Cyril Dumoulin, l’homme aux 4000 arrêts
Le 12 avril, ce gardien du Tremblay handball a signé son 4000e arrêt en carrière, un record. Celui qui est aussi capitaine des Jaune et Bleu est un des fers de lance de l’excellente saison réalisée par le club, idéalement placé à 3 journées de la fin pour retrouver la première division. Portrait.
Il y a des soirées comme ça où tout vous sourit. Celle du vendredi 21 avril était de ce genre-là pour Cyril Dumoulin et le Tremblay handball : une victoire autoritaire 41-31 contre Cherbourg qui, combinée à la défaite de Dijon à Caen (26-27), place les Séquanodionysiens en position de leaders à 3 journées de la fin de la Proligue (2e division).
Ajoutez à cela une excellente prestation à titre personnel pour Cyril Dumoulin, auteur d’une très bonne première période (il a ensuite laissé sa place au jeune Rubens Pierre, 23 ans). Le tout couronné par une petite cérémonie pour marquer le coup de ses 4000 arrêts en carrière, atteints le 12 avril face à Besançon. Un record en Ligue national de handball, tout simplement.
« C’est une bonne soirée oui, mais ce n’est pas fini. A nous de faire en sorte maintenant que ce passage de chasseur à chassé ne nous monte pas à la tête », tempérait le principal intéressé, laissant là entrevoir toute l’expérience accumulée au fil de ses 20 ans de carrière au plus haut niveau.
Et de plier de bonne grâce son double mètre pour s’asseoir et revisiter avec nous sa caverne aux 4000 arrêts. « Ce record, j’en suis fier, on ne va pas jouer les faux modestes. Depuis que je suis tout petit, on me dit que la vraie performance se juge dans la durée. Eh bien voilà, pour moi, ces 4000 arrêts, c’est la démonstration de tout le travail qui a été fait, ça représente la longévité, la performance qui dure. »
En plus d’une main ferme et d’une solide capacité d’analyse, le gardien de 39 ans possède aussi une mémoire redoutable. « C’est marrant, mais pour la petite histoire, mon premier et mon 4000e arrêt ont été réalisés sur des ailiers droits. Mon premier, c’était sur Yann Balmossière, dans un Nîmes-Chambéry, j’avais 18 ans et j’étais rentré en fin de match. Mon 4000e, c’est sur Thibaud Arteaga, contre Besançon. »
L’espace d’un instant défile devant les yeux de Cyril Dumoulin toute la trajectoire d’un gardien de hand accompli. Son premier contrat pro à Chambéry, ses passages par Toulouse puis Nantes, sa carrière internationale aussi, avec deux titres de champion d’Europe 2014 et de champion du monde 2015. Et enfin l’arrivée, depuis 2 saisons maintenant, à Tremblay.
« À Nantes, j’étais passé n°2 derrière Emil Nielsen. Le coach de l’époque (Alberto Entrerrios, ndlr) me faisait moins confiance et je n’avais pas envie de finir ma carrière sur le banc. Je voulais être acteur jusqu’au bout. Tremblay m’a fait confiance avec ce défi de remonter en D1 et de reconstruire ce club qui a un grand passé. C’est un club plein de potentiel, avec de belles valeurs : la solidarité, la combativité, une envie de vivre ensemble », explique celui qui a aussi pris cette saison le brassard de capitaine.
Un rôle qui lui va comme un gant, quand on voit sa manière de remobiliser ses partenaires, jamais dans l’excès, toujours dans le mot juste.
Gardien, poste à responsabilités
Et dire que sa découverte du poste de gardien repose au début sur la décision d’un seul homme ! « C’est vrai que c’est un peu le fruit du hasard », se remémore avec un sourire Cyril Dumoulin. A 10 ans, celui qui jouait jusque-là au foot est en effet repéré par son prof d’EPS Jean Mermet au collège de La Verpillière, près de Bourgoin-Jallieu, où il vient d’arriver. « Comme j’avais sauté une classe, il m’a placé gardien de l’équipe de hand, sport-phare au collège, pour aider à mon intégration. Depuis, je n’ai plus jamais quitté ce poste ».
Ce rôle, le principal intéressé en parle aussi très bien, avec enthousiasme et finesse. « On a l’habitude de dire que c’est un sport individuel dans un sport collectif. Il y a de ça. Mais ce qui me plaît surtout, ce sont les responsabilités qu’il comporte : on peut briller mais la moindre erreur se paie cash puisqu’on est le dernier homme. Et la dimension psychologique aussi est intéressante : dans un match, on va toujours prendre plus de buts qu’on ne va faire d’arrêts. Il faut donc gérer l’échec en permanence et arriver à renverser un rapport de force a priori défavorable pour le gardien... »
On entend déjà le futur entraîneur ou consultant télé poindre dans ce discours… Mais ce serait aller vraiment trop vite en besogne. Avant cela, on espère au contraire voir Cyril Dumoulin continuer à diffuser sa science de dernier rempart sur les terrains et à mettre le cap, pourquoi pas, sur son 4500e arrêt. Le mieux serait qu’il se produise en Jaune et Bleu sur un terrain de Starligue, au hasard contre Chambéry ?
Christophe Lehousse
Photos : ©Franck Rondot
A trois journées de la fin, Tremblay est enfin en ballottage favorable pour une montée directe en 1ère division, son grand objectif depuis 2 saisons. Les Jaune et Bleu, souverains face à Cherbourg (41-31), ont en effet profité d’une défaite de leur principal rival Dijon pour chiper la place de leader à ce dernier. Sachant que la 1ère place à la fin de la saison régulière leur assurerait la montée à l’échelon supérieur sans même avoir à en passer par les playoffs. Pour cela, il va maintenant falloir réaliser un sans faute jusqu’au bout : le derby à Pontault-Combault, ancien club du coach Chérif Hamani, le 5 mai, est un gros morceau, avant deux journées a priori plus faciles : les réceptions de Valence (12 mai) et Nancy (19 mai).
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