Continuité pédagogique Protection de l’enfance

Continuité pédagogique : 800 ordinateurs offerts à des collégiens et lycéens sans équipement informatique

Grâce à un partenariat avec BNP Paribas, le Département a commencé à distribuer 800 ordinateurs à des collégiens et lycéens dépourvus d’équipement informatique et donc pénalisés à l’heure de la continuité pédagogique. Mercredi 20 mai, 300 de ces ordinateurs ont été distribués à des adolescents de la protection de l’enfance. Une manière de réduire la fracture numérique qui continue de peser alors que collèges et lycées ne semblent toujours pas pouvoir rouvrir en zone rouge.

« Cet ordinateur, c’est un beau cadeau car je vais pouvoir m’en servir pour faire mes devoirs, réaliser des synthèses… Au foyer, on n’a que deux ordinateurs pour douze donc on est obligés de tourner. Là, tout va être plus simple » Rebecca*, élève en 1ère au lycée Mozart du Blanc-Mesnil, tient dans ses bras un carton qui va lui simplifier la vie. Comme 300 autres enfants de la protection de l’enfance, elle a reçu ce mercredi un ordinateur portable, offert par le Département grâce à un partenariat avec BNP Paribas. Au total, ce sont 800 ordinateurs qui ont été offerts par la banque, premier employeur privé du territoire, à des élèves de collèges et lycées victimes de la fracture numérique.
A l’heure où lycées et collèges ne semblent toujours pas pouvoir rouvrir en zone rouge, ces PC, nécessaires à assurer la fameuse continuité pédagogique, vont s’avérer fort utiles. « Cet ordinateur, c’est un vrai plus. Dans mon foyer, il n’y en a pas donc je ne faisais pas certains devoirs. Là, je vais pouvoir en faire davantage et je vais aussi pouvoir écrire des choses pour moi, ça me fait du bien. », témoignait encore Sandha, en 1ère elle aussi et hébergée en foyer à Villemomble.
Autant de structures rattachées au Centre Départemental Enfants et Familles de Bobigny où avait lieu la remise de 80 appareils, ce mercredi. Comptant parmi les principaux partenaires du Département en matière d’aide sociale à l’enfance, cet Etablissement public gère au total 351 places, réparties en foyers d’hébergement mais aussi en familles d’accueil. « Durant cette crise, on a pu se rendre compte que l’inégalité numérique renforçait les inégalités sociales existantes. Donc la réduire à travers ces dons de PC, c’est vraiment utile pour ces adolescents. Tout ce qui peut favoriser leur autonomie et insertion est évidemment à encourager », soulignait ainsi Najib Slimi, un des directeurs adjoints de la structure.

Un soutien pour les élèves mais aussi pour leurs éducateurs

Les éducateurs de terrain, présents pour accompagner les adolescents à la remise des ordinateurs, allaient dans le même sens : « Cet ordi, vous ne pouvez même pas savoir comme c’est magique pour ces enfants. Evidemment, ça ne résout pas tout, mais comme il ne va probablement pas y avoir de retour au lycée avant septembre prochain, ça leur permet quand même de faire un travail individualisé à distance », témoignait M.Gabrielly, éducateur au foyer de Sevran. « Indirectement, c’est aussi une aide pour nous, car avec 2 ordinateurs pour 12 enfants, la continuité pédagogique n’a pas été simple durant le confinement, outre le fait qu’on a souvent dû s’improviser soutien scolaire », ajoutait Maude, sa collègue. L’équipe, de bonne volonté, se disait même prête à étudier la demande d’accès au Wifi formulée par plusieurs ados. « Il y a un enjeu de protection, mais c’est envisageable si on les sensibilise encore davantage aux dangers d’internet. Car après tout, internet, ils l’ont aussi sur leurs téléphones... », convenait M. Gabrielly.

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« La crise sanitaire a malheureusement renforcé certaines inégalités dont la fracture numérique. Celle-ci a été particulièrement importante pour certains publics, comme ces enfants de l’ASE. C’est pourquoi nous leur avons donné la priorité, à travers notre partenariat étroit avec le CDEF », rappelait de son côté le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel. Durant le confinement, le Département avait par ailleurs déjà prêté une bonne partie des 15 000 tablettes de ses collèges à des familles jusqu’ici non équipées. Et 1800 cartes SIM, obtenues grâce au partenariat du Département avec Emmaüs Connect et l’intervention de la Fondation SFR, avaient déjà été offertes à des collégiens sans connexion.
Désireux de réduire au maximum la fracture numérique mise en évidence par la crise, Stéphane Troussel ne se satisfaisait cependant pas de la situation. « Avec d’autres, je plaide pour que les collèges puissent rouvrir dès que possible à des enfants qui étaient déjà en difficulté avant le confinement. Car cinq mois sans cadre éducatif signifierait pour eux prendre de grands risques (avec la période de vacances, ndlr) L’école à la maison, c’est bien, mais ça ne remplace pas l’école... Evidemment, il ne s’agit pas de faire rouvrir les 130 collèges, mais d’accueillir en petit nombre les enfants qui en ont besoin, comme cela s’est fait pour les enfants de soignants », insistait l’élu de Seine-Saint-Denis, qui a récemment réitéré avec son alter ego de Meurthe-et-Moselle sa demande de réouverture de collèges en zone rouge pour des publics prioritaires.

Christophe Lehousse
Photos : @Nicolas Moulard

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