Créer son potager à la maison, un jeu d’enfant
A Bobigny, la ferme urbaine La Prairie du canal, ambassadrice de la marque In Seine-Saint-Denis, promeut une agriculture en ville, saine et participative. Initiez-vous avec elle à la multiplication végétative qui consiste à faire repousser des légumes et des fruits sans aucun matériel. Cette technique est facile, économique, et la matière première se trouve à portée de main dans votre cuisine.
Au début des années 80 à Bobigny, le bruit des moteurs de mobylettes se taisait définitivement dans l’ancienne usine de production MBK, le long du canal de l’Ourcq. En 2017 la friche redémarrait une nouvelle vie avec une activité aux antipodes, La Prairie du canal, une ferme urbaine mobile et temporaire. Des serres horticoles, une pépinière, un potager, des bacs de cultures, des poules et même des poissons rouges ont converti le site industriel et minéral en un cadre verdoyant, bucolique, et engagé pour une autre agriculture sous l’impulsion de l’association La Sauge.
Pour cause de confinement le lieu a fermé provisoirement ses portes. A l’intérieur cependant, la production végétale bat son plein et les six salarié·e·s guettent des jours meilleurs. L’association aux 10 000 adhérent·e·s communique via les réseaux sociaux où elle fait vivre ses engagements. Ses membres prodiguent leurs conseils de jardinage à coup de vidéos interactives sur Facebook et Instagram, de tutos en pagaille. Comment semer des tomates, associer les cultures, bouturer la menthe… C’est une des missions de Jade Jourdain qui gère la pépinière participative.
La multiplication végétative
Même reclus·e à son domicile sans un jardin ni un bout de balcon, juste un rebord de fenêtre et pas de budget suffisant qui permettrait d’acheter un panier de légumes, on peut faire beaucoup avec trois fois rien. Après tout, Matt Damon a bien réussi à faire pousser des pommes de terre sur la planète rouge dans le film Seul sur Mars. Sans aller si loin, une solution alternative s’impose, la multiplication végétative. « La multiplication végétative est un mode de reproduction de végétaux qui n’implique pas de fécondation », explique Jade. Certains fruits et légumes peuvent ainsi repousser tout seuls à partir de leurs "restes". Un peu d’eau ou quelques grammes de terre prélevés dans le substrat du yucca de votre salon, du soleil, la magie opère et voilà votre cuisine transformée en potager ou en verger d’intérieur. La technique est facile, pratique et 100% économique puisque la matière première se trouve dans votre réfrigérateur ou sur le plan de travail. Jade cultive les exemples à la pelle. Vous avez un bouquet de menthe coupée sous la main ? : « Prenez un brin bien frais et plongez-le dans l’eau. De petites racines vont naître après 2 semaines environ. Il suffira ensuite d’enterrer la tige dans un petit pot, de le poser à l’ombre, de l’arroser et elle repoussera sans problème. »
Repousse assurée
Il y aussi l’effet extraordinaire du pied de salade. Si vous laissez un trognon de 3 cm immergé 15 jours dans un bol d’eau à renouveler régulièrement, des feuilles pousseront à l’infini ou presque, excellentes à consommer. Idem avec un croupion de blanc de poireau qui donnera de nouvelles feuilles vertes délicieuses dans la soupe. Cette technique fonctionne également avec le chou chinois et le fenouil. Si le céleri peut être « ressuscité » de la sorte, il est recommandé ensuite de le mettre en terre. 5 jours suffisent à faire repousser des échalotes, à condition là aussi de placer le bulbe dans l’eau et, dès le lendemain, le replanter. Quant aux oignons, coupez les 3 derniers centimètres à l’opposé des racines et plongez-les quelques jours dans une tasse d’eau. Du côté des aromates, le basilic et la coriandre se « clonent » bien. « Il suffit de disposer les tiges d’une dizaine de centimètres dans l’eau, puis de les replanter lorsque les racines auront atteint 3 cm ». Au rayon des végétaux qui ne dépasseront pas le stade ornemental, pensez au noyau d’avocat et à la patate douce. Placez leur base dans l’eau pendant plusieurs semaines à quelques mois. Vous verrez surgir du premier une belle tige couronnée de ses feuilles, tandis que la seconde produira un feuillage grimpant façon lierre, du plus bel effet.
Fraises, tomates, oranges, citrons...
Des fruits également se prêtent bien à la duplication. « La prochaine fois que vous mangerez des fraises récolter ses akènes, ces minuscules poches qui renferment les graines, nettoyez-les, faites-les sécher à l’abri de la lumière et semez-les dans un pot. » La technique est la même pour les graines de tomates. Envie de citrons ou d’oranges ? « Prélevez des pépins et enfouissez-les à un centimètre de profondeur dans un pot de yaourt et mettez-le dans un endroit ensoleillé. Deux semaines suffiront à les faire germer. » Mais avant de récolter des agrumes il faudra vous armer de plusieurs années de patience… Cerise sur le gâteau, les plantations décrites sont à la portée des enfants. Voilà une bonne raison de pratiquer ce jardinage en famille. Et, de préférence avec des fruits, des légumes ou des aromates exempts de pesticides. La repousse en sera plus aisée et la production abondante. La nature n’est pas ingrate si on la respecte.
On doit la ferme urbaine La Prairie du canal à l’association La Société d’Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée (La Sauge). L’idée de ses fondateurs, développer des pratiques vertueuses autour de l’agriculture en ville en s’appuyant sur des activités pédagogiques et ludiques. Ils axent leurs actions sur le jardinage biologique, la sensibilisation à une alimentation durable, la transition agro-écologique, le recyclage, le bon usage des ressources, aussi le renforcement du lien social et l’essor des systèmes de production participatifs. Ces membres aident les habitant·e·s à créer des jardins partagés, initient les écoliers et les écolières au jardinage, sensibilisent les entreprises, accueillent des publics y compris les plus fragiles. S’y ajoute l’organisation de manifestations telles que les 48h de l’agriculture urbaine, la vente aux magasins bio et en vente directe, la livraison aux particuliers. C’est également sur le site une vente mensuelle de ses végétaux. La prochaine est attendue (espérée) courant mai. Est Ensemble et le Département sont partenaires de La Prairie du canal.
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