Le travail de la jeune chorégraphe Daina Ashbee, québécoise descendante du peuple Métis par son père, est imprégné de la violence faite aux minorités autochtones du Canada et notamment aux femmes.

Dans ce solo, tout commence dans le noir, où résonne régulièrement un cri aigu comme une note fragile, tendue, qui s’arrête et reprend, parfois tremblante et vacillante. Lorsqu’une lumière blanche laisse enfin apparaître la danseuse, elle est torse nue, immobile, provocante, le regard vide et étrange fixé sur un point précis. Cette façon de faire face au public, puis de se déshabiller, instaure un léger malaise. Celui du voyeur découvert, celui d’avoir sous les yeux une femme à la merci de ceux qui la regardent, sans échappatoire possible.

Paige Culley, interprète d’une grande expressivité, successivement absente à elle-même, stoïque et défiante, dégageant autant de force que de vulnérabilité, se transforme tour à tour en pur objet sculptural, en corps animal et sensuel, ou en être blessé, traversé par la violence - celle qu’il s’inflige, celle à laquelle on le renvoie. Ici, le corps se tend et tremble, appelle et se replie, se contracte et se retrouve en posture difficile, crie et gémit, est pris de spasmes, cogne le sol de plus en plus vite, de plus en plus fort, devenant un instrument percussif, se débat comme un poisson hors de l’eau avant de reprendre enfin pied.

Daina Ashbee signe une pièce sombre, dérangeante et puissante, habitée par une violence sourde, et expose le rapport entre ceux qui la subissent et ceux qui en sont témoins.

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 Quand : Les Vendredi 19 mai, Samedi 20 mai à 19h 30 et le Dimanche 21 mai à 16h
  : Théâtre Le Colombier - 20 Rue Marie Anne Colombier, 93170 Bagnolet
 Tél : 01 43 60 72 81
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