youssou et Malek », du jeune Dionysien Simon Frenay, a déjà été remarqué. L’histoire d’un amour entre deux jeunes hommes, sur fond de comédie musicale. Une sélection de 10 œuvres parmi lesquelles un jury présidé par l’actrice Karole Rocher (Polisse, Les Neiges du Kilimandjaro) devra désigner son lauréat. Tous au ciné !

JPEG - 72.1 ko

Cinébanlieue, du mercredi 9 au dimanche 13 novembre, à L’Ecran de Saint-Denis, Commune Image de Saint-Ouen et à l’UGC Paris 19e.

Le programme complet ici

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *