Expo-photo "Du cri à la dignité" : Tout est affaire de regard
Après un premier travail réalisé avec des travailleurs handicapés de Saint-Denis, Mai Duong revient dans le département à Neuilly-sur-Marne avec un nouveau projet, « Du cri à la dignité ». Ces 5 installations affichées dans différents lieux de la ville jusqu’au 31 janvier nous invitent à changer de regard sur les choses et les gens.
Ces cinq fenêtres urbaines installées en cinq lieux différents de Neuilly–sur-Marne nous mettent sous les yeux la culture de l’égalité à l’œuvre. Tout serait-il affaire de regard ? Regard de l’autre posé sur la différence qu’il croise, regard fuyant pour échapper à la réalité, regard-miroir, regard scrutateur ou inquisiteur, regard bienveillant… L’acte photographique, s’interrogent certains, est-il fait pour observer le monde ou pour le construire ? Pour son compte Mai Duong avoue sous le sceau de la confidence : « J’aime toucher les limites par rapport à mes préjugés… »
C’est donc autour de la culture nocéenne de l’égalité face au handicap et à l’insertion sociale et professionnelle que Mai Duong a bâti son projet avec la ville de Neuilly-sur-Marne. C’est cet ancrage profond qui a modelé la ville au fil du temps en se frottant aux questions du handicap. De Ville-Evrard à la Guinguette de l’écluse (le restaurant du Martin-Pêcheur), en passant par l’ESAT Pierre Brossolette, au centre de danse partagée Les Pâquerettes et au centre équestre municipal avec l’association Trott’autrement, Mai Duong a posé son regard et noué une relation forte avec tous les sujets qui ont bien voulu se prêter à ce projet.
L’installation « Du cri à la dignité » s’inscrit dans cette tradition d’art urbain, de poésie en images qui s’adresse directement aux passants qui déambulent, aux habitant qui se déplacent, bref à tous ceux qui aiment humer l’air de la ville. « C’est un récit sur la ville, annonce la photographe, pour la connaître, pour afficher ses valeurs de solidarité et partager son histoire. »
Les traces, les cris de Ville-Evrard
L’hôpital de Ville-Evrard abrite un musée, la SEREP, dans lequel sont conservés dessins et objets réalisés par des patients ou leur ayant appartenu. Tableaux, sculptures, robes, cartes postales ou vieux paquet de cigarettes, ils témoignent tous du passage de ces hommes et de ces femmes dans cette institution. « A partir de tout ce matériel, j’ai créé des natures mortes, explique Mai Duong, 7 grandes œuvres accrochées sur des grilles le long de la Marne. Mais attention ! Cette exposition, je l’ai voulue heureuse », insiste-elle.
La danse partagée avec les Pâquerettes
Dans le gymnase René Pallud, la ville met à disposition une salle pour accueillir l’association les Pâquerettes. « J’ai découvert en pénétrant dans ce lieu une chaleur que je n’ai trouvée nulle part. J’ai choisi une petite fille de 10 ans qui donne la main à une femme autiste de 40 ans. Oui, ça me bouscule et ça me bouleverse… » Elle photographie les mains, leurs mains qui se touchent, se cherchent, se rencontrent.
Trott’autrement
Cette association, dans le cadre du centre équestre municipal propose une approche guidée à l’équitation aux personnes en situation de handicap. « Je n’ai jamais vu une monitrice développer une telle pédagogie, souligne la photographe. Elle se met constamment au niveau de la personne avec qui elle est. Ce n’est qu’encouragement… » Pour ce travail, le parti-pris de cadrer serré avec toujours le même décor a été privilégié, pour souligner la temps qui passe et la fragilité de chacune des avancées. Rien n’est jamais acquis, tout est à recommencer… Regarder, toucher, panser le cheval puis le diriger à pied ou en montant, c’est surmonter ses craintes, ses difficultés, gérer ses émotions et se découvrir des capacités que personne ne soupçonnait.
Sandeep, Dora, Seewan, Magou, Miloud et les autres…
Ces portraits de jeunes gens et de jeunes femmes ont été réalisés au Martin-Pêcheur, guinguette en bord de Marne gérée par l’association « Insertion Défi économique ». Elle s’est donnée comme objectif l’insertion sociale et professionnelle de personnes en difficulté. Soutenu financièrement par l’Etat, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et la Ville, ce restaurant d’insertion embauche des personnes rencontrant des difficultés d’accès à l’emploi, afin qu’elles puissent faire l’apprentissage d’un métier et s’engager dans des perspectives professionnelles.
Claude Bardavid
– Les grilles de l’école maternelle André-Chénier 137 rue du 8 Mai 1945,
– Les grilles de l’établissement de santé Ville-Evrard 202 avenue Jean-Jaurès
– Centre équestre municipal 16 rue du Site agréable
– Les grilles du square de l’eau Promenade des bords de l’eau
– Les grilles du parc Guérin 3 avenue du Général-de-Gaulle
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