Formule 1 Karting

Esteban Ocon, pilote de F1 fidèle à l’ASK Rosny 93

1er août 2021, Esteban Ocon gagne son premier Grand prix de F1 à Budapest. A 26 ans, jusque dans le baquet son Alpine, le pilote repense à l’ASK Rosny 93, à ses premiers tours de kart à Aulnay et veut « rester pour toujours dans ce club qui m’a soutenu en toutes circonstances… ».

A quatre ans, ce fils d’un mécano glisse dans son premier karting. A cinq ans, Esteban s’imagine déjà au volant d’une Formule 1 : « Du plus loin que je me souvienne, tous les dimanches, j’étais bercé par les Grands Prix à la télévision. Le reste du temps, je vivais entouré d’outils, dans les moteurs, les capots et les pneus démontés du garage. A partir de cinq ans, le rêve de devenir pilote de F1 n’a cessé de m’envahir comme d’autres veulent devenir astronaute, pâtissier ou médecin… ».

Biberonné aux huiles de vidanges de papa et aux fumées des gommes mordant les grilles de départ à Spa ou Monza, Esteban Ocon roule derrière son propre rêve.
A sept ans, sans piste aux alentours du garage de ses parents, ce Normand vient faire rouler sa mini mécanique sur le circuit d’Aulnay-sous-Bois, accueilli à bras ouverts par Jean-Pierre Deschamps, fondateur et président de l’ASK Rosny 93.

Premier plus jeune pilote…

A dix ans, son premier titre de champion de France de karting en poche booste sa soif de premières : « Je me souviens d’une réception au club à Rosny en honneur de mon titre. Je me souviens avoir dû mettre un costume et une petite cravate pour la première fois. Je me sentais un peu gauche, maladroit. Je me revois sur l’estrade avec Monsieur Deschamps, moi et les autres jeunes du club. J’ai encore bien en tête une photo prise ce jour-là et surtout mon stress au moment de mon p’tit speech… ».

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Souvent, ses parents se saignent pour le faire tourner sur le circuit aulnaysien « très technique, notamment le bas, que je connais comme ma poche », résume-t-il.

Toujours sur le fil du rasoir…

Témoin de ses courbes au cordeau, de ses pointes de vitesse sous son casque aux couleurs de son idole Michael Schumacher, de ses paroles rares libérant une écoute extrême pour imprimer un conseil essentiel ou sentir un carburateur encrassé, Alexandre Deschamps, fils de Jean-Pierre aujourd’hui directeur technique du club, se souvient : « D’entrée, Papa a flashé sur ce gamin, hyper doué, motivé, surtout, déjà rigoureux et pointilleux pour son jeune âge. Comme du côté des moyens, il était sur le fil du rasoir, Papa l’a aidé comme il le pouvait, dès qu’il le pouvait. En fait, dans ce milieu, tout se joue à rien, à pas grand-chose. Depuis toujours, « Esté » était sûr de son fait, savait où il voulait aller. Sans doute, mon père avait très tôt, pigé qu’il irait très loin. Malgré son jeune âge, son cerveau et son œil étaient déjà faits pour tirer des trajectoires à pleine vitesse ».

Longtemps, Esteban Ocon tiendra, dans toutes les catégories, les records de la piste d’Aulnay « des étalons pour nos jeunes volants aujourd’hui », résume Alexandre Deschamps. Directeur technique depuis quinze ans, il aime « mettre le pied à l’étrier aux jeunes mordus à qui les victoires d’Esté parlent ».

Plus jeune français en Formule 1 !

Malgré les embûches et le manque de moyens, Esteban Ocon poursuit sa course vers son rêve. A quinze ans, le cadet devient champion de France de karting F3. A dix-huit, remporte le championnat d’Europe de Formule 3 après vingt-et-uns podiums souvent au coude-à-coude avec le Néerlandais Max Verstappen.
A dix-neuf ans, sa qualité de métronome lui permet de gagner le championnat GP3 avec une seule victoire en seize courses mais treize podiums !

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Toutes ses jeunes années, son rêve le porte : « En fait, je n’ai pas trop eu d’adolescence, souvent à droite à et gauche pour rouler, souvent avec des grands, parfois peu à l’école , nous raconte-t-il. Quand je rentrais chez moi, en Normandie, je sortais peu tellement j’appréciais rester un peu tranquille, un peu stable. Mais, c’était le chemin à prendre pour arriver à décrocher mon rêve. Je ne regrette pas, sans doute, aussi, être devenu adulte avant l’heure… ».

Résultat de ses courses parfois semées d’embûches tant les dépenses pour être sur la grille conduisent souvent dans l’impasse…résultat de ses courses parfois sur le frein pour ne pas casser un moteur à économiser…Alors, résultat de ses saisons à passer ses vitesses en roulant avec impérative intelligence ? A dix-neuf ans, passé hors des écrans radars de la Fédération française d’automobile, Esteban Ocon est le plus jeune pilote français aligné sur un Grand Prix de Formule 1 !
Aujourd’hui, Alexandre Deschamps salue sa réussite : « Malgré un parcours pas facile, « Esté » a optimisé chaque occasion. A l’image de sa première victoire à Budapest, il a su saisir chaque occasion. Au fond, je pense qu’il a toujours su qu’elles sont rares. Du coup, il se tenait toujours prêt à répondre présent… ».

Dans la roue du « Toro des Asturies »…

Le 1er août dernier à Budapest, à vingt-cinq ans, sur l’exigeant Hungaroring surnommé « le tourniquet » en raison de ses enchaînements de virages, Esteban Ocon, coéquipier du double champion du monde Fernando Alonso, signe la première victoire de sa carrière.
En passant le drapeau à damiers de son 78ème Grand Prix, disputé au fil de tours à rebondissements, le licencié de Rosny pense à Jean-Pierre Deschamps, « un grand Monsieur », décédé début avril. A peine sorti de son baquet, son premier appel fut pour Marie-Noëlle, sa veuve. Même s’il roule désormais à plus de 250 km/h avec sa A521 au V6 turbo hybride, « Esté » n’oublie pas d’où il vient.

Là même, à Budapest, en 2003, l’Espagnol Fernando Alonso, surnommé le « Toro des Asturies », signa la première de ses trente-deux victoires, « ce qui donne un plus à la mienne », souligne le Normand.

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Moins d’un an après la victoire de son compatriote Pierre Gasly, qui roula lui aussi sur le circuit d’Aulnay, Esteban Ocon pilote au cordeau : « En Formule 1, tout est calculé à la minute près et une de retard pénalise toute une chaîne de personnes, toute une équipe importante à nos côtés. Le jeudi et le vendredi, veilles de Grand Prix, sont toujours particulièrement minutés et à fond. Mais, c’est le chemin pour atteindre son rêve… ».

Bien lancé, il rêve encore et toujours de victoires, « peu importe où, elles valent toutes 25 points ! Mais oui, gagner à Monaco, aussi mythique que difficile, j’aimerai bien…à Imola ou Suzuka, aussi… ».
Lancé, Esteban Ocon refuse toujours de rouler des mécaniques mais, assure « rouler toujours pour Rosny où je resterai licencié toute ma carrière. Dans les moments difficiles, Jean-Pierre et Marie-Noëlle (Deschamps) ont été mes premiers supporters, m’ont toujours aidé, trouvé des solutions pour acheter un moteur ou payer des déplacements en Europe : je ne n’oublierai jamais ! ».

Photos : © XPB/James Moy Photography

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