Agora Education aux médias Seine-Saint-Denis

Dessine-moi la liberté d’expression

Après le choc de l’assassinat de Samuel Paty, le Département a décidé d’accompagner les collèges de Seine-Saint-Denis avec Agora, un large programme d’éducation aux médias et à la liberté d’expression. Un atelier en visio entre des caricaturistes et des professeurs s’est tenu fin décembre pour préparer des parcours éducatifs sur le dessin de presse.

Depuis plusieurs années, le Conseil départemental soutient des actions d’éducation aux médias, comme des rencontres avec des caricaturistes ou des résidences de journalistes. L’attentat de Conflans-Sainte-Honorine a incité la collectivité à booster ces parcours bientôt parrainés par des reporters, dessinateurs de presse, "fact-checkeurs"... qui apporteront leur appui pour nourrir le projet pédagogique des enseignant·e·s. Mykaïa et Nadia Khiari, membres de l’association de caricaturistes Cartooning for peace, ont animé le 21 décembre une rencontre en ligne avec des professeur·e·s et devraient présenter prochainement leurs créations en classe.

La satire, une outil de contestation politique

« Un dessin est une arme superpuissante et peut avoir un impact dans le monde entier, surtout à l’heure des réseaux sociaux » , déclare Nadia Khiari avec un sourire. « Voilà pourquoi ceux qui ont le pouvoir ont peur de nous et nous embêtent à longueur de temps » . Et l’artiste tunisienne sait de quoi elle parle... Condamnée au silence pendant 36 ans, elle crayonne, à la chute de Ben Ali, le chat ironique Willis from Tunis qui devient l’emblème de la satire révolutionnaire. Menacée plus tard par des fatwas, elle voudrait rappeler aux jeunes Séquano-Dionysien·ne·s « leur chance de vivre dans un pays démocratique et de jouir sans crainte de la liberté d’expression ».
Le Franco-Tunisien Mykaïa a aussi subi les foudres de la censure de l’autre côté de la Méditerranée avant de s’installer à Paris. Ami des regrettés Charb et Cabu, il s’insurge contre l’indifférence, la bêtise et les intégrismes qui altèrent le vivre-ensemble. Soucieux d’être le plus interactif possible, il prévoit de présenter entre quatre et cinq réalisations, en mettant à l’aise les collégien·ne·s pour libérer la parole. « Sur une séance de deux heures, j’aborderai des sujets qui devraient les faire réagir comme les droits de l’homme, les religions, l’environnement... et j’essaierai de leur transmettre les codes du dessin de presse, pas simples pour des néophytes ».

Quatre autres rencontres prévues jusqu’en février

Les dessinateurs de presse ont également proposé une méthodologie pour raccrocher les adolescent·e·s à l’actualité et faire le lien avec l’œuvre représentée. Cet atelier-rencontre en ligne a été très apprécié par les enseignant·e·s présent·e·s, parmi lesquel·le·s des professeur·e·s-documentalistes.
« C’est la première fois que je rencontre des caricaturistes et j’ai vraiment adoré » s’emballe Amélie Malglaive, professeure au collège Jacques-Prévert de Noisy-le-Grand. « J’ai demandé qu’ils puissent intervenir dans mes classes pour faire un lien avec le programme de géographie et d’éducation civique de mes quatrièmes » .

D’autres enseignant·e·s ont également demandé à bénéficier d’expositions de l’association Cartooning for peace au sein de leur établissement. « Ces expositions temporaires pourraient permettre de préparer les jeunes aux interventions des dessinateurs et surtout leur donner le goût de lire la presse écrite » , confie l’un d’entre eux. Des initiatives toujours utiles pour former les citoyen·ne·s libres de demain...

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Crédit-photo : Bertrand Bechard, Mykaïa en atelier-rencontre Cartooning for Peace, décembre 2017

Crédit-photo : Riber (Suède)

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