Esteban Ocon, la vie en pole
Arrivé à 7 ans au club de kart de l’ASK Rosny 93, ce surdoué du volant a gravi les échelons quatre à quatre pour devenir à 19 ans le plus jeune pilote français aligné au départ d’un Grand Prix de F1. Désormais dans l’écurie Force India, il peaufine sa prochaine saison.
Alors qu’il pose pour la photo devant le circuit de l’ASK Rosny 93, Esteban Ocon lâche amusé : « cet endroit, je le connais par coeur ». Ce n’est pas Monza, ni Interlagos – juste le circuit de kart Pierre-Peugeot à Aulnay - mais celui qui est désormais pilote de F1 chez Force India n’a rien oublié. « C’est toujours agréable de revenir là où tout a commencé. Je n’oublie pas que c’est aussi grâce à l’ASK Rosny que j’en suis là aujourd’hui », explique le jeune homme de 20 ans, venu expressément en ce 17 décembre avec ses parents à la soirée du club.
L’as du volant a beau avoir changé de sphère en étant projeté en août dernier dans la galaxie F1, il veille à maintenir le lien avec son club de kart, où il a du reste toujours sa licence. « Quand je suis arrivé ici, à 7 ans, Monsieur et Madame Deschamps (les fondateurs du club, ndlr) m’ont beaucoup aidé. Dans les premières années, c’est l’ASK Rosny 93 qui finançait une partie de mes courses et déplacements en Europe », se rappelle le jeune pilote. Son père Laurent, mécanicien de métier, dit lui aussi toute sa reconnaissance envers le club formateur de Seine-Saint-Denis : « Dans notre région d’origine, à Evreux, il n’y avait pas de structure adaptée. L’ASK Rosny était un des seuls clubs en région parisienne à proposer un championnat mini-kart. Et vu les efforts de M.Deschamps, on n’a pas eu à le regretter. »
Treize ans plus tard, le président de l’ASK Rosny se souvient encore du jour où il a découvert « le phénomène ». « Qu’il soit allé si haut, ça ne m’étonne pas, affirme-t-il, volubile. Il était incroyablement concentré pour un gamin de son âge. Et puis rigoureux avec ça ! Quand il s’arrêtait au stand, il disait à son père qui l’assistait : « on devrait peut-être remettre 100 grammes dans le pneu avant gauche. »
Rien d’étonnant donc si le jeune Ocon enchaîne alors les titres aussi vite que les chicanes : champion de France minimes puis cadets en kart, avant de réussir le saut vers la Formule Renault et la Formule 3. Avec son titre de champion GP3 Series en 2015, les choses s’emballent : le crack tape dans l’oeil du patron de Mercedes Toto Wolff et devient pilote d’essais. Prêté par la marque allemande à l’écurie britannique Manor Racing, il ne tarde pas à vivre son premier Grand Prix en F1 en août 2016.
Un premier aboutissement à tous les efforts consentis. « Etre pilote de F1, ça a toujours été mon objectif. Je me souviens, lors de ma première interview télé, après mon titre de champion de France minimes, j’avais déjà dit que je voulais être pilote de F1. », sourit Ocon. Le jeune homme, remplaçant au pied levé de Rio Haryanto, terminera 16e de son baptême du feu, sur le mythique circuit de Spa-Francorchamps en Belgique. Les temps où le jeune Esteban jouait les apprentis Schumacher dans le jardin parental en mini-kart sont loin, bien loin...
Désormais, son regard est tout entier tourné vers la nouvelle saison, qu’il entame dans l’écurie Force India, également sur moteur Mercedes. « On est en pleine préparation, explique celui qui a donc fait un crochet par la soirée de l’ASK avant de partir à Font-Romeu suivre un stage de préparation physique. Il reste beaucoup de travail à faire en collaboration avec les ingénieurs. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’à une maquette en plastique de la voiture. » Et d’annoncer clairement la couleur : « Cette année, l’objectif, c’est de rentrer dans les points à chaque course (10 premiers, ndlr), de me battre pour être dans le TOP 5 et même faire des podiums ». Celui qui compte pour le moment 9 Grands Prix à son actif pourra pour cela s’appuyer sur un coéquipier d’expérience, le Mexicain Sergio Perez. Un pilote avec lequel Ocon, aux grand-parents paternels natifs de Malaga, partage une certaine culture hispanique.
On aimerait en savoir plus sur les modèles du jeune fonceur en matière de pilotage. Mais difficile de contenir davantage la vague de jeunes pousses de l’ASK qui s’approchent de lui, les yeux brillants. Patient, Esteban se prête de bonne grâce au jeu des selfies et autres autographes. Situation cocasse : pour certains des jeunes, il les connaît même presque autant qu’ils le connaissent. « J’ai encore le temps de regarder de temps à autre les résultats des espoirs du club », a encore le temps de nous confier l’ex-pilote de kart. Je suis en particulier la saison de Jimmy Hélias (champion de France cette année à 8 ans, ndlr), qui a commencé comme moi en mini-kart. Quand je peux, je lui donne des conseils, c’est un jeune très prometteur ». Quand Esteban Ocon dit être resté proche du club de ses débuts, ce ne sont donc pas que des mots.
Christophe Lehousse
« On est un club qui privilégie la formation et l’éducation. On souhaite donner leur chance à tous les jeunes, quels que soient leurs moyens » Jean-Pierre Deschamps a le discours aussi bien rôdé que ses moteurs de kart. 27 ans que ce passionné, bien aidé de sa femme et de ses deux fils, préside aux destinées de l’ASK Rosny 93, qui compte quelque 400 licenciés. Dans une discipline réputée chère, Jean-Pierre Deschamps ne lésine pas sur les moyens et les partenaires – dont le Conseil départemental - pour rapprocher des centaines de gamins de leur rêves vrombissants. Avec des résultats remarquables : cette année encore, le club a glané de nombreux titres, avec notamment Jimmy Hélias sacré champion de France en mini-kart et vainqueur de la Coupe de France ou Théo Pourchaire, 3e des championnats du monde en OK juniors. Mais le club ne vise pas que la compétition. Fidèle à ses débuts – quand il était encore nomade et ne s’était pas fixé sur le circuit Pierre-Peugeot d’Aulnay-sous-Bois – il poursuit ses actions en matière de prévention routière dans les collèges et lycées et organise également des championnats handisport.
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