Collèges

Des noms de femmes influentes pour les nouveaux collèges

Les quatre nouveaux collèges publics de la Seine-Saint-Denis qui ouvrent à la rentrée portent le nom d’une femme inspirante : Gisèle Halimi, Aretha Franklin, Françoise Héritier et Miriam Makeba. Coup de projecteur sur ces femmes qui ont su changer le cours d’une vie toute tracée.

« Nous donnons désormais systématiquement des noms de femmes à tous les nouveaux collèges que nous construisons afin de contribuer à faire changer les mentalités. L’Histoire a également été façonnée par les femmes, et nos bâtiments publics doivent eux aussi en témoigner », avait déclaré le Président du Conseil départemental, Stéphane Troussel, en 2018. Après les collèges Jacqueline de Romilly, Germaine Tillon ou encore Solveig Anspach, place à quatre femmes qui vont donner un bel élan aux collégien.ne.s.

Collège Gisèle Halimi à Aubervilliers : une avocate féministe

Née en Tunisie, à la Goulette, en 1927, Gisèle Halimi se révolte très jeune contre son destin tout tracé d’épouse et de mère. Elle s’intéresse dès l’adolescence à la cause féminine, aux droits des peuples et aux libertés fondamentales. Après des études de droit à Paris, elle devient avocate et intègre le barreau de Tunis en 1949 avant de retourner exercer a Paris. Sa vie est marquée par ses engagements politiques : l’indépendance de l’Algérie, la dépénalisation de l’avortement, la défense des femmes violées et la parité hommes-femmes. En 1972, à l’occasion du Procès de Bobigny, elle obtient la relaxe de sa cliente qui avait choisi d’avorter à la suite d’un viol. Cette victoire, à une époque où l’avortement est illégal, est une victoire qui aidera Simone Veil à faire voter la loi de 1975 sur l’interruption volontaire de grossesse. C’est aussi en partie grâce à Gisèle Halimi que le viol ne sera plus considéré comme un délit mais comme un crime. Aujourd’hui âgée de 92 ans, l’avocate peut se féliciter d’avoir fait avancer la cause des femmes.

Collège Aretha Franklin à Drancy : une voix de légende

C’est l’une des voix les plus célèbres de la planète. Aretha Franklin est une chanteuse américaine, née en 1942, surnommée la « Reine de la Soul ». C’est l’artiste féminine ayant vendu le plus de disques au monde. En 45 ans de carrière, elle a décroché 18 Grammy Awards, les recompenses les plus prestigieuses de la musique aux Etats-Unis. Fille de pasteur, elle a commencé très jeune à chanter du gospel a l’église et a enregistré son premier album dès l’âge de 14 ans. Elle a d’abord puisé son inspiration dans le blues et le gospel puis l’a enrichi avec le jazz, la soul, le funk… « Respect », sa chanson sortie en 1967, est un véritable hymne féministe. Avec "Respect", "A natural woman" et tant d’autres, Aretha Franklin est devenue un symbole de l’esprit du Girl Power, pour toutes les femmes qui revendiquaient et revendiquent toujours l’égalité hommes-femmes.

Collège Françoise Héritier à Noisy-le-Sec : une anthropologue contre les idées reçues sur la domination masculine

À 20 ans, Françoise Héritier rêvait de devenir égyptologue. Une idée bien audacieuse pour une jeune fille née en 1933 ! Étudiante en histoire-géographie à l’Université de la Sorbonne, à Paris, elle découvre les cours de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss. C’est la révélation. Elle comprend que les façons de penser sont multiples et que ses certitudes et sa culture ne sont pas la vérité absolue. En 1957, elle part en Haute-Volta (le Burkina Faso d’aujourd’hui) ou elle étudie, pendant 7 ans, la vie de l’ethnie des Samos. À 49 ans, elle succède à Claude Lévi-Strauss au Collège de France, à la chaire d’anthropologie. C’est la seconde femme à y entrer. Une vraie consécration. Françoise Héritier concentre alors ses travaux sur la domination masculine. Jusqu’à sa mort en 2017, elle dénoncera le rapport inégalitaire entre les hommes et les femmes qui existe partout dans le monde depuis toujours…

Collège Miriam Makeba à Aubervilliers / Saint-Denis : une voix contre l’Apartheid

Miriam Makeba a grandi dans les années 1930 dans un quartier pauvre de Johannesburg, en Afrique du sud. Après avoir tenté de survivre en exerçant toutes sortes de métiers, elle commence à chanter dans un groupe et à s’engager contre l’Apartheid. Elle se sert de sa voix exceptionnelle pour dénoncer le régime instauré par les Blancs dans son pays. Cette prise de position l’oblige à s’exiler aux Etats-Unis, en 1959. Huit ans plus tard, elle devient mondialement célèbre avec son tube « Pata Pata ». Elle continue alors à se servir de sa notoriété pour poursuivre son combat contre le régime de l’Apartheid. Elle ne reviendra en Afrique du Sud qu’à la libération de Nelson Mandela, en 1990. Décédée en 2008, juste après avoir donné un dernier concert, elle reste dans le cœur des Africains et de ses fans du monde entier la « Mama Africa », une femme et une voix engagée contre le racisme et les injustices.

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